Les poèmes de quelques autres


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Indien Neruda Frugier Monteil Petri Lavaur Verstichel Salvago Wellens Manoll
Choudhuri Kinet Baldacchino Kewes Simonomis Kaeser Berchoud Rousselot Dimey Jimenez
Ailen Castello Mamami-Macedo Desnos Mambrino Audisio Bérimont 4 poètes tibétains Brillon Alvarez Velasco
Heurté Kirkup Bas de page


Voici un texte amérindien. Il s'agit d'une prière que j'ai ramenée d'un voyage en Guyane. J'ai retrouvé deux autres versions de la même prière attribuées aux indiens des plaines nord-américaines(Chief Yellow Lark, Lakota et tribu OJIBWA ). Ces deux autres versions figuraient sur un site qui n'existe malheureusement plus .

O, Grand Esprit
Dont j'entends la voix dans le vent,
et dont le souffle donne vie à l'univers entier
écoute-moi

Je suis petit et faible

J'ai besoin de ta force et de ta sagesse

Permets-moi de marcher en beauté et fais que mes yeux
soient toujours émerveillés par le rouge et le violet
des couchers de soleil.

Fais que mes mains respectent les choses que tu as créées
et que mes oreilles soient attentives à ta voix.

Donnes-moi la sagesse pour que je puisse comprendre
ce que tu nous enseignes.

Permets-moi d'apprendre les leçons que tu caches
sous les feuilles et les pierres.

Je demande la force non pas pour dominer mes frères
mais pour combattre mon plus grand ennemi, moi-même.

Fais en sorte que je sois toujours prêt à venir à toi
les mains propres et le regard serein.

Pour que, quand la vie me laissera, comme le soleil
qui baisse à l'horizon,
mon âme puisse venir à toi sans remords.

Ce texte a été publié dans le n° 35 de la revue "Parterre Verbal"


Ces textes de Pablo Neruda sont gravés sur six piliers élevés devant sa maison bâtie sur les flancs du cerro San Cristobal, à Santiago du Chili. Je les ai relevés et traduits à ma façon.

1
Je demande le silence

Maintenant qu'on me laisse tranquille
Qu'on s'habitue à mon absence

Je vais fermer les yeux

Je ne veux que cinq choses
Cinq racines préférées

L'une est l'amour sans fin

2
La seconde est de voir l'automne
Je ne puis vivre sans que les feuilles
Volent et retournent à la terre

La troisième est l'hiver grave
La pluie que j'aime  la caresse
Du feu dans le froid sylvestre

En quatrième lieu l'été
Rond comme une pastèque

3
La cinquième ce sont tes yeux

Mathilde mienne Ma bien aimée
Je ne veux pas dormir sans tes yeux
Je ne veux pas vivre hors de ton regard
Je vais refaire le printemps
Pour que tu puisses encore me voir

Amis voici ce que je veux
C'est presque rien et quasiment tout

Maintenant si vous le voulez partez

4
J'ai tant vécu qu'un jour
Vous devrez m'oublier
M'effacer de l'ardoise
Mon coeur fut interminable

Pourquoi réclamer le silence
Vous ne me croyez  pas mortel
Le contraire va se produire
Voici que je vais vivre

Voici que je suis et continue

5
Je n'existerai plus mais au dedans
De moi pousseront  les céréales
D'abord les grains qui rompent
La terre pour voir la lumière
Mais la terre maternelle est obscure
Et au fond de moi je suis obscur
Je suis comme un puits et dans mes eaux
La nuit abandonne ses étoiles
Pour vaquer seule à travers la campagne

6
J'ai tant vécu c'est la question
Que je voudrais vivre à nouveau

Je ne me suis jamais senti aussi sonore
Je n'ai jamais eu autant de baisers à offrir

Maintenant comme toujours il est tôt
La lumière vole avec ses abeilles

Laissez moi  seul avec le jour
Je demande la permission de naître

Ce texte a été publié dans le n° 35 de la revue "Parterre Verbal". Une version
comportant les photos des piliers sur lesquels il est gravé peut être visionnée
en cliquant  ici

