Un changement de siècle comporte toujours quelque chose d'artificiel. De 1900 à 1914, la vie se poursuit, à quelques variantes près, comme elle s'est déroulée à la fin du siècle précédent. Au plan politique, le régime s'est consolidé. Les conquêtes coloniales se poursuivent et, à la veille de la première guerre mondiale, notre empire colonial a pris à peu près la forme qu'il conservera jusqu'à la décolonisation, suite et conséquence de la seconde guerre mondiale.
On a vu l'importance que revêtait le notariat dans le monde rural à la fin du 19ème siècle. Avec les lois sur l'école publique, l'instituteur devient à son tour un personnage de premier plan dans les villages. Il détient le savoir et sera l'un des principaux propagandistes de l'idéologie laïque et républicaine. Les écoles sont généralement, avec la mairie, les plus beaux édifices des villages. Ce sont, en quelque sorte, les deux piliers et les deux symboles de la République au niveau local. A Saint-Sandoux, la mairie est située juste au-dessus de l'école, dans le bâtiment édifié en 1866. Je devrais dire les écoles puisque, pendant un temps, il y eut deux écoles publiques dans le bourg, une pour les garçons et une pour les filles.
En cette période de transition politique, les rapports du maître d'école et du curé ne sont pas toujours cordiaux; le clergé est encore largement monarchiste et l'instituteur, emblème de la République laïque, prend progressivement le pas sur lui parmi les notabilités du village. En octobre 1904, une demoiselle Marie Coudert, pourvue d'un brevet de capacité, introduit une demande d'ouverture d'une école privée élémentaire de filles, au chef-lieu de la commune de Saint-Sandoux, conformément aux dispositions législatives et réglementaires de 1886; comme elle présente les titres et l'expérience requise, sa requête est agréée. La même année, au mois d'août, le Conseil municipal décide de procéder à une adjudication aux fins de livraison de vingt tables pour l'école des garçons; voici la description minutieuse qui est donnée de ces tables: "Elles seront à deux places, nouveau modèle, conformes et entièrement semblables à celles déjà existantes sauf la rainure de tête de la tablette qui sera faite en deux parties de manière que les encriers soient placés plus haut et les deux traverses du bas renforcées d'un centimètre en largeur et hauteur. Elles seront en bois blanc, excepté la tablette qui sera en bois dur, essence noyer, chêne ou fayard; elles seront examinées et reçues une fois confectionnées par le Conseil municipal qui sera seul juge."; c'est sur les bancs de ces tables que j'userai mon fond de culotte quarante ans plus tard!
En septembre 1906, pour assainir l'école
des filles et élargir la rue, le Conseil municipal décide
de demander à l'Administration supérieure l'autorisation
de démolir le mur septentrional du presbytère et d'affecter
une partie des locaux attribués au desservant de la paroisse au
logement de l'institutrice; le prêtre est accusé d'abuser
de son droit de jouissance de la cour du presbytère où il
plante des fleurs dont l'eau d'arrosage rend humide les murs de l'école
des filles; d'autre part, son logement, jadis destiné aussi à
son vicaire, est maintenant jugé trop grand. Le 13 décembre
1906, s'appuyant sur la loi du 9 décembre 1905, et sur l'inexistence
d'une Association cultuelle à Saint-Sandoux, le Conseil municipal
décide de retirer au desservant de la paroisse l'usage du presbytère,
acquis par la commune 84 ans plus tôt, pour l'affecter à des
services municipaux et pour y loger l'institutrice. Le curé finira
par être logé à côté de la métairie
du château, dans une maison appartenant aux châtelains qui
sera alors appelée La Cure. D'après le recensement de 1906,
30 enfants fréquentent l'école publique des filles et environ
25 l'école libre; on compte alors à Saint-Sandoux 18 garçons
et 25 filles de 2 à 5 ans et 39 garçons et 40 filles de 5
à 13 ans; "considérant qu'il est du devoir d'un Conseil
municipal républicain de faire tout son possible pour assurer la
fréquentation scolaire des écoles publiques, au détriment
des écoles libres," les édiles de la commune décident
à l'unanimité de demander la création d'une école
enfantine annexée à l'école publique des filles, pour
recevoir les enfants des deux sexes, projetant ainsi en quelque sorte la
réalisation d'une école maternelle.
