Au cours du 19ème siècle, le château de Travers passe aux mains de plusieurs familles, par suite du mariage des héritières, pour finir par échoir, entre les deux guerres mondiales, aux de Quatrebarbes. Au début de la restauration, il est la propriété d'Antoine-Etienne (ou François-Antoine), marquis de Montaignac de Lignières. Celui-ci meurt sans postérité en 1825, après avoir institué pour héritier le comte Alexandre de Montaignac de Chauvance (2 décembre 1769 - 2 mars 1848), issu d'une autre branche de la famille, chevalier de Saint-Louis, officier au régiment de Maine infanterie, chevalier de Malte, qui devient propriétaire des terres et châteaux de Saint-Sandoux, la Couture et Antraigues; Alexandre de Montaignac de Chauvance épouse Clarisse de Chaudeseigues de Châteauvieux; de ce mariage naissent six enfants dont Sidonie de Montaignac de Chauvance (1813-1904) qui épouse Alexandre de Malafosse du Couffour (1803-1858), baron du Couffour; de ce mariage naît Marie de Malafosse du Couffour qui épouse Louis Joseph Fernand de Riolz (1833-1887); de ce mariage naît Amable, Marie, "Denyse" de Riolz (1869-1915) laquelle épouse Marcel Pinet de Borde des Forest (1864-1953); de ce mariage naît, en 1905, Marie Pinet de Borde des Forest, doyenne de la commune de Saint-Sandoux en 2007; cette dernière épouse le comte Gonzague de Quatrebarbes (1906-1979), de ce mariage est issu François de Quatrebarbes (1932-2007); ce dernier, propriétaire du château, est décédé le 31 juillet 2007. Une grande croix en pierre de Volvic marque l'emplacement de la sépulture du Comte de Montaignac de Chauvance et du baron du Couffour, à proximité du monument aux morts; d'autres membres de la famille reposent dans un caveau situé le long du mur est du cimetière. On notera que Saint Amable, patron de Riom, qui chasse les bêtes venimeuses et le démon, un prêtre du 5ème siècle, fêté en juin et en octobre, serait issu de la famille de Chauvance dont plusieurs hommes portèrent le nom.
Louis Joseph Fernand de Riolz (1833-1887) était
né à Cotteuges. Son père, Julien de Riolz, avait été
maire de Mareughol. La famille de Riolz était apparentée
à la famille de Desaix de Veygoux (1768-1800), l'un des meilleurs
généraux de la République, le conquérant de
la Haute Egypte et son pacificateur, le Sultan Juste. Desaix obtint la
neutralité de son adversaire de la veille, Mourad Bey. Plus tard,
quand Kléber eut remplacé Bonaparte à la tête
de l'armée d'Egypte, le chef mamelouk s'engagea sous les drapeaux
français auxquels il resta fidèle jusqu'au bout. Desaix fut
également le véritable vainqueur de la bataille de Marengo
où il fut tué d'une balle en plein coeur. Des souvenirs et
les archives de la famille du général séjournèrent
ainsi à Saint-Sandoux jusqu'au 21ème siècle.
.
Saint-Sandoux
et Mr de Montaignac
chantés par un poète militaire en demi-solde retiré à Monton
Jacques Bernard, officier retiré - Landriot - Clermont-Ferrand - 1816 |
Le 4 octobre 1816, le marquis de Montaignac, "riche propriétaire de Saint-Sandoux, ancien émigré", est élu député du grand collège du Puy-de-Dôme, par 159 voix, 227 votants, 280 inscrits. Il siège au côté droit, et, en 1817, à propos de la discussion du budget, prend la parole pour déclarer qu'il partage l'opinion de M. de Bonald sur les Suisses. L'assemblée ayant voté l'impression de cette phrase de son discours, il est le seul à s'y opposer. Il quitte la vie politique en 1821 et meurt quatre ans plus tard. Son épouse lui survit jusqu'en 1832. Le marquis et la marquise sont inhumés dans l'église paroissiale, sous une simple dalle portant les dates de leurs décès. Une plaque de marbre, apposée sur un mur de l'édifice religieux rappelle leur générosité. Le tombeau et la plaque disparaîtront malheureusement lors de la rénovation ultérieure de l'église, à la suite, dit-on, d'un incendie. L'ancienne église romane du bourg aurait alors été reconstruite, sur les plans et sous la direction de Agis Ledru (Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettre et arts de Clermont-Ferrand).
En 1817, la marquise de Montaignac ressuscite la Société des Dames de la Charité, fondée par sa belle-mère en 1791, puis supprimée pendant la Révolution. Cette association, inspirée de Saint Vincent de Paul comptera une soixantaine de membres s'occupant des malades, des vieillards et des infirmes.
Le retour du pouvoir royal a restitué à la religion ses prérogatives d'antan. A Saint-Sandoux, le 20 janvier 1822, la commune acquiert un local destiné à devenir le presbytère où logeront le prêtre de la paroisse et son vicaire.
Dans la chapelle Notre-Dame de Bon Secours, au bas d'une image représentant Jésus Christ au tombeau, on peut lire l'inscription suivante, écrite à la main : Marie Dabert a mérité le second prix pour sa sagesse, sa docilité et son assiduité au catéchisme. Elle a été couronnée par Mme la marquise de Montagnac, à Saint-Sandoux, le 22 juin 1823.
En 1825, le marquis de Montaignac de Lignières, comte de Chauvance, héritier du précédent maquis de Montaignac, se rend propriétaire de l'hôtel qui deviendra plus tard le musée Blaise Pascal à Clermont-Ferrand.
Le douze octobre 1827, le juge de paix de Saint-Amant-Tallende, Toussaint Dominique Morin Pannetier, se rend à Saint-Sandoux afin d'examiner la proposition du Conseil municipal de déplacer le cimetière et de recueillir sur le sujet les avis des uns et des autres. Il procède à une visite du cimetière, situé presque au centre du village, ouvert aux vents du nord, du midi et du couchant, et contigu à la maison presbytériale au couchant. Il observe que les miasmes délétère qui s'en dégagent peuvent propager dans Saint-Sandoux des maladies dangereuses. Il note que le cimetière est déjà saturé, qu'il n'est pas assez grand pour une population de 1400 à 1500 habitants et qu'il n'est susceptible d'aucune espèce d'accroissement. Le fossoyeur, en train de creuser une fosse, confirme qu'il doit entasser les cadavres les uns sur les autres. Les tombes sont ouvertes si fréquemment, que les corps enterrés précédemment n'y sont pas toujours décomposés. Le juge de paix se rend ensuite avec le maire, sur le terrain situé, au levant, à quatre vingt toises environ du village, destiné à recevoir le nouveau cimetière. Ce terrain d'au moins trois cents toises paraît mieux adapté que le cimetière actuel. Sa superficie permettrait de n'ouvrir une fosse que tous les sept ou huit ans, ce qui éviterait le triste et dégoûtant spectacle des lambeaux de chair sortis de terre.Il est bien aéré et il mettrait le village à l'abri des exhalaisons nuisibles. Réunis à la salle de la maison commune, des habitants de Saint-Sandoux se montrent unanimes pour effectuer la translation du cimetière. Cette translation est d'autant plus désirée que l'on a vu parfois ruisseler dans la rue le sang des cadavres déposés trop près du mur de cloture, ce qui fatigait l'oeil et attristait l'âme (Source: document communiqué par Claude Arnaud ).
En février-mars 1828, une ordonnance
royale de Charles X, autorise la création d'une congrégation
de soeurs hospitalières de la Miséricorde à Saint-Sandoux;
la maison-mère de cette congrégation est située à
Billom (Collection complète des lois,
décrets, ordonnances, règlements...).
