LE TANNAGE DE PEAU 

Pour y procéder il faut, aussitôt l'animal dépouillé, écharner la peau c'est-à-dire racler, à l'aide d'un couteau arrondi et pas trop tranchant le côté chair afin d'enlever les parcelles de graisse, sang, vaisseaux sanguins etc... Mettre ensuite la peau dans le bain suivant : un peu plus tiède, 18 à 20 degrés : alun 100 grammes; sel marin 50 grammes (cette dose pour 1 litre d'eau). Faire dissoudre à chaud. La peau doit être submergée entièrement; la remuer plusieurs fois par jour; le temps d'immersion varie en fonction du plus ou moins d'épaisseur et les dimensions; voici quelques bases : au-dessous de la grosseur d'un lapin 1 jour; lapin et lièvre 2 jours; loup 5 à 6 jours. L'écharnage définitif a lieu après l'immersion dans le bain. On procède ainsi pour le premier grattage. La peau doit être parfaitement nette et lisse. Les peaux particulièrement fines sont après cette dernière opération poncée à la pierre ponce, ce qui leur donne un grain plus régulier et plus moelleux. Faire ensuite sécher la peau sur une corde en ayant soin de la frotter souvent avant le séchage complet. La peau une fois séchée pour l'assouplir frotter le côté chair de la peau tenue à deux mains sur le coin arrondi d'une table, tirant et étirant en tous sens. La toison est, après cela, saupoudrée de talc, frottée entre les mains, comme pour la savonner, puis battue à la baguette pour la débarrasser du talc. Peigner soigneusement et enfin donner un coup de brosse final. 

Le TANNAGE A L'HUILE 

Le tannage à l'huile est peut-être celui qui donne les meilleurs résultats comme souplesse du cuir et en même temps le moins besogneux. On procède comme suit. Les peaux ayant séché en fourreau, on les enduit intérieurement, c'est-à-dire du côté cuir, avec de l'huile quelconque que l'on passe à l'aide d'un chiffon de laine. Pour cet objet on prendra de préférence de l'huile de deuxième pression, colza, oeillette, olive... ayant la moindre valeur marchande. Il s'agit maintenant de triturer le derme pour l'assouplir en faisant pénétrer l'huile. En terme de métier, on appelle cela nourrir le cuir. On y arrive parfaitement en frottant la peau alternativement sur une corde suspendue en U par ses extrémités libres après le solivage du plafond. Par un énergique mouvement de va et vient on parvient à bout de broyer toutes les fibres musculaires sur le demi cercle rugueux de la corde. Pendant ce travail, on tourne progressivement la peau afin que la friction ou biturage du cuir ait lieu de toutes parts. De temps à autre, on lubrifie à nouveau avec un peu d'huile et on continue jusqu'à ce que le derme soit devenu souple et qu'il soit bien imprégné de substance grasse. L'opération terminée, on mouille légèrement, avec un peu d'eau, puis on enveloppe la peau dans un torchon ou un linge quelconque qui lui conservera sa moiteur en s'opposant à l'évaporation. Au bout de 12 heures environ, le tannage est terminé. On fend chaque peau de la lèvre à la queue, on fait tomber les extrémités inutilisables, puis on effectue l'écharnage au moyen d'un couteau de façon à retirer la mince pelure encore adhérente au cuir. Après ce nettoyage sommaire, il n'y a plus qu'à dégraisser la fourrure en la soupoudrant de toutes parts avec du plâtre fin et à meuler en frottant le poil à la main pour qu'il pénètre partout. Pour terminer, on bat avec une baguette fine et souple et, si on veut un nettoyage plus parfait, on frotte le cuir et le poil avec de la sciure de chêne bien sèche. Les peaux préparées à l'huile sont souples et brillantes. Aussi ce procédé se recommande-t-il à l'attention des amatteurs et des petits éleveurs. Industriellement, le tannage à l'huile s'effectue par foulonnage mécanique dans une auge portant des marteaux de bois, ou encore par "marchage" (piétinement) dans des tonneaux. 

Ces deux procédés de tannage, consignés par écrit par mes aïeux, probablement au début du 20ème siècle, avant le premier conflit mondial, témoignent de l'importance que tenait encore à cette époque le travail artisanal accompli à la maison. L'allusion aux loups sera notée; je me souviens de la présence de pièges à loups dans le grenier de la demeur où je suis né.

 
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