Ces démêlés de la municipalité avec la
religion sont évidemment un écho assourdi de la lutte qui
oppose le pouvoir au clergé depuis la loi de séparation de
l'Église et de l'État, fondement de la laïcité
dans notre pays, en 1905. Souvenons-nous des querelles religieuses qui
agitèrent le village pendant la Révolution! Une
anecdote montre l'âpreté et la longévité de
ces oppositions. Jusqu'à 1920, le corbillard, après chaque
enterrement, était remisé à l'intérieur de
l'église afin qu'il ne puisse pas être utilisé pour
d'éventuelles inhumations civiles. Comme il ne passait pas par la
porte du haut, trop étroite, on le hissait par l'escalier de la
porte du bas. La guerre de 1914-1918 qui amalgama tout le monde atténua
ces rancunes, et le préfet rappela au maire que le corbillard était
un bien public!
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L'école laïque des Filles en 1908. Au centre, l'institutrice Mme Morel, tenant sa fille sur son bras. Pour un zoom, cliquez-moi | L'école laïque des garçons en 1912. En haut, l'instituteur, M. Desusclade. Pour un zoom, cliquez-moi |
A titre d'exemple, voici une chanson de
l'époque, "La Voix des Chênes"; vous pouvez l'écouter
en cliquant ici
et lire le texte en cliquant ici
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D'autres photos anciennes sont accessibles en cliquant ici |
Un titre d'emprunt russe quelque peu défraîchi |
Un roman d'Auguste Piallou, publié à Limoges, en 1972, Le docteur Alpaga, montre de manière pittoresque la faveur dont jouissait avant la Guerre de 14, auprès des gens de la montagne, le petit vin de Saint-Sandoux traître comme un chat : "Une grande partie des montagnards — comme on désignait les habitants des Monts Dômes et des Monts Dores — venait à l'arrière-saison, quelque temps après les vendanges, s'approvisionner en vins à Saint-Sandoux sans oublier le bousset. Le bousset était un mini-tonneau, comme un tonnelet de cantinière mais un peu plus grand, il pouvait contenir environ de deux à cinq litres de vin; il s'agissait d'apporter le bousset le plus grand possible, car il était rempli gratuitement par le vigneron. C'était en quelque sorte une prime. Une certaine animation régnait alors dans les rues de Saint-Sandoux; depuis un temps immémorial, des générations d'Auvergnats allaient au vin à Saint-Sandoux dans les mêmes familles de vignerons. Il s'y mêlait parfois un certain snobisme : avoir dans sa cave du vin de Saint-Sandoux était une référence; vous étiez de ce fait classé parmi les gens huppés; aussi nombreux étaient les acheteurs; il y avait une grande circulation dans la région où certaines routes et chemins n'étaient guère fréquentés qu'à cette époque. C'était la grande fête au village, les rues de Saint-Sandoux étaient encombrées de voitures et de chevaux, parfois des ânes, quelquefois des mulets; les interpellations fusaient de partout, surtout au passage de jeunes femmes, mais aussi parfois cette atmosphère de bonne humeur était troublée par des cris, des injures, des menaces proférées par des voix avinées; les montagnard avaient une solide réputation d'être particulièrement violents et querelleurs sous l'influence de ce bon vin de Saint-Sandoux que l'on disait traître, car il saoulait rapidement."
Après avoir souffert du phylloxéra,
le vignoble sandolien est en voie de reconstitution vers la fin de la première
décennie du 20ème siècle. Mais un autre fléau,
venu lui aussi, croit-on, d'Amérique, menace les vergers; il s'agit
du pou de San José, une sorte de cochenille originaire d'Asie; les
conseillers municipaux de Saint-Sandoux s'associent, dans une déclaration
du 17 juin 1904, aux demandes formulées auprès de ministre
de l'Agriculture afin que les importations de fruits en provenance des
zones à risque soient interdites tant qu'il n'existera pas de moyen
de s'assurer qu'ils ne sont pas contaminés. Cette intervention n'est
peut-être pas dépourvue de toute arrière pensée
protectionniste.