Les religieuses furent logées auprès de la chapelle de la
Fontille. Un local qui jouxtera plus tard l'école libre leur servait
de pharmacie où elles entreposaient les médicaments dont
elles se servaient pour prodiguer leurs soins aux habitants du village.
Dans les allées du cimetière, on peut encore voir, sur des
pierres tombales, le nom de mère Marie Françoise, supérieure
de ces religieuses, décédée en 1890, ainsi que celui
de soeur Marie Juilhard, décédée en 1876. Il y aurait
encore eu une religieuse à Saint-Sandoux à la veille de la
guerre de 14-18.
.
En 1836, Antoine-François Magaud, lieutenant de vaisseau en retraite, administrateur des hospices de Clermont, né en 1801 à Saint-Sandoux, change de nom (Dictionnaire des familles qui ont fait modifier leurs noms depuis 1803 jusqu'en 1865 - H. Delaroque - Paris - 1877). Ennobli par ordonnance royale du 23 juin, il s'appellera désormais Magaud-d'Aubusson. Issu d'une famille bourgeoise qui compta un châtelain de Saint-Amant-Tallende (1698), il aura pour fils Louis Magaud d'Aubusson (1847-1917), né le 11 mai 1847 à Clermont-Ferrand, docteur en droit, ornithologue réputé, qui succèdera à son père comme maire de Saint-Bonnet-Près-Orcival, en 1872, et héritera du château de Polagnat, situé sur cette commune (Le Gonfanon, N°79/2013).
En 1843, Marguerite Morel, veuve de François
Monestier, lègue la terre où est située la chapelle
Notre-Dame des Prés, ainsi que 50 francs pour faire réparer
la-dite chapelle, à Marguerite Bernard, épouse de Blaise
Brionnet. L'entretien de la chapelle sera à la charge des nouveaux
propriétaires, la famille Brionnet; ils s'engagent à en permettre
l'accès aux Sandoliens pour accomplir leurs dévotions.
.
Une guérite
des fausses ruines à la fin
du 20ème siècle |
Le 24 mai 1853, à neuf heures du soir,
François Chabrol, berger, âgé de 68 ans, époux
de Marguerite Bernard s'est précipité en tombant du puy dans
le Creux de Loule où il a été retrouvé mort
le lendemain vers 5 heures du matin par Claude Guittard, âgé
de 66 ans, cultivateur, et Guillaume Brissolette, garde-champêtre,
âgée de 33 ans. Ces derniers ont déclaré le
décès accidentel le lendemain, 25 mai, à 6 heures
du matin à la mairie, devant le maire François Mauliat. Il
aurait chuté en essayant de ramener un mouton. Il est possible qu'il
ait glissé car un orage s'abattait sur le site. Ce berger était
très apprécié par la population et c'est pourquoi
de nombreux propriétaires décidèrent de faire élever
une nouvelle croix pour honorer son souvenir (Source:
document communiqué par Claude Arnaud ).
On notera qu'à cette époque, et même beaucoup plus
tard, la côte du Telly n'était pas boisée. Quant à
la date d'édification de la croix, elle n'est pas précisée,
mais on ne la voit pas sur une carte postale de 1909.
.
Les vestiges du théâtre de verdure en octobre 2009 |
Le hameau de Saint-Georges est encore habité et, toujours vers le milieu du siècle, un dernier enfant y voit le jour. C'est un Courtial.
A titre d'anecdotes, signalons que, dans son ouvrage "La Maison Blanche", le romancier populaire Paul de Kock (1791-1871) a choisi Saint-Sandoux comme cadre d'une naissance clandestine. On trouve aussi un écho de la butte de Saint-Sandoux dans "La chanson de Jeanne et Nicolas", de Lesguillon, qui met en scène la famille de Saint-Saturnin (La Chanson illustrée - 1869). Enfin, Exupère Limoneux, commis de deuxième classe des Poids et Mesures de Saint-Sandoux, est le héros d'un article humoristique de Robert Francheville (Le Pêle-Mêle - 26/3/1911 - Deuxième page).
Cet intermède littéraire terminé, passons à un fait divers tragique. Le 4 août 1896, à Saint-Sandoux, une vieille fille de 79 ans, Marie Magaud, est assassinée, dans sa maison, entre seize et dix-sept heures. Le crime est découvert par des voisins qui, vers dix-huit heures, étonnés de ne pas la voir sortir, comme elle en avait l'habitude, pénètrent dans sa chambre. La malheureuse a été étranglée. Son visage est couvert du sang qui a coulé par son nez et par sa bouche; ses yeux ont gardé une expression terrifiante; elle est couchée sur le dos, les jambes nues, presque entièrement écartées, les bras repliés vers la poitrine, comme si elle avait eu, avant de mourir, un geste désespéré, et avait voulu joindre ses mains pour implorer son meurtrier en un geste de suprême objurgation. Le parquet de Clermont se transporte sur les lieux du crime dont le mobile est clairement établi: c'est le vol. En effet, les enquêteurs constatent que l'assassin a emporté des pièces d'or, des obligations au porteur et des titres de rente, en tout pour une douzaine de milliers de francs. Le 11 septembre, Hippolyte Magaud, neveu de la victime, est arrêté. Malgré les accusations de plusieurs témoins, le suspect refuse avec fermeté de reconnaître sa culpabilité. Le parquet estime cependant les charges suffisantes et le renvoie devant la Chambre des mises en accusation sous l'inculpation d'assassinat. Les magistrats de la Cour, estimant que les preuves formelles font défaut, rendent pourtant une ordonnance de non-lieu qui entraîne la mise en liberté du prévenu. Une dizaine d'années plus tard, l'abbé Belin, desservant de Saint-Amant-Tallende, se présente à la succursale de la Société Générale de Clermont, pour y vendre des obligations et des titres de rente dont les coupons n'ont pas été touchés depuis longtemps. Ces titres sont frappés d'opposition; ce sont ceux qui ont été volés à Marie Magaud. L'abbé Belin est interrogé; il explique les avoir trouvés, au mois de mai précédent, sur la statue de Saint-Antoine de Padoue, dans l'église de Saint-Amant-Tallende, avec un papier portant cette précision: "A M. le curé pour ses oeuvres." Ce rebondissement de l'affaire Magaud donne l'occasion aux anticléricaux de dauber sur les turpitudes des prêtres et sur la robustesse du dos de Saint Antoine, un an après la séparation de l'Église et de l'État (Le Libre Penseur du Centre - 26 août 1906).
De la chute de Napoléon Ier jusqu'à la guerre de 1870, qui voit l'avènement de l'empire allemand, sous l'égide de la Prusse, s'élever au détriment de la puissance française, amputée de l'Alsace et de la Lorraine, plusieurs régimes politiques se succèdent. La branche aînée des Bourbons doit céder en 1830 la couronne à la branche cadette des Orléans en la personne de Louis-Philippe Ier, non plus roi de France, mais roi des Français. Ce dernier est renversé à son tour par la révolution de 1848 qui instaure l'éphémère seconde république, dont la constitution s'inspirait peu judicieusement de celle des États-Unis d'Amérique. Un neveu de Napoléon Ier, le prince Louis-Napoléon, est élu président et, en décembre 1852, un coup d'État restaure l'Empire à son profit. Le nouvel empereur, Napoléon III, avait promis la paix. Son règne ne sera qu'une longue suite de guerres qui s'achèvera par le désastre de Sedan. On trouve quelques échos affaiblis de ces conflits dans les délibérations du Conseil municipal lequel fournit les attestations de soutien de famille aux enfants des militaires tués ou blessés en Italie ou en Crimée, afin de leur permettre d'échapper au service militaire. En 1870, les armées prussiennes envahissent la France. Une révolution éclate à Paris le 4 septembre. La république est proclamée. Cette fois, après bien des hésitations, elle va s'installer durablement. Mais, en attendant, la patrie est menacée; les mânes de ses illustres défenseurs sont invoquées; une souscription est lancée par les Auvergnats de Paris pour offrir à la Défense nationale deux canons dont l'un portera le nom de Vercingétorix; deux Parisiens originaires de Saint-Sandoux apportent leur obole, les dénommés Mars et Rives. Un rapport de la Société de secours aux blessés nous apprend aussi qu'un enfant du village, Jacques Condat, né en 1848, soldat au 3ème zouaves, a été touché par des éclats d'obus à l'épaule gauche et au sacrum, au cours de la bataille de Froeschwiller, et qu'il en reste ankylosé (voir ici).