Une maison française de Pablo Neruda peut être vue  ici

Esos veinte poemas de amor - Neruda en la voz de Joaquín De la Buelga  ici



Alain-Camille Frugier

J'ai rencontré, pour la première fois, Alain à l'université de Sherbrooke, dans la province du Québec, au Canada. Nous y étions alors l'un et l'autre étudiants, dans un programme de formation de professeurs. Par la suite, les hasards de l'existence nous amenèrent à travailler quelques années dans la même institution. En dehors de ces périodes, il nous est arrivé de nous rencontrer quelquefois ou de prendre de nos nouvelles. Je me souviens avec émotion de notre dernière conversation téléphonique, peu de temps avant sa mort. Sa voix était sourde, imprégnée de souffrance, déjà lointaine comme un écho. Elle me fit mal. Quelques jours plus tard, sa compagne, Béatrice, me fit savoir que la maladie, qui rongeait Alain depuis si longtemps, avait eu raison de son courage. Il s'était endormi, dans l'après-midi, pour ne plus se réveiller, le 31 mars 1980.

Alain connaissait René Char. Il me fit part de cette anecdote que ce dernier lui avait racontée. Lors d'une manifestation surréaliste, je crois qu'il s'agissait de celle qui eut lieu lors de la réception de Saint-Pol-Roux, à la Closerie des Lilas, René Char  fut grièvement blessé d'un coup de couteau. Il perdait son sang en abondance et peut-être serait-il mort sil'un des policiers, qui dispersaient sans ménagement les manifestants, ne l'avait identifié comme étant un joueur de rugby, sport également pratiqué par lui. Aussitôt ce dernier mit tout en oeuvre pour sauver le poète qui, en rappelant cette aventure, ne manquait pas d'insister sur la solidarité des sportifs.

Voici quelques textes extraits des rares livres publiés par Alain. Qu'ils prennent place ici en hommage à sa mémoire.
_________________________________________________________

Aires du temps provisoire (Collection Sud)

celle qui nous conduisait
aux temps de la défaillance coutumière
nous lui demanderons
pourtant
non pas la délivrance
mais le moment possible
où nos mains
ne seront plus closes
dans la clarté intime d'une page
_________________________________

Cela naissait à peine
et déjà réclamait à ne point poursuivre
la mémoire lancinante de la parole.

Et le fleuve refuse de s'élancer
d'habiter plus longtemps sa trace
qui fut prétexte amer et songe d'océan

Voici sa demeure désormais:
le fleuve est le vertige du fleuve
l'amour du fleuve son ivresse tremblante
Ici le vrai lieu.

    - Mais toi, l'inquiétude obscure de nos veilles,
      quel signe souverain, aujourd'hui, nous annoncera
      ton séjour multiple?

    - Je siège en l'éclat de ton rire.

Et les matins brûlaient de grands troubles sonores
disant la gloire du solitaire.
___________________________________________

Prouver la vie: trouver le sang
Les chemins, en forêt, se tracent à la hache.
___________________________________________

Les Dieux sont tus.

La terre exalte une incroyable lassitude
toutes les perversions ne sont pas accomplies
          nous le disons
.....
__________________________________________

Blanc-Signe (L'écritoire)
 
___________________________________________

Poèmes (Sud n° 37-38)
..............................................
on,
dans la rupture de la neige

         - vous affirmez?
         - je fais des traces
         - et le temps?
         - il ne chôme pas

voici le moment résolu, dans la
nuit odorante, ses bruits de cousinage
tendre
...................
 et
cette faillie menteuse
la griffe

le blanc qui tremble

        à peine interrompu

mais cependant?
.......................................



Ce poème de Jeanne Monteil (décédée le 19/5/1999) a été cité dans le Cri d'Os (n° 27/28).

Dans les greniers
 on trouve des fauteuils crevés
d'où le crin sort
   par les trous de la soie
Quelque chose nous pousse
à prendre un livre
  à nous asseoir

On se sent bien tout à coup
entre les bras vieillots
comme si une grand-mère
nous tenait sur ses genoux.


