Par sa haute silhouette et la régularité
de son plan, le
château de Saint-Saturnin, construit en basalte et en arkose,
est l'un des plus considérable de Basse-Auvergne. Il est aussi l'un
des plus chargé d'histoire.
. Vers la fin du 13ème siècle, les barons de La Tour d'Auvergne quittent leur fief du Sancy et édifient le premier grand château en pierre, avec corps de logis, tours d'enceinte et courtines. L'épaisseur des murs dépasse quatre mètres à certains endroits. Ses défenses étaient assurées naturellement, au sud par le ravin de la Monne et sa falaise basaltique, à l'ouest et à l'est par de profonds fossés. A la fin du 15ème siècle, une profonde restructuration du château témoigne de l'apogée sociale du baron de La Tour, comte d'Auvergne, grand chambellan du roi Louis XI, allié à la famille de Bourbon. La bâtisse est modernisée. Une grande toiture englobe le chemin de ronde, des fenêtres à meneaux sont ouvertes et une terrasse aménagée pour l'artillerie. A l'intérieur, de grandes salles, avec de hauts plafonds embellissent la demeure. Le bâtiment perd en partie sa qualité de forteresse pour devenir une résidence comtale annonçant la Renaissance. Catherine de Médicis, reine de France et dame de Saint-Saturnin par sa mère, y fait étape en 1566 avec son fils Charles IX et toute la cour. Vingt ans plus tard, sa fille, Marguerite de Valois, la reine Margot, y séjourne brièvement, avant d'être exilée pendant dix-neuf ans au château d'Usson, près d'Issoire. Héritière du château de Saint-Saturnin et de la baronnie, elle en fait don au dauphin, futur Louis XIII. Cet ensemble sort ensuite de la famille royale et devient la propriété du comte de Broglie, maréchal de France. Au 18ème siècle, les plafonds des salles sont refaits à la française. Chocolaterie, orphelinat, maison de convalescence: les soeurs de Saint Vincent de Paul occupent ensuite les lieux pendant plus d'un siècle pour le quitter en 1970. Le château a alors perdu ses puissantes défenses qui le séparaient de la place de l'Ormeau. . Le village de Saint-Saturnin est bâti sur une cheire (coulée basaltique) provenant de l'éruption des puys de la Vache et de Lassolas distants d'une douzaine de kilomètres. D'après les datations effectuées selon plusieurs techniques, ces dépôts volcaniques dateraient de 8300 ans seulement et témoigneraient d'un événement éruptif parmi les plus récents de la chaîne des Puys. En coupe, la coulée présente généralement un coeur basaltique compact qu'encadrent deux couches de matières meubles, riches en scories. Dans une maison en contrebas du château, sur le chemin du lavoir, la grande pianiste Blanche Selva (1884-1942) vécut les dernières années de sa vie. A 18 ans, elle enseignait déjà à la Schola Cantorum, avant de professer aux conservatoires de Strasbourg et de Prague. Influencée par Vincent d'Indy, elle fit connaître l'oeuvre pour le piano de Jean Sébastien Bach. Parmi les artistes qui séjournèrent à Saint-Saturnin figurent aussi la chanteuse d'opéra Germaine Lubin, interprète de Wagner, qui y venait avec son compagnon, le poète Paul Géraldy. Paul Bourget, familier de l'Auvergne, y écrivit "Le démon de midi", en 1914, dans lequel il mentionna le village à plusieurs reprises. Nous empruntons le chemin qui conduit au pont de la Freydière et au lavoir en longeant la falaise volcanique qui sert d'assise au château. Jadis ces lieux bruissaient du rire des lavandières remontant du lavoir de la Freydière et des cris des vignerons cultivant le versant. Aujourd'hui, simples promeneurs et pèlerins n'entendent plus que le murmure de la rivière qui roule ses eaux torrentueuses dans le fond du ravin et le bruit du vent qui agite les arbres couvrant les terrasses abandonnées. Un siècle a passé, la nature a repris ses droit enserrant le village dans un écrin de verdure. |
Le château de Saint-Saturnin | La fontaine et l'église vues de l'entrée du château |
Un trou dans les fondations du château | La coulée de lave sur laquelle est construit le château |
Une falaise de laves | Le pont de la Freydière |