En 1866 sous le second empire, le bâtiment
qui abritera l'école publique et la mairie est construit sur la
place, pendant le mandat du maire Mauliat. L'école est pourvue d'une
cloche pour appeler les élèves. Cette cloche était
encore en place lorsque je fréquentais l'établissement, mais
elle n'était plus utilisée. Elle a disparu au cours du 20ème
siècle et il n'en reste plus que la potence à laquelle elle
était suspendue. On a vu que les petits sandoliens pouvaient déjà
apprendre à lire et à écrire et peut-être aussi
à compter vers la fin de l'Ancien Régime. La Révolution,
Napoléon 1er, puis Louis-Philippe (loi Guizot) s'efforcèrent
de développer l'enseignement primaire sous l'égide de l'État
quitte à s'appuyer, si nécessaire, sur le clergé.
Mais tous les régimes se montraient conscients de l'influence politique
que l'enseignement était susceptible d'exercer. Aussi, dès
les débuts du 19ème siècle, l'école devint-elle
l'otage de la lutte qui opposa les tenants du conservatisme, attachés
à l'enseignement religieux privé, aux partisans des idées
nouvelles, favorables à l'enseignement public laïc. Les différentes
législations qui se succédèrent témoignent
de ce débat qui s'est prolongé jusqu'à nos jours.
Au début du règne de Louis-Philippe, Guizot jette les bases
de l'enseignement primaire pour les garçons. Les filles sont ignorées
car le ministre reconnaît son manque de compétence en la matière;
lorsqu'il existe des écoles pour elles, ces écoles sont généralement
tenues par des religieuses qui n'ont pas toujours la formation requise
pour enseigner; les filles ne sont généralement pas mélangées
avec les garçons, pour des raisons de décence, mais aussi
parce que les rôles respectifs de l'homme et de la femme dans la
société sont nettement différenciés; à
lui revient de ramener à la maison de quoi faire bouillir la marmite,
à elle d'élever les enfants dans le droit chemin et de préserver
l'intégrité du foyer familial; cette séparation, malgré
les deux guerres mondiales, qui favoriseront l'insertion des femmes dans
le monde professionnel, demeurera peu ou prou vivace jusqu'au milieu du
20ème siècle. La loi prévoit l'implication du curé
dans l'enseignement primaire afin d'éviter la rivalité entre
école publique et école privée. Cet enseignement n'est
gratuit que pour les enfants des familles les moins fortunées. Il
n'est pas obligatoire et l'on peut donc supposer que, dans les campagnes,
pendant la belle saison, les travaux des champs éloignent de l'école
une partie des enfants en âge de la fréquenter. Au début
du second empire, l'instituteur public, lorsqu'il y en a un, est encore
placé sous l'étroite tutelle du curé de la paroisse,
mais il s'en émancipe peu à peu. Entre 1879 et 1883, les
républicains triomphants instituent enfin par étapes l'école
primaire laïque, républicaine, gratuite et obligatoire (lois
Jules Ferry), le caractère obligatoire impliquant naturellement
la gratuité.
.
Une canne-épée: la lame se dissimulait dans un fourreau de bois qui prolongeait la poignée sculptée. Cet accessoire a disparu, brisé par les enfants |
* François Gauthier fut guidé vers la vie de missionnaire par une apparition qui s'offrit à ses yeux alors qu'il travaillait une vigne, d'après des renseignements provenant de sa famille.
Ces événements doivent paraître
bien lointain aux jeunes gens d'aujourd'hui. Qu'ils se détrompent.
Ils étaient familiers aux générations précédentes.
Pendant la seconde guerre mondiale, on pouvait encore croiser dans Saint-Sandoux
de vieilles femmes, tout de noir vêtues, qui se souvenaient de la
guerre de 1870, celle de leur enfance, et pour qui les Allemands étaient
toujours des Prussiens. A la Libération, en 1944, la clique des
clairons était conduite par un vieil homme, Hélias, qui avait
participé à la conquête du Tonkin.
Types d'Auvergnats du 19ème siècle - Bibliothèque Nationale |
* Je me souviens avoir
vu autrefois dans une maison du village une horloge ancienne dont le cadran
blanc portait en lettres noires la marque du fabricant : Maugue, horloger
à Saint-Sandoux.
.
Évolution démographique: Au cours du 19ème siècle, la population de Saint-Sandoux commence à décroître. Elle passe de 1584 habitants en 1806 à 1379 en 1820, 1012 en 1876 et 1878, 994 en 1881 et 1883, 1037 en 1891, 1893 et 1895 et, enfin, 1026 en 1896. On notera la forte hémorragie qui intervient entre 1806 et 1820 (205 habitants de moins, soit une perte de 14 à 15 unités par an!), c'est-à-dire pendant la période qui couvre la majeure partie de l'Empire et les premières années de la Restauration. Quelles sont les causes d'un tel déficit? Les interminables guerres, la baisse de natalité qu'elles induisent, les événements politiques, des épidémies...? Entre 1820 et 1876 (Restauration, Louis-Philippe, Napoléon III), le recul est moins net (367 personnes, soit une perte de 6 à 7 unités par an); sans doute commence-t-on à assister à un baisse de la natalité. Pendant le dernier quart du siècle, la population tend au contraire à se stabiliser un peu au-dessus de 1000 habitants (14 habitants de plus entre 1876 et 1896, soit un gain de moins d'une unité par an). Cette stabilisation coïncide avec l'avènement de la Troisième République qui inaugure une ère de paix civile favorable à la prospérité économique et sociale d'un monde rural dans lequel se développe un fort esprit de revanche contre la défaite de 1870. Le nombre d'enfants qui fréquentent l'école communale des garçons devient si élevé (60) que l'instituteur ne suffit plus à la tâche et que le Conseil municipal demande la création d'un poste d'instituteur-adjoint. Au cours du siècle, l'espérance de vie moyenne de la population française ne cesse de croître pour approcher de la cinquantaine (sauf en 1870 où elle rechute à la trentaine). |
Règlement des bans des
vendanges
L'an mil huit cent soixante deux le Conseil municipal de la Commune de Saint-Sandoux, canton de Saint-Amant-Tallende département du Puy-de-Dôme étant réuni en la salle de la mairie, lieu ordinaire de ces séances pour fixer l'ouverture des règlements des bans des vendanges conformément à la loi du six octobre 1791 après avoir délibéré le Conseil municipal est d'avis de régler les bans des vendanges de la manière qui suit Article 1er- le mercredi 8 octobre sera vendangé Pissara et Bachol donné par la section de Tallende Article 2 - le jeudi 9 octobre sera vendangé tout le Grand Pan Article 3 - le vendredi 10 octobre sera vendangé le Bournezet donné par la commune de Plauzat Article 4 - le samedi 11 octobre sera vendangé tout Courziliat et Cotefrenot Article 5 - le lundi 13 octobre il sera vendangé tout le restant à volonté il est exprésemment défendu aux
grapilleurs, bergers et bergerons (?) et autres de s'introduire dans les
vignes chaprières* et prés vergers avant que l'autorité
locale leur en donne avis ceux qui serons pris en contravention serons
punis conformément à la loi; fait et délibéré
en mairie de Saint-Sandoux les jours, mois et an que dessus.
|
Une maquette du "Pourquoi Pas" de Charcot |
Fer à repasser, chenets pour recevoir les bûches dans la cheminée, soufflet pour attiser le feu | Chaufferette que l'on remplissait de braises pour se chauffer les pieds en hiver |
Bougeoir, quinquet à huile, lampe à pétrole | Une padelle à griller les châtaignes |
Comme le travail des champs était essentiellement
manuel, les outils: fessous (binette), boucauds, bêches, haches,
fléaux pour battre le grain, faux, râteaux pour ramasser les
foins, fourches pour les tourner, cueille-fruits ou "badayo" faits
d'une gaule fendue en quatre... restaient, sauf les faux, rudimentaires
et faciles à fabriquer. Ceux qui étaient en fer provenaient
souvent de l'atelier du forgeron. Si j'en crois les dires de mon aïeul,
cet artisan remplissait également le rôle d'arracheur de dents.