Ce poème de György Petri  figure dans "Treize poètes hongrois", dans une traduction de Georges Timar,
Le Cri d'Os (n° 27/28).

Tu m'as fixé...

Tu m'as fixé sur ton hameçon, Seigneur.
Depuis vingt-six ans
je me tortille et me replie en tous sens
de façon enjoleuse, et pourtant
la ligne ne se tend jamais.
Il est évident
que ta rivière ne contient pas de poisson.
Si tu continues à espérer quand-même,
va te chercher un autre ver.
Etre élu
était bien beau.
Mais dorénavent j'aimerais
me sécher, me promenant au soleil.



Michel-François Lavaur

Le fondateur et animateur de la revue Traces

LES CHIENS-HYENES

En ce temps-là on mourait jeune
l'épouse en ses premières couches
et l'enfant dans ses langes
mais si l'on y parlait d'ange
veillant sur nous la garde
était souvent trop basse.
On vivait mal on luttait ferme
pour transfuser au fil des siècles
la sève intarissable.

Pourtant si tu marches encore
sur des pas ignorés songe
que vont nus et nomades
bien plus loin dans les millénaires
deux des aïeux de ta famille.
Aux confins de la préhistoire
un couple de bipèdes forcent
l'allure à travers la savane
ou vêtus de peaux courent
dans le blizzard parmi les glaces
porter haut ce fragile
nourrisson qui fut ton ancêtre
comme un trésor inépuisable.

Ce poème figure dans le n° 129 de "Traces"
_________________________________________

L'éléphantastique

Un site consacré à Michel-François Lavaur est ici



Ce poème de Muriel Verstichel  figure dans  "Triptyque"publié dans le  n° 34 de "Parterre Verbal".

Le dire amoureux

Comme un pommier parmi les arbres de la forêt,
                tel est mon bien-aimé entre les garçons.
A son ombre, selon son désir je me suis assise,
               et son fruit est doux à mon palais.
              Il m'a fait entrer dans la maison du vin,
et son étendard au-dessus de moi, c'est l'Amour.

             Cantique des Cantiques - 2.3-2.4

Que me parles-tu de tes nuits sans sommeil
alors que les miennes ont brûlé loin de toi
blanches depuis si longtemps
que mon seul désir est d'éteindre ta fièvre
d'une autre fièvre
de te rendre au sommeil premier à travers ma chair
et de boire ta sève et nos sangs se mêler
me couler fauve sous tes mains
chaque orifice de mon corps s'ouvrir à tes caresses
Moi seule te savoir au plus profond de
toi tout en jaillissement et goûter la pulpe juteuse
du fruit qui entretient ma soif
tantôt doux tantôt dur qui règle mes silences
ordonne mes soupirs
et me pénètre enfin au plus intime envers
jamais consenti à un autre que toi
Alors s'il te revient des nuits où sans sommeil
tu sembles t'égarer et te perdre en ta chair solitaire
en ton lit sans étoiles
dis-toi que je t'attends que bien plus que mes lèvres
qui murmurent ton nom c'est mon corps qui t'appelle
mon coeur qui te réclame et que dans mon sommeil
je rêve si fort à toi que tu sens ma présence...
A cet instant précis nous devons être ensemble
Appelle-moi Amour et je te répondrai
si loin que je puisse être
si loin que soit ta nuit la mienne y répondra...
Avant la mort Amant laisse-moi donc t'aimer
nos lèvres se mouiller nos langues se croiser
nos sexes se confondre et ta main dans ma main...
Nous dormirons ensemble



Ce poème de Javier Salvago (1950) figure dans"...Y Sevilla  Séville, Enfin", le 260ème numéro d'Encres Vives. Il est extrait de "Variations et Réincidences".

Javier Salvago (JR.)

Javier Salvago a la vie devant lui.
Le monde lui sourit et lui l'observe,
le touche et le scrute.

De ses mains collantes, de ses yeux attentifs,
comme un explorateur infatigable,
pour qui tout est nouveau.

Javier Salvago sort bourdonnant de son lit,
quand le soleil n'a même pas finit d'éclaircir
ses yeux chassieux.