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Vestiges témoignant d'une activité humaine passée visibles en 2005 sur une pente du Puy |
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Le problème de l'approvisionnement en eau potable est récurrent et le restera jusque vers la fin du siècle. Les canalisations de terre cuite sont fragiles et enterrée trop peu profondément; elles deviennent poreuses ou se fendent; l'eau s'en échappe ou la pollution s'y mêle, notamment les purins en provenance des étables, écuries et porcheries, la rendant impropre à la consommation. Celle des fontaines se répand dans les rues, transformant celles-ci en patinoires par temps de gel. La municipalité ne manque pas d'ouvrage! En application d'une loi du 14 juillet 1905, elle est chargée d'établir la liste des vieillards bénéficiant d'une assistance; et cette liste est loin d'être négligeable. Un système de prise en charge des soins médicaux aux nécessiteux a également été créé et les édiles municipaux condamnent les agissements des médecins et pharmaciens qui en profitent pour pratiquer des tarifs estimés abusifs; un embryon de protection sociale a ainsi vu le jour et les problèmes de son financement surgissent déjà. Avant la Révolution, l'aide sociale était assurée par les religieux; à partir du 19ème siècle, elle tombe à la charge des communes tandis que se mettent en place progressivement des moyens d'épargne et de prévoyance au profit du monde du travail. Des travaux modifient la physionomie du village; la rue du Théron est élargie; une communication est ouverte entre cette voie et la rue des Barquets. Saint-Sandoux se transforme.
Le Conseil municipal se montre soucieux d'améliorer les communications vers l'extérieur d'un village resté à l'écart des grands axes. C'est ainsi que, dans l'hypothèse de l'ouverture d'une route entre Cournols et Champeix, il revendique le passage de celle-ci par Saint-Sandoux. En 1904, des conventions d'indemnisation sont passées avec les propriétaires qui cèdent une partie de leur terrain pour la construction de la route de Plauzat; en 1906, des noyers sont plantés dans un petit communal au bord de cette route en construction (voir ici), qui ne sera goudronnée que plus d'un demi siècle plus tard. Le 1er février 1911, le maire propose au Conseil municipal de demander à l'Administration compétente et au Conseil général la construction d'un tronçon de route pour relier directement Saint-Sandoux à la gare de Vic-le-Comte par la Sauvetat, afin de pallier aux préjudices commerciaux, agricoles et économiques, subis par la commune du fait de son éloignement des lieux de passage des voies ferrées. Le 31 mars de la même année, l'assemblée communale autorise le maire à prendre un arrêté fixant la vitesse maximale des voitures attelées, des cycles, des motocycles et des automobiles à 8 kilomètres/heure dans la traversée du village (On verra que cette vitesse sera portée à 18 kilomètres/heure entre les deux guerres mondiales). Le 17 mai 1911, le maire porte à la connaissance des conseillers municipaux le vote par le Conseil général d'un projet de tramways départementaux dont une ligne, relierait Tallende à Champeix par Plauzat; ce tracé favoriserait le canton de Veyre-Monton, déjà traversé par une ligne de chemin de fer, au détriment de celui de Saint-Amant-Tallende, qui resterait privé de tout moyen de communication rapide; il serait profondément injuste puisqu'il ne desservirait directement que la commune de Plauzat, et indirectement celle de la Sauvetat, lesquelles ne comptent pas plus de 1714 habitants, alors qu'un tracé via Saint-Amant, Saint-Saturnin, la Boule (Saint-Sandoux) et Ludesse profiterait à 3573 habitants, plus éloignés d'une gare de chemin de fer que ceux de Plauzat et de la Sauvetat, sans parler de l'intérêt des communes de la montagne (Olloix, Cournols, Aydat, le Vernet, Saulzet) que le tracé alternatif rapprocherait d'un moyen de transport rapide; ce tracé serait d'autant plus logique que les relations commerciales entre les communes du canton de Saint-Amant-Tallende et Champeix sont beaucoup plus importantes que celles de Plauzat avec Champeix et que nombre d'habitants du-dit canton se rendent aux marchés hebdomadaires de Champeix; en conséquence, le Conseil municipal est d'avis de prier le préfet de bien vouloir inviter le Conseil général à revoir le tracé de la ligne de tramway; la demande de la commune ayant été prise en considération, le 10 décembre 1911, le Conseil municipal émet un avis très favorable au projet de tramway Clermont-Champeix par Tallende, Saint-Amant, Saint-Saturnin et Ludesse, via la Boule (1 km de Saint-Sandoux) que le préfet lui a soumis; mais la guerre approche et ce projet ne sera jamais réalisé!