Il attachait la dent douloureuse avec un mince fil de fer, faisait chauffer
un fer au feu, puis le présentait sous le nez de son patient. Ce
dernier reculait brusquement et la dent extraite brutalement suivait le
fil, tenu d'une main ferme par le dentiste improvisé, ou bien le
nez était brûlé! Bien des traits de cette économie
rudimentaire subsisteront jusqu'à la seconde guerre mondiale.
.
Un berger et son troupeau | Un attelage de vaches |
En guise de conclusion à cette page, voici maintenant quelques événements notables de cette époque:
Par délibération du Conseil municipal en date du 27 août 1871, une compagnie de sapeurs-pompiers est créée à Saint-Sandoux. On peut accéder à cette délibération en cliquant ici.
En 1872, à l'initiative du curé Rodde, est reprise la tradition, interrompue à la Révolution, de la cérémonie de transfert en procession de la statue de la Visitation de la Chapelle Notre-Dame des Prés jusqu'à l'église, pour la fête du village, le samedi soir qui précède le premier dimanche à compter du 2 juillet. La Vierge reste une semaine dans l'église avant d'être ramenée à la chapelle.
En 1874, le Conseil municipal, considérant que la commune de Saint-Sandoux est l'une des plus imposées de France; que l'état de ses chemins, longtemps négligé faute de ressources, est si déplorable que leur réparation obérera pendant des années le budget communal; que les moyens de la commune sont dans un état de pénurie totale et qu'un emprunt de 15000 francs qu'elle vient d'obtenir constituera une charge importante pendant plusieurs années, estime que la commune ne saurait participer à la réfection de l'église et de son clocher. Il observe qu'une souscription réalisée, jointe à la somme précédemment en possession de la fabrique, rend cette dernière détentrice d'un montant de 27000 francs, selon les déclarations du Conseil de la-dite fabrique. En conséquence, le Conseil municipal décide à l'unanimité que la commune ne contribuera en rien aux réparations de l'église et qu'il y a lieu de demander à l'État un secours pour le surplus de la dépense occasionné par ces travaux. L'État ayant accordé une subvention de six mille francs, une autre délibération du Conseil municipal enjoint à la fabrique d'utiliser les ressources à sa disposition dans les meilleurs délais, pour refaire le clocher, dans le respect des exigences du Conseil municipal. Les autres projets, portant en particulier sur les voûtes de l'église, sont renvoyés jusqu'au moment où la fabrique sera en mesure de justifier avoir les ressources nécessaires, tant pour les dépenses prévues qu'imprévues; ils ne pourront être entrepris qu'après nouvel avis du Conseil municipal. L'attribution des travaux s'effectuera par voie d'adjudication.
En 1875, le 12 décembre, le Conseil municipal se réunit pour prendre la décision d'adresser au préfet une demande de création d'un nouveau bureau de Poste dans le canton. Il n'en existe en effet qu'un seul, à Saint-Amant Tallende, lequel dessert mal Saint-Sandoux et les autres communes du canton, surtout les plus éloignées, situées dans la montagne et difficilement accessibles en hiver. La commune de Saint-Sandoux se porte candidate pour l'ouverture de ce second bureau, comme étant la plus imposée, la plus commerçante et la plus peuplée du canton, et aussi la mieux placée, à 7 km de la gare des Martres et à 20 km de Clermont-Ferrand (par le plateau de la Serre). La création du bureau de Poste à Saint-Sandoux réduirait de 8 km, aller retour, la distance pour se rendre dans les communes les plus distantes et rendrait la tournée du facteur moins pénible; il accomplit en effet actuellement, pour desservir le village, le trajet suivant: de Saint-Amant à Olloix (11 km), d'Olloix à Riberolles (3 km), de Riberolles au moulin de Chabannes et à Chabannes (4 km), de Chabannes à Randol (3 km), de Randol à Granchamp (8 km), de Grandchamp à Saint-Sandoux (11 km), de Saint-Sandoux au château (2 km, aller-retour). Malgré l'appui du Conseil général, la requête d'ouverture d'un bureau de Poste à Saint-Sandoux est laissée sans suite par l'Administration. Cette carence motive plusieurs rappels de la commune, laquelle s'impatiente et observe que le facteur, en dépit de son indéniable dévouement, se trouve dans l'incapacité d'accomplir la tâche qu'on lui impose dans des délais raisonnables, ce qui lèse les intérêts des habitants, dont plusieurs sont abonnés à des journaux, qu'ils reçoivent avec beaucoup de retard. Enfin, le 24 octobre 1892, le directeur des Postes et Télégraphes (on ne parle pas encore de téléphone) reconnaît l'urgence d'ouvrir un nouveau bureau dans le canton, celui de Saint-Amant s'avérant notoirement insuffisant. Il admet que Saint-Sandoux, est la résidence de négociants ou commerçants, que les denrées agricoles qui s'y produisent: vins, fruits, céréales, légumes... donnent à ce bourg une grande importance et que les occasions d'échange de courrier s'en trouvent multipliées. Il ajoute enfin que cette commune est la mieux placée pour desservir les communes voisines et, qu'en conséquence, c'est elle qui devrait accueillir le nouveau bureau. Le 12 décembre suivant, après lecture par le maire de cette lettre, le Conseil municipal émet à l'unanimité le voeu qu'un bureau de Poste soit rapidement créé à Saint-Sandoux.
En 1884, une société de musique est créée à Saint-Sandoux. Elle va former et exercer plusieurs musiciens, soumis à une discipline stricte, qui vont bientôt s'illustrer et qui, en attendant, animeront les fêtes du village jusqu'après la Seconde Guerre mondiale .
En 1889, à l'occasion du 1er janvier, le sieur Juilhard, agriculteur à Saint-Sandoux, reçoit la décoration de chevalier du Mérite agricole (Gazette du Village).
En 1893 est publié à Clermont-Ferrand,
par le pensionnat des Ecoles chrétiennes, un ouvrage sur Les
diatonnées d'Auvergne où
la présence de plusieurs variétés de ces bacillariophyta
est signalée dans l'étang du Puy de Saint-Sandoux. Il s'agit
bien évidemment du lac. Les diatomées sont des microalgues
unicellulaires planctoniques présentes dans tous les milieux aquatiques,
avec une préférence pour les eaux froides. Elles sont enveloppées
par un squelette externe siliceux et peuvent vivre isolées ou en
colonie, être libres ou fixées.
En 1894, une trombe d'eau inonde le village.
Cet incident mémorable est relaté dans le journal de classe
en 1949* dans les termes ci-après:
Ma grand-mère se souvient d'une trombe
qui s'est abattue sur Saint-Sandoux en 1894. Elle avait douze ans. C'était
le 19 mai. Elle gardait sa vache, sa chèvre et ses deux ou trois
moutons.