L'aventure d'inventer quelques jeux l'attend.
Il y a tant à chercher, tant à rompre, tant
d'innocents secrets,

tant de choses qui peuvent devenir amusantes,
importantes, grandioses et même magiques
si lui les touche et les regarde.

Javier Salvego vit, comme un chat, à sa guise,
faisant tout ce dont les autres
disent que cela ne se fait pas.

Il proteste s'il s'ennuie ou si quelqu'un le contrarie.
S'il a sommeil, il dort, peu lui importe
si c'est la nuit ou le jour.

Comme tous les dieux, il est un peu tyran:
il exige, il ne cède pas.... c'est un fauve
selon Manuel Machado.

Cependant, ce fauve est un miroir profond
qui me renvoie la meilleure image
que je caresse et conserve.



Ce poème de Serge Wellens figure dansle n° 29/30  du "Cri d'Os" avec d'autres textes du même auteur.

L'ARAIGNÉE

Quand l'araignée sut qu'elle allait mourir, elle invoqua le dieu des araignées.

"Seigneur, dit-elle, je vais paraître et comparaître devant toi. Or, ce qui m'attend ne m'inquiète guère. Je t'ai toujours servi avec humilité. Tes ennemis furent les miens. Que les mouches broyées en ton honneur me soient comptées..."

Et l'araignée mourut. Elle vit Dieu. C'était une mouche.



Ce poème de Michel Manoll  figure dansle n° 29/30  du "Cri d'Os".

O SOLAIRES FORETS

Je vous entends frémir tout au fond de mes os
O solaires forêts ployant sous le fardeau
D'une chair indocile et toujours renaissante
Et c'est votre ramure étrange et frémissante
Qui s'élève en crissant des failles de ma peau
Si je cherche à gagner parmi les arbrisseaux
La cime dévorée de lueurs et de neige
D'où l'on perçoit le vaste espace que n'allège
Ni le duvet du temps ni l'aile d'un oiseau



Ce poème de Pradip Choudhuri  figure dans le n° 29/30du "Cri d'Os" où l'on peut lire plusieurs textes de cetalentueux poète bengali précédés d'une étude de JehanDespert.

UNE MAIN NOIRE EST ENTRÉE DANS MON SANG

Une main noire est entrée dans mon sang:
"Donne-moi quelque chose" - un écho, une réaction
frissonnante dans mon corps.
Je me refuse de donner quelque chose
à cette main affamée.
Fin de mes obscures tractations.
J'entends le rire nerveux de quelqu'un
dans mes veines.
C'est moi.



Ce poème de Mimy Kinet  a été trouvé sur la liste de poésie du 4 octobre 2000.

Ils s'en allèrent dos à dos
oubliant
qu'au bout de la circonférence
ils devraient à nouveau
se faire face



Ce poème de Adeline Baldacchino  est extrait de "Dépouilles du vent" recueil  publié dans le n° 36 de Parterre Verbal.

Les pansements du jour se penchent, pivoines du coeur sur les lunes effilées qui fuient dans la fente aiguë, la fente des dents rayées, mâchoires du ciel dans le bleu pâle des lèvres cardiaques et blêmes C'est le drain des pus rosés qui s'affiche dans l'antenne du ciel, vibrisse d'aliboron blanc, qui recommence les albinos, les dragons, les dragues aux digues d'étoiles empourprées, collantes et tombeuses d'hommes. Les courtisanes brillantes se penchent aux corsages des pivoines découpées, prennent entre leurs doigts les sutures d'homme et pressent, et la semence coule, et remontent la main, doucement fourreau, et la plaie craque, elles sucent les étoiles aux bords saignants la peau de l'homme en fleur et savourent le jus démotique, elles déchiffrent la parole au front le plus simple de l'empire déchu. Pyramides étripées dans les yeux, des concepts plein les mille bottes astrales, elles se fendent et rendent la botte d'Athos, c'est l'homme qui s'écroule, une épée dans le ventre, et qui regarde en souriant les cruelles pendues au fil de Foucault, il se voit tourner pour l'éternité - que c'est beau une étoile qui tue son homme, un soir de marée!



