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A peu près aussi vaste que la communauté
européenne, le Tibet ne fut jamais très peuplé. Avant
1959, en raison de l'absence de statistiques de recensement fiables, le
nombre d'habitants n'était pas connu avec précision. Il a
fait l'objet d'estimations extrêmement divergentes par la Chine et
les Tibétains exilés. Aujourd'hui, on accepte généralement,
comme approximation, le chiffre de 6 millions d'habitants d'origine tibétaine.
Des colons chinois, dont le nombre est sujet à contestation, sont
venus gonfler la population d'origine. Avant 1959, beaucoup de Tibétains
vivaient encore du nomadisme bien que la sédentarisation ait été
encouragée par les empereurs mandchous dans les régions sous
leur administration.
Le pays est constitué d'un vaste plateau qui s'étend sur 2000 km d'est en ouest, de la province du Yunnan (Chine) à l'Inde, et sur plus de 1000 km du nord au sud, du Turkestan chinois au Népal. Ce plateau, qui se situe à 4000 m d'altitude, est la conséquence de la rencontre du sous-continent indien, qui dérivait depuis le sud, avec le continent asiatique. La plaque du sous continent, en se glissant sous celle de l'Asie, exhaussa cette dernière jusqu'à plus de 8000 m dans l'Everest. Des étendues océaniques furent ainsi élevées à des milliers de mètres au dessus de la mer. Ainsi s'explique la présence d'alluvions, de fossiles marins et d'anciennes mers intérieures sur le haut plateau tibétain. Ce dernier est bordé par trois des principales
chaînes de montagne du monde: l'Himalaya au sud, le Karakorum à
l'ouest et les monts Kunlun et Tangla au nord. Historiquement, il se composait
de trois provinces: l'U-Tsang, le Kham et l'Amdo. La majeure partie de
l'U-Tsang s'étend, au nord, dans le Chang Thang, une plaine désertique,
où se trouvent les plus hauts lacs salés du globe. Le sud
de cette province, voisin de l'Himalaya, est plus fertile. L'Amdo et le
Kham sont situés à l'est, du nord au sud. Ces deux provinces
sont frontalières des provinces chinoises du Sichuan et du Yunnan.
Aujourd'hui, la Région Autonome
du Tibet ne recouvre plus qu'une partie de l'U-Tsang. Le reste du Tibet
historique a été annexé aux provinces chinoises
limitrophes, notamment le Sichuan et le Yunnan.
Les plus longs fleuves d'Asie prennent leurs sources dans le Tibet occidental (Indus, Sutlej, Brahmapoutre, Mékong, Yang Tsé Kiang, Fleuve Jaune). Les agglomérations principales, vers lesquelles convergeaient jadis les routes commerciales, se trouvent dans le Tibet méridional. Avant 1959, Lhassa, la capitale, comptait environ 40000 habitants, Shigatse, la seconde ville du pays, en comptait au plus 15000 et la troisième, Gyantse, ne dépassait pas les 8000. Aujourd'hui, Lhassa compterait plus de 200000 habitants. La religion dominante du pays est le bouddhisme
tibétain (autrefois appelé lamaïsme) qui comporte plusieurs
écoles. En dehors du
Les ressources naturelles du Tibet sont très variées tant en ce qui concerne les minéraux, l'énergie que la faune et la flore. Plus de quatre vingt dix sortes de minerais y ont été découverts. Les principaux sont les suivants: chromite, lithium, cuivre, bore, magnésite, spath, arsenic, mica blanc, tourbe, gypse, sel, sel de glauber, terre à porcelaine, soufre, phosphore, potassium, terre de silicium, spath d'Islande, corindon, cristal, agate... Les réserves d'énergie hydraulique, géothermique, solaire et éolienne sont très abondantes. La puissance hydraulique potentielle avoisinerait 200 millions de kw par an. Le volume total des ressources d'eau en surface monterait à 354,8 milliards de m3 et celui des glaciers à 330 milliards de m3. Les ressources hydrauliques exploitables s'élèveraient à 56,59 millions de kw. Les ressources géothermiques sont loin d'être négligeables. Le site thermique de Yangbajain, situé dans le district de Damxung, proche de la ville de Lhassa, est l'un des plus grands sites thermiques exploités dans le monde. Le Tibet est un immense herbier. On compte