Des coups de tonnerre très violents éclatèrent. Elle attendit un peu. La pluie tombait à torrents. Son frère Jules vint la chercher. Ils passèrent au pied du Puy. Derrière eux, dans un bruit effrayant, des rochers, des arbres cassés, des décombres, entraînés par l'eau sur la pente de la colline, creusaient des tranchées, coupaient les chemins. C'était difficile de marcher dans l'eau boueuse. Les bêtes affolées couraient devant eux. Les grêlons, gros comme des noix, perçaient la toile de leurs parapluies. Enfin, voici le village. Les femmes chassaient l'eau des maisons avec leurs balais. Les hommes sortaient l'eau des caves avec des seaux. Plus bas, dans la plaine vers Polagnat, on aurait dit un lac. Michel Robert
- 12 ans-
|
En décembre 1895, à l'occasion
d'une mission, la croix du Théron
est érigée, Imbert étant curé et Nicolas maire,
comme l'atteste l'inscription gravée sur le socle. Enfin, une vieille
pierre tombale du cimetière nous apprend que naquit à Saint-Sandoux,
le 12 septembre 1803, c'est-à-dire sous Napoléon Ier, Joseph
Richard, chanoine titulaire de la cathédrale de Clermont et bienfaiteur
de la paroisse, où il fut inhumé, après son décès,
survenu le 15 mai 1875, sous la Troisième République.
.
En 1823, la fontaine du Marmelet, à la Fontille, fait à nouveau parler d'elle. Le préfet doit contraindre les propriétaires des arbres dont les racines détournent l'eau à les arracher à leurs frais.
Entre 1843 et 1850 fut construite la fontaine de l'Oradou. La date est imprécise mais l'on sait qu'elle était en service en 1850 et que le maire s'appelait Mège à l'époque de sa construction, comme le précise une inscription de son fronton. Or deux Mège furent maires de Saint-Sandoux: Michel en 1843-1846, Antoine en 1846-1847 et 1849-1852. Oradou est un nom occitan qui signifie Oratoire. Cette fontaine serait donc probablement située à l'emplacement d'un ancien lieu sacré et la croix qui la domine pourrait être un rappel de cette origine. Le 25 mai 1856, le conseil municipal décide de faire réparer le canal de la fontaine endommagé afin que le trop plein s'y écoule sans difficulté, le déversement à même la rue d'une eau qui gèle en hiver causant de fréquents accidents. Une bouche d'incendie sera adjointe à la fontaine en 1926.
En 1856, nouveau problème avec la fontaine du Marmelet. Des éboulements provoqués par des trombes d'eau endommagent son alimentation en eau et nécessitent plusieurs mois de travaux.
En 1875, sous l'administration du maire Martin Courtial, une fontaine en pierres de Volvic est édifiée, à l'angle de la rue de Saint-Roch et du chemin du Puy, par le maçon Paquet, comme le rappelle l'inscription portée au fronton de la construction. Son bac servira jusque après la seconde guerre mondiale de lavoir et d'abreuvoir aux animaux. La commune étant impécunieuse, ce sont les habitants du village futurs utilisateurs de la fontaine qui exécutent les travaux en prenant sur leurs prestations (survivances de la corvée). Ils effectuent les fouilles, utilisent les tuyaux en poterie déjà existants, et recouvrent les conduites depuis la source de la Cheire. L'inscription sur le bac: "JE SUIS LA PAR LA VOLONTE DES HABITANTS DU QUARTIER" rappelle l'origine citoyenne de cette fontaine.
Le 28 février 1877, le conseil municipal constate que les habitants du quartier des Fossés (probable allusion aux anciennes douves du château), le plus populeux du village, sont dépourvus d'eau et se trouvent éloignés des fontaines existantes. Ceux-ci ont effectués une souscription importante et ont demandé que les deux tiers de leurs journées de prestations soient employées aux fouilles et recouvrement des tuyaux de la conduite et au transport de la pierre. La commune n'aura ainsi à engager aucune dépense. Une réclamation voisine avait été déjà formulée, pour la construction de deux fontaines, en 1844. Cette fois, elle est prise en considération et la nouvelle fontaine est édifiée à l'emplacement d'un jardin.
La fontaine des Orneufs est érigée en 1879. Orneufs signifie jardins. Là encore, ce sont les habitants du quartiers qui réaliseront les travaux. Cette fontaine, outre les divers usages habituels déjà cités, servira également à l'arrosage des nombreux jardins environnants.
Toujours en 1879, le 10 août, le conseil municipal déclare qu'il y a urgence à construire une nouvelle fontaine au Pédats, à l'angle de la Côte Léon, car la population est importante et les troupeaux ont augmenté. Les habitants du quartier ont participé à une souscription qui permet la réalisation des travaux de canalisation en échange de l'abandon de l'eau du trop-plein pour leurs usages domestiques ils ont creusé jusqu'à quatre mètres de profondeur, où ils ont trouvé l'eau et une couche de glaise. Après quoi, ils ont remis la rue en bon état. Cette fontaine a la particularité d'être enfoncée dans une sorte de grotte peu profonde. Le mot Pédats vient du latin "peda", vestige et empreinte de pied, ce qui laisse supposer que la quartier pourrait avoir une origine gallo-romaine comme on l'a déjà remarqué plus haut.
Le 15 mai 1881, le conseil municipal constate que l'école des garçons se trouve dépourvue d'eau, ce qui présente un inconvénient majeur pour l'instituteur qui contrôle, lors de l'entrée en classe, la propreté des mais des élèves. Celle-ci laissant souvent à désirer, il est quotidiennement amener à envoyer plusieurs d'entre eux se débarbouiller et se laver les mains à une fontaine éloignée, ce qui cause du désordre et une perte de temps pour les autres. Il est donc décidé d'élever une fontaine à l'extérieur de la cour de l'école, contre le mur qui l'enclos, avec un robinet dans la cour. Cette fontaine, en forme de grotte tapissée intérieurement de moellons apparents, est mise en eau le 15 avril 1882. Elle sera utilisée par l'école mais aussi par les habitants du voisinage.
Cette construction sera la dernière avant celle du château d'eau au siècle suivant. Cependant, des initiatives individuelles auront encore lieu pour rapprocher le précieux liquide de ses consommateurs, opération périlleuse lorsque le sol est gelé et que la fontaine est loin. C'est ainsi qu'une borne fontaine sera érigée par ma famille et leurs voisins, à leurs fais, à l'angle nord-ouest de la rue des Fontes et de la rue de la Cheire, à la fin du 19ème siècle ou au début du 20ème siècle. Devenue sans objet après les années 1950, l'eau étant désormais amenée jusqu'aux éviers des maisons, elle disparaîtra du paysage au milieu du 20ème siècle. Les fontaines dont on a rappelé plus haut la construction ne sont pas les seules qui existent sur le territoire de notre village. Il ne faut pas oublier plusieurs fontaines privées. Citons celles du château de Travers et celle dite de Sidoine, située tout en haut du village. Il existait également des fontaines réparties au milieu des champs. J'en ai connu au moins trois: une au-dessus de la route de Plauzat, en allant vers Valaison, une autre au milieu d'un bosquet de peupliers, sur le chemin du Grand Pan, et une autre encore sur la route de Saint-Saturnin, en dessous du carrefour de La Boule. Ces fontaines rendaient de grands services pour les traitements des vignobles et des vergers avant l'arrivée des tracteurs. Signalons enfin, pour en terminer avec les fontaines, que celles du Marmelet et des Pédats ont été sérieusement réduites pour élargir les voies qui les longeaient.
Vers la fin du siècle, la chapelle de Saint-Georges était toujours debout puisque le promeneur Bielawski, déjà cité, la rencontra en venant du Liodieu (Lieu-dieu), tout proche, pour se rendre à Saint-Sandoux. D'après une autre source, une croix se dressait également dans ce hameau.
Voir les photos sur les fontaines ici
.