Ce poème de Alain Kewes  figure, parmi d'autres du même auteur, dans le N° 36  de Parterre Verbal.

Le grand-père

Il est debout, maigre, un peu raide dans son pantalon trop large, retenu par des bretelles rayées, qui lui remonte presque sous la poitrine. Son regard est farouche, vaguement méfiant. N'a pas été photographié très souvent, le grand-père. Plus habitué à la pénombre des boyaux qu'à l'éclair du flash. Un truc de riches, la photo. Dans son oeil, on lit clairement qu'il préférerait être ailleurs, au café Müller avec ses compagnons, par exemple. A la première occasion, c'est sûr, il s'esquivera de la réunion familiale qui l'ennuie. Il gravira comme avant la pente raide de l'avenue battue par les vents et s'accoudera au comptoir devant un ballon de mauvais ronge. La famille n'est pas sa tasse de thé. Sa fille a marié un prétentieux des bureaux et se donne des airs avec son ensemble, acheté à la ville. Et les enfants... Il n'a jamais beaucoup aimé les enfants. Ils coûtent cher en grenadines chez Müller, ils s'impatientent et veulent toujours partir. Autrefois, le regard de ses filles lui donnait mauvaise conscience quand elles venaient le chercher, à la tombée de la nuit, pour rentrer. Il se laissait faire jusqu'au canapé où il passait des nuits de plomb. Il n'a jamais eu grand-chose à dire. La conversation des galeries, jurons et ordres brefs entremêlés aux coups de pioches, lui suffit. Les bavardages de salon avec leurs chapelets de mots inutiles masquent ce qui seul importe: les craquements et les sifflements annonciateurs de l'épilogue.
 

Quand il n'est pas dessous, son silence va à la terre qu'il cultive avec minutie et patience. Ses rames de haricots sont les plus hautes de la cité. Les feuilles crénelées du persil, grasses et charnues, ses tomates, ses pommes de terre, ses betteraves, font des jaloux. Surtout, il est secrétaire départemental de la société des rosiéristes. Les roses sont sa seule fierté. Il les taille, les bouture, les bichonne. Il en offre au curé pour décorer l'autel, le maire lui en réclame pour ses réceptions. Même le syndicat, qu'il n'aime pas, en a voulu pour défiler, Il a créé autrefois une variété, d'un pourpre profond, qui lui a demandé des années d'efforts. Les enfants n'aiment pas son jardin où on ne peut jouer, ni ses fleurs qui piquent les doigts. La robe de sa fille est parsemée de vulgaires bleuets! De toutes les roses, les rouges sont ses préférées. Elles sont vraies. Comme les crachats de ses poumons.



Ce poème, publié sans nom d'auteur, a été trouvé sur la liste de poésie.

Excès de soleil

Dans la voiture, nous naissions de rouler ensemble et de dépasser le soleil.
Nous étions à l'arrêt, pourtant nous roulions à la vitesse du monde.

Tu es venue sur moi, sur le siège avant, à la place du vivant. Puis tu as relevé ta robe. Je parlais sans accent la langue de ton ventre, tu chantais sans fausse note la mélodie du mien. J'ai enchâssé nos syllabes.

La Terre ne bougeait plus. Elle tournait autour de nous et nous étions son axe.

J'étais toute l'autoroute en toi, un long ruban de pluie tiède qui venait d'être posé sur la terre. Une averse de rythme pleuvait nos feux. Je brûlais, tu fondais, puis c'était l'inverse. Nos souffles regardaient par la vitre pendant que tu te liquéfiais au bout de moi, pendant que je m'embrasais au fond de toi. Sous notre soleil, l'hiver en ruine se ravissait de sève.

Ce jour-là, surpris l'un en l'autre dans le long ruban gris qui ouvrait la terre comme un cadeau, nous avons été condamnés à vie pour excès de soleil.

5-01-2001



Un poème de Jacques Simonomis  illustré par  Danielle Le Bricquir
Jacques Simon, dit Simonomis, nous a quitté le 15 février 2005, dans sa 65ème année.
Que son oeuvre et sa présence restent dans notre mémoire.
.