Le 20 mai 1906, le
maire soumet au Conseil municipal la proposition d'éclairage public
de la Compagnie électrique de la Grosne, section de Champeix; mais
ce n'est que le 29 mars 1910 qu'un accord est passé avec la Compagnie
du Gaz de Clermont pour l'éclairage électrique des rues,
des places et des bâtiments communaux; le 29 mai suivant, le Conseil
municipal décide de dégager les ressources nécessaires;
le projet se concrétise le 12 octobre 1910, date à laquelle,
pour la première fois, Saint-Sandoux bénéficie d'un
éclairage électrique public (un
document relatif à l'inauguration est accessible en
cliquant ici); l'entrée
dans les foyers de la fée Électricité sera évidemment
plus tardive et progressive.
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Une famille au début du 20ème siècle. Mon grand-père entre son père et sa mère. Derrière eux, le portail de la maison familiale. A droite, la maison, aujourd'hui démolie, de Rives-Amblard, alias "Gadan", le débardeur, avec des buies à la fenêtre; même en passant au galop sous cette fenêtre, on n'était jamais sûr d'échapper aux milliers de puces de toutes les couleurs que ce voisin peu commun ramenait des ports où il déchargeait des ballots en provenance du monde entier. Le chemin est ombragé de noisetiers et d'ors bénis (cytises). Enfant, je l'ai connu ainsi. |
Toute personne qui n'est pas du village est qualifiée d'étrangère. C'est le cas des épouses des Sandoliens nées à quelques kilomètres du bourg! C'est aussi celui du peillaro qui passe périodiquement ramasser les peaux de lapins pour la fourrure et les peilles* (vieux chiffons) afin d'alimenter les moulins à papier de la région d'Ambert. Parfois un étranger plus éloigné fait irruption dans la commune sous la forme d'un Hongrois montreur d'ours qui fait danser son animal, un anneau dans le nez, sur la place des Forts. L'apparition d'un fauve en liberté dans les environs du ruisseau du Valleix fut même un jour dénoncée. Battue faite, il s'avéra qu'il s'agissait d'un âne qu'un paysan affolé, et peut-être affligé d'un défaut de la vue, avait pris pour un monstre!
On ne fait pas beaucoup de frais pour s'habiller. On dit que le costume de mariage sert aussi à l'enterrement. Le numéraire reste peu abondant. A côté des billets, les pièces d'or, à l'effigie de Napoléon III, continuent d'être utilisées jusqu'à la guerre de 14-18. On les appelle toujours des louis dans le langage populaire, ce qui est significatif de la persistance des traditions. Ces pièces sont d'ailleurs encore aujourd'hui cotées en bourse, ce sont les napoléons. Les dimanches, on arbore sur le gilet la chaîne d'une belle montre en argent dont l'oignon ouvré est bien calée dans son gousset. Pour les grandes occasions, les hommes couvrent leur tête d'un chapeau melon. Les femmes portent la coiffe traditionnelle qui disparaîtra peu à peu au cours du siècle (voir plus haut la coiffe tuyautée de mon arrière grand-mère).
On se contente de joies simples. Bien manger et boire à satiété le vin du cru qui, les bonnes années, monte au delà de dix degrés et les autres n'est guère plus chargé en alcool que la bière. On le déguste, de cave en cave, dans des tasses d'argent décorées de motifs stylisés: encore un que les Prussiens n'auront pas! On ne conçoit pas de fête sans repas copieux et il faut peut-être voir dans cet attrait pour la nourriture le souvenir des disettes d'antan, comme si celles-ci étaient en quelque sorte inscrites dans nos gènes. Pour la génération de mes grands-parents, jeter du pain était un crime!
A la cigarette, on préfère souvent le tabac à priser ou à chiquer. Les hommes de l'époque laisseront de belles tabatières de corne qui ornent aujourd'hui les vitrines de leurs héritiers.
* D'après l'Encyclopédie de Diderot et
d'Alembert, le mot "peille" est un terme de papeterie qui signifie vieux
chiffons.
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Une tabatière à priser | Une tasse en argent ancienne |
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* Claude Arnaud - La Guerre de
1914-1918.