Liste des notaires de Saint-Sandoux de
la Révolution au 20ème siècle d'après des papiers
de famille
Sous la Révolution, l'Empire et
la Restauration: Antoine Girard (an IX*-1821)
et François Tourres (?)**
On note la présence d'un autre notaire antérieurement à la Révolution, sous Louis XIV: Delachenal (1669-1672) La présence d'un notaire à Saint-Sandoux témoigne de l'importance du bourg et aussi du rôle joué par cette profession au moment de la constitution de la propriété paysanne favorisée par les réformes consécutives à la Révolution. Dans sa séance du 10 février 1909, le Conseil municipal de Saint-Sandoux s'opposera à la suppression de l'office notarial du village demandée par le Garde des Sceaux de l'époque, demande transmise par le Procureur de la République près le tribunal de 1ère instance de Clermont-Ferrand. Les édiles municipaux, après avoir rappelé l'ancienneté de la charge et les éminents services rendus par elle à la commune, font remarquer que la reconstitution du vignoble amènera un surcroît d'activité à l'étude. * 1800-1801.
|
Le livre de caisse Maugue-Lhéritier - (source: Maurice Robert) |
* Ancienne mesure de volume remontant à l'Antiquité romaine: 1 setier romain = 54 centilitres. Mais le setier ou septier dont il s'agit ici devrait représenter 7 à 8 mesures, comme on le verra plus loin.
La rémunération du berger pour garder les brebis semble être payée tous les quinze jours pour une somme variable qui s'élève à 25 centimes pour progresser ensuite à 30, 45, 50, 60, 65 puis 80 centimes voire 1 fr. probablement selon le nombre de brebis confiées ou peut-être aussi parce que le versement devient moins régulier. Le cardage de la laine est payé 1,12 ou 1,7 franc, le lavage 0,75 francs et le filage 0,6 à 2,50 francs suivant la quantité. Le passage du tambour de ville, pour affermer une pièce (foudre) de 70 pots (1050 litres), coûte 10 centimes en 1892 (en 1893, le tambour de ville s'appelle Ribouleyre). La tuerie du porc revient à 1 franc. L'expédition des produits de la ferme exige un accompagnateur qui est rémunéré 25 et 50 centimes pour conduire un tonneau, 40 centimes pour un sac de pommes de terre et jusqu'à 1 franc si les tubercules sont destinés à Clermont et même 1,26 francs pour le transport d'un tonneau de 3 pots (45 litres) dans la même ville; en plus, il faut acquitter l'octroi. Le cantonnier reçoit 1 franc pour une prestation non précisée.
Les travaux des champs nécessitent l'acquisition d'outils et de produits pour protéger les récoltes. Voici quelques achats effectués: des glieus de paille de seigle pour attacher la vigne: 2 fr.; deux bondes (bouchons) pour fûts: 0,10 fr.; 100 bouchons en deux fois 50 : 0,75 et 1 fr.; deux tonneaux: 4 et 4,5 fr. ; un entonnoir: 0,4 fr.; une berte (hotte): 4 fr.; un greffoir: 1,5 fr.; une serpette: 2,5 fr.; trois paniers: 0,9 et 1,5 et 4,5 fr.; un lien de fléau: 0,3 fr.; une chaînette pour rincer les bouteilles: 0,25 fr.; un tamis: 2,3 fr.; un arrosoir: 2,2 fr.; un seau: 1,25 fr.; une paire de tenailles: 1,25 fr.; un manche de faux: 1,5 fr.; une faux: 4,25 fr.; un sabot pour bêcher: 0,75 fr.; une étrille et une brosse pour nettoyer les bêtes: 1 fr.; une chaîne pour attacher un veau: 0,75 fr.; une petite corde: 0,75 fr.; une laisse: 0,35 fr.; une barsalle (barcelle: tombereau à deux roues) à deux vaches: 80 fr.; un banc de menuisier avec ses outils (d'occasion): 10 fr.; un vilebrequin: 1,45 fr.; 3 mèches: 1 fr.; un pinceau: 0,15 fr.; un centimètre: 0,10 fr. Une échelle, fabriquée localement par Michel Morel, pour monter dans les greniers et les fenils, revient à 1,65 francs. Suivant l'année, le sulfate coûte 32 centimes, 35 centimes ou 80 centimes la livre, mais ce n'est peut-être pas le même produit; le soufre est payé 15 centimes la livre; le vaccin (?) pour la vigne coûte 5,5 fr. le litre, la livre de vitriol 30 centimes. On se procure aussi de l'acide tartrique et de la cochenille pour 3 francs. Quant aux bouteilles qui s'achètent par dizaines, elles se vendent 3 ou 4 sous l'unité c'est-à-dire 1,5 à 2 francs les dix. Enfin, la réparation d'un barrot occasionne la sortie de 14 francs.
Une poule s'achète 3 francs, une brebis 34,5 francs, un porc à engraisser de 37 à 40 francs, à Champeix, pour se revendre, bon à tuer, 90,4 francs; une vache s'achète 200 francs, sa saillie coûte 1 franc et le veau se vend de 70,5 à 79,80 francs. Pour nourrir les bêtes, le quintal de fourrage s'échange à 2,5 francs et la coupe* de maïs à 1 franc. Qu'il s'agisse de nourriture pour le bétail ou de semences, le commerce des graines s'effectue localement ou sur les foires des villages voisins (Saint Amant et Champeix). Le setier* de blé s'échange à 25 francs et la mesure* aux alentours de 3,5 francs, ce qui laisse supposer qu'un setier équivaut à 7 à 8 mesures. Le chapre, une plante fourragère, vaut de 1,9 à 2,4 francs la mesure ou 2,1 francs le quintal, ce qui laisse supposer que la mesure est voisine du quintal; le double-décalitre de vessa, autre plante fourragère, 3,9 francs; la livre de trèfle de 0,5 à 0,75 franc. Le quintal de pommes de terre s'achète 1,5 francs; le setier d'orge 17 francs et la mesure 2,11 francs, ce qui confirme la relation setier-mesure estimée plus haut; le double-décalitre de seigle 3 francs et la coupe 60 centimes, ce qui laisse supposer que la coupe avoisine 4 litres. Quatre paquets de choux coûtent 1 franc et 1000 maillots (plants de vigne) 10 francs. Dix quintaux de marc se négocient à 2 francs le quintal.
* Le setier, la mesure, la coupe étaient des mesures de l'Ancien Régime dont la contenance variaient suivant les localités.