Ce poème de Pascal Kaeser  figure dans l'anthologie "Visages" publiée par Écrits Vains .




Ce poème de Bruno Berchoud  figure dans le n° 142 de la revue Traces.

Trois hommes

Une ombre aspire au marche-pied, cavale sur trois pas et hope sur l'engin avec toutes ses poignées à cramponner d'une main; c'est comme ça à peu près ce qu'on voit sans savoir pendant des mois ou des années, on reconnaît le geste bien avant le visage. Ils sont trois qui ébouent, deux qui trottent derrière l'autre assis au volant qu'est pas sourd et redémarre au quart de gueule, en cinq secondes ont le vide, posé la hotte maintenant poids plume qu'il fallut une semaine à combler. En décembre peut-être on les aura de face et même sur le seuil, venus pour une fois jusqu'à la porte, on ouvrira curieux quand même, comme qui voudrait savoir si l'ordure au jour le jour ça vous entame le sourire, quand la main de l'enfant sur les calendriers hésite entre la biche et l'écureuil.



Ce poème de Antonio Rodriguez Jimenez  est extrait du n° 283 d'Encres Vives, anthologie des textes de ce poète espagnol traduits par  Simone Saltre avec l'aide de Clara Prieto et d'Annie Briet.

Ramuntcho

J'entre, l'air absent, comme presque toujours
et je lui demande sans la regarder:
- Y a-t-il de l'eau de toilette pour femme? Elle sourit,
et dans son regard je note, distrait, comme un lac dans la brume.
Elle manipule des parfums, mélange des odeurs
comme toute femme experte dans ce métier.
Peu importe la marque: un arôme suave.
Pas agressif: parce que le parfum est quelque chose
qui tient de la peau de l'ange.
Pas de rythme dans les mots. Tout rougit
comme les feux dans une rue le vendredi.
Je ne veux pas en imprégner ma peau et elle s'offre
en bonne employée. Elle me fait sentir son poignet,
ensuite sa main gauche. En dépose un autre sur le bras,
me dit d'attendre. J'attends. Elle me donne le feu vert.
Machinalement elle extrait de la vitrine
un très beau flacon et mentionne que c'est une eau des plus chères.
Presse avec douceur le bouchon de ses ongles peints en rose
et parfume son cou. Elle m'invite à humer tout près de son visage.
Je ferme les yeux et tout mon corps vibre, s'électrise.
Elle s'en est rendue compte et sourit. Me dit d'attendre
et m'invite à nouveau.
Mon sang cogne dans mes tempes.
Et je remarque avec stupeur qu'elle aussi ferme les yeux.
Nous sommes des étrangers dans cette parfumerie.
Et elle sait parfaitement que ce parfum est destiné à une autre femme.
Elle me parle savourant les mots,
affine sa diction, elle est troublée.
Finalement, je choisis le parfum qu'elle m'avait conseillé au début.
Elle porte une mini-jupe,
des chaussures à talons, des bas de soie
et un cardigan en angora qui vous invite
à caresser sans honte ses seins.
Elle se retourne, glisse
et sort au bout du comptoir. Me regarde fixement
une fois puis encore. Finalement près de la caisse,
elle se baisse pour prendre une poche.
Accroupie, sa silhouette est réduite à ses cuisses nues
à peine vêtues de ses bas clairs.
Au fond de l'abîme apparaît
son mont de Vénus: tout son sexe palpitant.
Je frémis, elle me regarde. Elle comprend
et sourit condescendante, avec gentillesse sans doute.
Au bout de quelques instants qui semblent une éternité,
elle se redresse, la poche et le parfum
dans les mains. Elle l'enveloppe
lentement, savourant chaque instant
comme si elle essayait d'arrêter le temps.
Papier-cadeau, ruban rouge. Toute une éternité de désirs inassouvis.
Elle me fixe:
     Et le parfum de ses cuisses se grave dans mon corps pour toujours.