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L'inscription de la pierre tombale du buraliste Guillaume Brissolette | Une hache sortie de la forge des Mallet |
Les
en-têtes de mémoires de différents artisans du début
du 20ème siècle
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Exemple d'une gouttière de pierre toujours là rue du Théron |
Quelques prix relevés sur des mémoires
d'artisans de 1909 et 1910:
1 sac de chaux..................: 1,50 Frcs
Estimation de la valeur des biens d'une
exploitation agricole ressortant d'un contrat d'assurance de 1906:
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La plupart des autres prix sont à peu près les mêmes que lors de la période précédente; il semble même que certains objets sont moins chers. La journée de travail revient à environ 2 francs. On remarque néanmoins une journée de moisson à 3,5 fr., une pour arracher les ronces à 2 fr., une autre pour planter les maillots (jeunes plants de vigne) à 2,5 fr., une dernière enfin pour dresser les pignons (petites meules sur les éteules) à 1,75 fr. Un jour de lessive revient à un peu plus d'un franc. L'instituteur toise un champ pour 2 fr. Les rémunérations sont parfois payées partiellement en nature, souvent sous forme de bouteilles de vin, le litre étant compté pour 20 à 33 centimes (il se négocie de 10 à 40 centimes, suivant la qualité et aussi l'âge, le vin nouveau étant plus cher), mais aussi sous forme de saindoux (compté pour 35 centimes la livre).
Le prix de la nourriture n'a pratiquement pas
varié. La viande revient à 70 centimes la livre, le gigot
à 86 centimes la livre; on obtient deux pieds de veau pour 35 centimes;
en 1909, la livre de viande coûte 90 centimes, prix qui est encore
dans la fourchette de la période précédente. Le client
du boucher dispose d'une croche, comme le boulanger, sans que l'on sache
à quoi elle sert. Le pain coûte 20 centimes la livre (haut
de la fourchette de la période précédente). La douzaine
d'oeufs se paie de 70 à 80 centimes. Un litre d'eau-de-vie est vendu
1,5 fr.
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Voici les dépenses engagée en 1911 pour tuer le cochon: 18 livres de sel: 1,8 fr.; 15 centimes de poivre; 1 paquet de chicorée: 10 centimes; deux livres de fromage: 50 centimes; une livre de pain: 20 centimes; 50 centimes de pétrole; pour la mise à mort: 1 fr.; soit un total de 4,25 fr. Cette année là, un demi-litre d'huile coûte 50 centimes; un paquet de chicorée: 10 centimes (on vient de le voir); une demi-livre de macaronis: 20 centimes; une livre de sel: 10 centimes; 1 paquet de fécule: 30 centimes; un savon: 25 centimes; un cahier: 30 centimes; une demi-livre de riz: 15 centimes; un journal: 5 centimes et une livre de pain: 20 centimes.
Les dépenses de santé ne sont pas négligeables. On relève des frais de médecin de 10 fr. (1900) et de 35 fr. (1901) suivis de frais de pharmacie de 7,5 fr. (1900) et de 3 fr. (1901). Ces dépenses doivent peser d'autant plus lourd qu'il n'existe pas encore de couverture sociale sauf, on l'a vu plus haut, pour les indigents. On ne consulte donc certainement pas le docteur pour une bagatelle!
Une remarque s'impose: c'est à cette époque, le 5 avril 1910, qu'est promulguée la loi sur le régime des retraites ouvrières et paysannes, un des premiers grands système de retraite obligatoire en France qui restera en vigueur pendant une vingtaine d'années.
Enfin, dans le Figaro du mardi 25 février
1913, on peut lire les lignes suivantes: "Les obsèques
du baron du Couffour ont eu lieu samedi, à Saint-Sandoux (Puy-de-Dôme).
Le deuil était conduit par MM des Forest, comte Guy de Montaignac-Chauvance,
marquis du Buisson, M. H. du Ranquet, comte de la Chassaigne de Sereyx,
comte Le Groing de la Romagère, vicomte J. de Montaignac-Chauvance.
Les cordons du poêle étaient tenus par MM de Chalaniat, Teilhard
de Chardin, A. du Ranquet et A. des Forest." Le château de Travers
appartenait alors, rappelons-le, à Amable, Marie, "Denyse" de Riolz
et à son époux Marcel Pinet de Borde des Forest.
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