Les dépenses d'habillement constituent le poste le plus nombreux et le plus coûteux de la comptabilité. On achète vêtements, chapeaux et chaussures ou encore on les fait confectionner sur mesure: les petites mains ne chôment pas. Tailleurs, couturières, sabotiers, modistes, cordonniers, lavandières, repasseuses... plus ou moins improvisées ont du pain sur la planche. Voici quelques dépenses effectuées sous ce chapitre de 1892 à 1899. Le prix des chapeaux varie de 1,5 à 10 francs, un chapeau de paille coûte de 1,9 à 2,75 francs, un chapeau melon 6 francs, un chapeau de crêpe 6,5 francs; la fabrication sur mesure d'un chapeau est payée 6 francs, son rafraîchissement 1,95 francs et une épingle à chapeau vaut 10 centimes. Une casquette coûte de 1,25 à 3 francs, un bonnet de coton 45 centimes et le bonnet de nuit 1 franc, une cravate de 1,25 à 1,5 francs, une paire de gants de 3 à 3,4 francs et leur nettoyage revient à 50 centimes. Un fichu coûte de 0,5 à 1,75 francs selon sa taille et sa qualité, un foulard 1,2 francs, une demie douzaine de mouchoirs 2,4 francs et une douzaine 4,4 francs, une paire de bas de 0,63 à 2 francs, une paire de chaussettes de 0,65 à 0,90 francs. Une blouse est payée 5,25 ou 5,7 francs et son crochet 5 centimes, une robe 6,3 francs, une autre de satinette 6,9, une de mérinos 16,95 et enfin une autre encore 23 francs, un gilet de travail 2,4 ou 2,5 francs et un gilet du dimanche 2,75 francs, un tablier de 0,9 à 2 francs, une paire de pantalons de 6 à 9 francs et la ceinture pour la tenir 1,4 francs si elle est en caoutchouc et 1,75 francs si elle est en cuir, un corset 5 francs et son lacet 10 centimes, un corsage 3,3 francs, des jarretières 15 centimes, une chemise 5 francs, un habit 60 francs, une capote 12 francs et son rafraîchissement 4,75 francs, une basque 30 francs, un parapluie 4,75 francs et son changement de couverture 3,5 francs. Pour confectionner soi même ses vêtements ou les faire tailler sur mesure, on achète beaucoup de tissus (toile pour les draps à 1,56 francs le mètre, cretonne à 0,5 franc le mètre, percaline de 0,5 à 0,8 franc le mètre, flanelle à 0,65 le mètre ou coutil pour les pantalons, tissus pour corsage ou chemises à 0,8 franc le mètre...), beaucoup de pelotes de fil (de 10 à 20 centimes la pelote), des boutons par douzaines (de 25 centimes à 3,6 francs la douzaine), de la dentelle (60 centimes le mètre). Une paire de ciseaux est payée 1 franc et un dé à coudre 10 centimes. On achète aussi force écheveaux de laine (10 à 15 centimes l'écheveau) et de coton (5 centimes l'écheveau) ainsi que des aiguilles à tricoter (10 centimes). La façon d'un pantalon revient entre 1,75 et 2 francs, sa réparation 1,5 francs; la piqûre d'un drap est payée 20 centimes, celle d'une taie d'oreiller et de 2 cols de chemises 25 centimes, la façon d'une robe 5 francs, celle d'un corsage 40 ou 75 centimes ou encore 1,5, 1,75 ou 3,5 francs, celle d'une jacquette 4,2 francs, la confection d'une blouse 75 centimes. La teinture d'un tricot revient à 2,5 francs, celle d'une robe 5 et 9 francs. La lessive est payée un franc; une brosse pour frotter le linge coûte 30 centimes; le savon se vend de 25 à 55 centimes, le plus souvent à 30 centimes l'unité, mais aussi au kilo (55 centimes) ou à la livre (35 à 40 centimes); une bouteille d'eau de javel est achetée 0,9 francs; pour faire la bugeade, on utilise les cendres qui se négocient entre gens du village (de 25 à 50 centimes la mesure ou 30 centimes le double décalitre) et les boules de bleu (65 centimes la demi-livre). Le repassage d'une chemise coûte 10 centimes et l'on n'oublie pas d'amidonner le col. Tous ces travaux sont effectués par des personnes du village (Mélanie Bournier, Mariette Rives, Jennie Conche...).
Une paire de pantoufles ordinaires vaut de 1,35 à 1,75 francs et 4 francs si elles sont en cuir. Une paire de sabots coûte de 1,75 à 2 francs tout compris pour un adulte et à 1,6 francs pour un enfant; si le bois est fourni au sabotier, la paire revient à 1,5 francs; si les alcoles (coulavires ou brides) sont fournies, la paire revient à 0,75 pour un enfant et à 0,25 francs pour leur pose. Une paire de galoches coûte de 1,70 à 3,9 francs pour un adulte et 1,25 francs pour un enfant. Une paire de bottines s'achète de 8,25 à 14 francs, une paire de souliers de 8 à 13 francs et de 10 à 16 francs s'ils sont fabriqué par le cordonnier sur mesure. Les réparations et ressemelages sont plus nombreux que les achats de chaussures neuves; voici quelques prix: ressemelage de bottines: de 1,5 à 2,75 fr.; ressemelage de souliers: de 2 à 5 fr.; réparation de souliers: 50 centimes; pose de patins à des souliers: 3 fr.; ressemelage de galoches: 1 fr.; remonte d'une paire de galoches: 1 et 1,05 fr.; changement d'alcoles aux sabots: 90 centimes. La boîte de cirage se paie 5 ou 10 centimes et la brosse à cirage 20 centimes.
Les dépenses alimentaires ne sont pas
aussi importantes que celles de l'habillement. Les plus nombreuses concernent
les postes du pain, de la fourme, de la viande et du sucre, encore sont-elles
loin d'être quotidiennes. La livre de pain s'achète de
13,18 centimes à 20 centimes; le prix est d'autant plus faible que
la quantité achetée est élevée; un pain blanc
coûte de 15 à 25 centimes suivant le poids et la date d'achat
(on croit percevoir une hausse sur la période), une miche coûte
10 centimes et une tourte de 11 livres 1,45 francs; on note la cuisson
d'une pompe* au four du boulanger pour 90 centimes et le règlement
de la croche au boulanger Favier pour 96,6 francs (cette croche consiste
en une baguette de bois fendue en deux qui permet de tenir la comptabilité
des consommations en pratiquant des entailles au couteau sur les deux moitiés
rapprochées, l'une étant celle du commerçant et l'autre
celle du client). La livre de fourme est payée de 60 centimes à
85 centimes; on note l'achat de seulement deux fromages pour 1,6 francs
et une livre et demi de beurre également pour 1,6 francs sur la
période, ce qui laisse supposer une fabrication maison de ces produits.
La viande est achetée de 63 à 97 centimes la livre, probablement
en fonction de la qualité; on note l'achat d'un pâté
70 centimes. Le prix du sucre varie suivant la quantité achetée,
à la livre ou moins, il revient généralement à
70 centimes la livre mais on note un achat de 70 kilos pour 36 francs,
ce qui le ramène à 25,7 centimes la livre. Les achats de
poisson sont très peu nombreux: une boîte de sardines: 55
centimes, deux harengs: 90 centimes, une morue probablement salée:
1,2 francs. Le café est acheté avec parcimonie, à
plusieurs reprises pour 25 centimes; la livre se paye 3 francs et 125 grammes
35 centimes. Le sel, en revanche, est acquis en lots importants: une demie
balle** pour 7,5 francs, deux et quatre livres à 10 centimes
la livre; il est possible qu'une partie soit utilisée pour saler
le fourrage. Pour ce qui est des fruits frais, les achats sont très
peu nombreux: cent kilos de pommes Canada pour 5 francs et le même
poids de poires pour 4 francs, deux cents châtaignes pour 60 centimes,
une livre de cerises pour 20 centimes, une demie livre de raisins pour
40 centimes; comme par ailleurs on note la vente de 21 kilos de pommes
pour 5,05 francs ainsi que la fabrication de cidre, on peut supposer que
l'achat de pommes et poires bon marché en grande quantité
concerne des fruits de basse qualité promis au pressoir. Les seuls
fruits exotiques frais achetés sont des oranges qui se vendent à
l'unité de 5 à 15 centimes pièce suivant l'époque;
on se contente souvent de l'achat d'une seule orange. Pour ce qui concerne
les fruits secs et la confiture, on trouve les achats suivants: un
kilo de fruits confits pour 4 francs, 500 grammes de pruneaux pour 25 centimes,
deux livres de figues et de pruneaux pour 80 centimes, une livre de figues
pour 20 centimes et une autre pour 50 centimes, deux livres de confiture
pour 1,4 franc; il semble que le prix des fruits exotiques (oranges et
figues) ait augmenté sensiblement entre 1892 et 1899. La même
remarque vaut pour le chocolat dont la demi-livre (ou 500 grammes?***)
est payée de 80 à 95 centimes et la tablette de 10 à
20 centimes suivant la date. Voici quelques autres achats au caractère
anecdotique: un demi litre de vinaigre blanc pour 20 centimes, un pot de
moutarde pour 75 centimes, une salade pour 5 centimes, un kilo de haricot
pour 1 franc, du riz en plusieurs fois à raison de 15 à 27,5
centimes la livre, des macaronis (2 achats) à 20 centimes la demi-livre,
une livre de miel pour 80 centimes, une demi-livre de biscuits pour 90
centimes, une bouteille de limonade et un petit verre pour 60 centimes,
17 bouteilles de bon vin pour 5,1 franc et enfin pour un sou de cannelle!