Ce poème d'Ailen  se trouve sur le site de le revue Ecrits-Vains. Il est reproduit ici avec l'aimable autorisation de l'auteur.

LE VIEILLARD

Il est venu
De son enfance jusqu'ici
Il a marché
Longtemps
De pas d'abord petits
Maladroits hésitants

Puis
D'une jambe longue
En ignorant les pierres
Il a franchi
La vie
Le vent
La pluie
La soif

Un jour
son pas tremblait d'un bruit de souvenirs
Les saisons s'empilaient sur le chemin qui monte
Et son coeur s'essoufflait

Il s'assit un moment

Quand il s'est relevé
Son regard s'est troublé
Les pourquoi
surgissaient du creux de sa pensée

Il est venu
De son enfance jusqu'ici
Nous demander réponse
Le vieillard fatigué

Son âme est nue
Comme l'enfant qui naît

Le blog d'Ailen est ici



Cristina Castello
 
www.cristinacastello.com
 
 
Cuando la palabra es semilla  
Es soplo de Absoluto  
Celebración de alas  
Germen de luz. Arte  
¿Qué siembra hacemos  
en el corazón del hombre? 
Quand le mot est semence  
Il est haleine de l'Absolu.  
Fête d'ailes.  
Germe de lumière. L’Art  
Quelles semailles faisons-nous  
dans le coeur de l'homme? 
When the word is a seed  
A gasp of Absolute  
Celebration of wings  
Germ of light. Art  
What kind of sow is it that we do  
in the heart of man? 


Porfirio Mamani-Macedo

Nuit, ombre du néant
Obscur manteau de mes pas et de mon nom
Clef, mot qui renfermes tout l'univers
Dans la boue je m'approche de chaque porte
Lumières et nuits qui ne m'atteignent pas
Amours fanées sur les trottoirs d'une rue quelconque
Lèvres, fantômes de femmes qui me parlent
Yeux, sanglot, univers incompris
Heure qui me cerne dans l'ombre
Pas, bruits de la foule qui ne me parle pas
Distance, plaine de mon front
Enigme, épée de mes rêves
Chemin incertain qui te précipites sur mon ombre
Feuilles tombées dans la boue
Patron qui joues aux cartes avec un oeil
et qui avec l'autre attends que je te paie, la chambre pour la nuit
Ce sont ces temps, qui vivent comme des épées
Temps qui marches infatigablement dans la boue des cendres
Ombres étranges qui me sauvent
dans la nuit et l'aurore
Vents, bruits, gestes
qui plongent leurs traces dans mes traces
Porte indéfinie
Goûter que je ne goûte pas
Sieste, rêve qui t'inventes
Poussière, temps qui m'encercles
Mère espagnole qui me servis ton oubli dans une assiette
cinq jours et leurs nuits
Toi qui me montras les portes sans poignée
Toi qui m'attendais le soir comme on attend un fils
Tout n'est pas ombre dans la chute
C'est aussi mon innocence pèlerine
Le regard que le destin ne me rend pas
La mer que ne m'amène pas le vent
Tout ce qui ne ressemble pas à un obstacle sur le chemin

Ce poème a été traduit de l'espagnol (Pérou) par Elisabeth Passedat . Il figure dans un ouvrage publié par l'Harmattan (2003).

Porfirio Mamani-Macedo est né à Arequipa (Pérou) en 1963. Il a obtenu son diplôme d'avocat à l'Université Catholique Santa María, et a fait ses études de Lettres à l'Université Nationale de San Agustin (Arequipa). Il écrit poèmes et nouvelles pour plusieurs revues littéraires en France. Il réside à Paris où il prépare un Doctorat es Lettres à la Sorbonne Nouvelle. Il a pris la nationalité française en 1995.