plus de cinq mille espèces de plantes. Dans ses forêts, on
trouve presque toutes les essences de l'hémisphère nord,
de la zone tropicale à la zone glaciaire. Les réserves forestières
s'élèvent à plus de 2,08 milliards de m3. Les principales
essences comprennent le pin de l'Himalaya, le pin de haute montagne, le
pin du Yunnan, le sapin de l'Himalaya, le tsuga chinensis, le sequoia,
le pin à feuillage caduc, le cyprès, la sabine... L'aire
du pin du Tibet couvre 926000 hectares. Le pin à longues aiguilles
et le pin à écorce blanche, deux essences propres au Tibet,
sont protégées. Les plantes médicinales sauvages sont
au nombre d'un millier, dont quatre cents d'usage courant. Parmi les plus
célèbres, citons: le cordyceps sinensis, la fritillaire,
la gentiane, la rhubarbe, la gastrodia elata, le pseudo-ginseng, la racine
de codonopsitis, la gentiane à feuilles larges, la racine de salvia,
l'amadouvier, la millettia reticulata... Parmi plus de deux cents sortes
de champignons, on note les champignons comestibles comme l'armillaire,
le champignon parfumé, l'auricularia noir, l'auricularia jaune,
la trémelle blanche, ainsi que des champignons médicinaux
comme le pachyme, le polyporus mylittae... et aussi le cordiceps sinensis
déjà cité. Ce dernier est la combinaison unique d'une
chenille jaune et d'un champignon. Son nom tibétain signifie "herbe
d'été, insecte d'hiver". Juste avant la saison des pluies,
les spores du champignon tombent sur la tête des chenilles hepalius
fabricius. Le champignon pénètre ensuite le corps de la chenille
puis sort par la tête du malheureux animal. Le parasite utilise l'énergie
de son hôte involontaire jusqu'à ce qu'il en meure; la partie
aérienne de la plante (le carpophore), qui a la forme d'un doigt
(de 4 cm à 11 cm de long), se développe après la mort
de l’insecte en une sorte de prolongement de son corps. On trouve le cordiceps
sinensis à la fonte des neiges entre 3.000 et 4.000 mètres
d'altitude au Tibet, en Inde, au Bouthan et au Népal. Sa cueillette
est très lucrative; sur le plateau tibétain, elle est réservée
aux autochtones et surveillée par les autorités afin d'éviter
sa disparition. De nos jours, on cultive le mycélium sur un substrat
à base de riz; il existe au moins dix souches de cordyceps cultivées;
il convient de se méfier de certaines d'entre elles qui peuvent
s'avérer toxiques en raison du plomb qui les contamine.
On a recensé plus de cent quarante espèces de mammifères, plus de quatre cent soixante dix espèces d'oiseaux, une cinquantaine d'espèces de reptiles, plus de quarante espèces d'amphibiens, plus de soixante espèces de poissons et deux mille trois cents espèces d'insectes. Les principaux animaux sauvages sont le cercopithèque, le macaque de l'Assam, l'antilope à tâche rouge, le léopard, le léopard des nuages, le léopard des neiges, l'ours brun, la belette, le chat sauvage, le panda, le cerf commun, le cerf aux lèvres blanches, le yak sauvage, la gazelle, l'onagre, le loup, le renard, le lynx, le chacal, le mouflon. Plusieurs de ces animaux sont rares et méritent protection. Le cerf aux lèvres blanches est l'une des espèces considérées comme en voie de disparition. Parmi les oiseaux, la grue au cou noir et le faisan local sont également des espèces protégées. |