* La pompe est une tarte
aux pommes en forme de chausson traditionnelle en Auvergne.
** La balle était
une unité de mesure de l'Ancien Régime pour le sel.
*** Les montants et les quantités
relevés pour le chocolat paraissent incohérents.
.
Des timbres à 15 centimes |
* La cassette était
une sorte de terrine pour faire cailler le lait ou faire cuire les pommes
boulangères.
** On utilisait la farine de
lin comme laxatif et pour la fabrication de cataplasmes.
Le propriétaire du registre étant pieux, il acquitte chaque année un droit de 2 à 3,25 francs pour l'obtention d'une place régulière à l'église. Suivant son humeur, et sans doute aussi le contenu de son porte-monnaie, ses offrandes au curé varient de 5 à 20 centimes; il consent un don de 15 centimes pour l'entretien de la chapelle (Notre-Dame des Prés ou Notre-Dame du Bon Secours?) Il fait prononcer un office (obit) pour le repos de l'âme de son père à l'anniversaire de son décès pour une somme de 1 à 3 francs. Il achète un chapelet (70 centimes) et un livre de cantiques (5 centimes).
Les dépenses d'agréments ne sont pas omises. Notre homme fume; il s'achète une tabatière (65 centimes), le plus souvent du tabac à rouler (10 centimes), quelquefois des cigarettes (30 centimes le paquet) et même des cigares (9 à 10 centimes pièce). Il lui arrive de prendre un verre ou deux au bistrot (25 centimes le verre) ou de siroter un café à Champeix (35 centimes); il achète même pour 2 francs de bière de conservation. Il fête comme il se doit l'année nouvelle (dépense de 1,15 à 1,4 francs suivant l'année) et achète même un jeu de dominos sans doute pour l'offrir comme étrennes (95 centimes). La fête du village est l'occasion de nouvelles agapes (coût de 2,5 à 2,75 francs) sans compter les dons aux conscrits (50 centimes ou 1 franc suivant l'année). Il participe au banquet du 14 juillet (75 centimes). Il est abonné au journal (1,5 francs) et l'achète parfois aussi à l'unité (5 centimes). Il se procure l'almanach annuel (20 à 50 centimes). Il lui arrive de tenter sa chance en achetant un billet de loterie (30 centimes). Ses proches ne sont pas oubliés, comme le montre l'achat de broches (de 25 à 35 centimes); les bijoux doivent être entretenus: réparation d'une broche en or (1 fr.), réparation d'une montre (3 fr.), réparation d'une chaîne de montre et d'un bracelet (7 fr.), pose d'un verre de montre (50 centimes), achat d'un boîtier de montre (50 centimes), décrassage d'une montre (3,5 fr.). A Saint-Sandoux, les occasions d'aller au spectacle sont sans doute rares. Mais notre homme se rend dans les foires à Saint-Amant et Champeix ainsi qu'une fois par an à Clermont où une jeune fille de la famille, Éléonore, a été confiée aux soeurs de la Providence moyennant une pension trimestrielle de 45 francs. Ces déplacements durent plus d'une journée et obligent à prendre les repas à l'extérieur; à Saint-Amant, on déjeune pour 1 franc, ailleurs la somme peut être plus élevée (1,5 fr.). Le déplacement à Clermont dure plus longtemps et il est plus dispendieux; il faut compter au moins 3 francs et parfois jusqu'à 7 ou 7,5 francs; en 1898, il se prolonge pendant 28 jours et coûte 50 francs! Et on en profite peut-être pour se rendre au théâtre (40 centimes), au cirque (3 fr.) et à la ménagerie (1,5 fr.).
Au cours de la période sous revue, des travaux d'entretien et d'amélioration des bâtiments sont entrepris. Voici les prix consignés sur le registre: trois quarts de chaux pour 9 francs, 300 tuiles pour 9 francs également, trois toises de planches pour 14,25 francs (mais un peu plus tard, en compensation, quatre toises seront vendues pour 20 francs), deux sacs de ciment pour 4,5 francs, deux paires de buses (tuyaux), une paire pour 15 centimes et l'autre pour 20 centimes, 4 mètres de rideaux pour 4,25 francs. Pour la réalisation d'un balcon, probablement en fer forgé, les sommes de 8 et 3,5 francs sont versées à deux artisans dont le forgeron du village, Léon Mallet. Les constructions et terrains sont sources de revenus (55 francs par an pour un bâtiment, 32,5 francs pour une grange aux Pedats, 6,65 francs pour une bâtisse, 5 francs pour un jardin aux Chartres...). Mais leur possession entraîne des frais, l'assurance d'abord (22,15 francs), des contentieux (2,9 francs de frais de justice), des frais de papiers timbrés (0,6 et 1,2 fr.) et de notaire (3,5 francs). Un vigne est achetée à Conro pour 100 francs. La vente de noyers, dont le bois est apprécié, rapporte de l'argent (18 francs pour l'un et 200 francs pour huit autres).
Quelles conclusions tirer de ce survol? Le travail est encore très largement manuel, on l'a déjà dit. Les échanges avec l'extérieur ne sont pas négligeables mais l'essentiel s'effectue à l'intérieur du village où l'on utilise les produits locaux (laine, cendres pour la lessive) et où les artisans ne chôment pas. La monarchie de juillet a rendu l'emploi du système métrique obligatoire, mais les habitudes ne se perdent pas si vite et l'on continue à utiliser les unités de mesures en vigueur sous l'Ancien Régime, lesquelles présentent l'inconvénient d'être différentes d'un lieu à l'autre, inconvénient mineur tant que le commerce demeure cantonné. Les prix fluctuent mais aucune tendance inflationniste n'est perceptible sur la période, à preuve le timbre poste qui demeure imperturbablement fixé à 15 centimes, même si les produits exotiques (oranges, figues, chocolat), et peut-être aussi le pain, semblent augmenter. Le franc germinal est solide et il faudra attendre la première guerre mondiale pour le voir défaillir. En mettant la journée de travail à 2 francs, une journée permet à un ouvrier agricole de se procurer environ 8 kilos de pain, 4 à 5 kilos de riz, 2,5 kilos de macaronis, 1 kilo et quart de viande, un peu plus de 2 harengs, entre 3 et 4 boîtes de sardines, moins de 2 morues salées, 2,5 fromages, entre 1 kilo et 1 kilo et demi de fourme, 1 kilo et demi de sucre au détail, 330 grammes de café, entre 2 et 3 pots de moutarde, 10 bouteilles de vinaigre blanc, 8 kilos de pommes au couteau, 5 kilos de cerises, 1 kilo et quart de raisins, une vingtaine d'oranges, 4 kilos de pruneaux, entre 2 et 3 kilos de figues sèches, 500 grammes de fruits confits, entre 6 et 7 bouteilles de bon vin, entre 6 et 7 paquets de cigarettes, 20 cigares, 4 litres d'essence, 11 bougies, 8 savonnettes, une paire de sabots et il lui faut travailler au moins trois jours pour se procurer une paire de pantalons et au moins quatre jours pour se payer une paire de souliers.
Sources écrites
Biélawski (J.-B.-M.) : Récits
d'un touriste auvergnat - Illustrations de Louis Bouton - Issoire: Claudius
Gaffard - Fin 19ème siècle