LIVRES :
Voix au-delà des frontières, (Poésie), Ed. L'Harmattan, 2003.
La palabra, (poésie) Ed. Cadratins.
Flora Tristan : La paria et la femme étrangère dans son œuvre, (essai) Editions L'Harmattan, 2003.
"Voix sur les rives d'un fleuve", (poésie) Editions Editinter, Paris, 2002.
"Le Jardin et l'oubli", (roman) Editions L'Harmattan, Paris.
"Au-delà du jour", (poèmes en prose) Editions Editinter, Paris.
"Début de la promenade", (poésie) Editions Encres Vives, France.
"Les Vigies", (nouvelles) Editions L'Harmattan, Paris.
"Dimanche", (récit) Editions Barde la Lézarde, Paris.
"Ecos de la Memoria", (poésie) Editions Haravi, Lima, Pérou.



Jean Mambrino

L'improbable

Une plume entre
en voltigeant
par les barreaux
de la prison.

Une plume blanche
au fond de l'ombre
s'est posée.

Parmi toutes les pensées
du monde
d'ou vient cette intention
de l'oiseau

et du vent?

''Ainsi ruse le mystère'' - Jose Corti - 1983



Gabriel Audisio

FÉTICHES

Mur traversé prison sans porte,
Revenu sur lui-même
Le délivré cherche la forme qu'il fut:
Absente.

Il appelle son nom dans l'oreille du temps
Mais le désert ne répond pas.

Prison à tous les vents l'homme libre s'en va
En main la fleur de fer qu'il a cueillie au pêne,
Tige et boucle fermée où tient un mot sésame,
Cheville bonne à tendre la corde des musiques

Seul il les entendra
A l'entrée du sommeil secret.

 "Racine de Tout" - Rougerie - 1974



Luc Bérimont

Le Vin Mordu

          à René Guy Cadou

De bas brouillards tremblaient aux vallées de l'automne
Les chiens jappaient sans fin sur le bord des ruisseaux,
On entendait rouiller leurs abois dans l'écho
A des lieux et des lieux, sur des pays sans borne.

Le vent sentait la pierre rêche et le gibier
Il était dur et vif à nous trancher la gorge.
Nous nous hâtions vers quelque grange, dont le porche
Offrait déjà l'abri à des coqs qui chantaient.

Lorsque, sur le revers d'un coteau, nous trouvâmes
La jaune, apaisante, caresse des raisins:
Bien à l'écart du vent, des grappes plein les mains
Nous bûmes longuement, renversés sur la flamme.

                 _____________

Chanson de l'heureux meunier

Je ne peux plus moudre semaine
J'ai trop de travail au moulin:
Un sang de femme, un blé de reine
Et le bonheur bleu de ses reins.

Je suis le muet des fontaines;
Mon eau roule sur le cresson
De son ventre, et pour la saison
Je ne veux plus d'autre futaine.

Soleil oui, je suis. Et puis pierre.
Au fond, je ne sais point parler
Et son cri me coud à la terre
Que je pleure de retrouver.

"Le Grand Viager" - Debresse - 1954



Bernard Dimey
 
Des poèmes de Bernard Dimey sont  ici


Yves Brillon
.
.
Tes yeux sombres 

tu as des nébuleuses 
au fond des yeux 
des galaxies en n'en plus finir 
qui s'étendent à l'infini 
à la vitesse du son 
elles me fixent 
m'entraînent 
hors de moi 
loin de mon univers 
aux limites du monde 
dans une folle ronde 
celle de l'amour 
celle du non-retour 
plus loin que les lendemains 
déjà devenus ceux d'hier 
capture ma main 
celle que je te tends 
qui a tant de tendresse 
prends-moi 
moi qui me consume de passion 
dans la déraison d'un regard 
le tien 
qui m'a foudroyé un jour 
qui m'a retenu 
pour toujours 
au bord de l'abîme 
où j'allais m'engloutir 
m'abîmer dans le néant

Plier bagages 

une poussière d'or 
se disperse au crépuscule 
elle constelle tes paupières 
quand doucement tu dors 
 

le jour plie ses bagages 
il laisse la nuit caresser 
avec une douce tendresse 
les traits fins de ton visage 
 

un vol de bernaches 
venues des confins du monde 
zèbre de sa flèche 
le ciel rouge en déclin 
 

il est temps de boucler les valises 
de ramasser ce qu'il reste du jour 
de fleurir de cette rose fragile 
tes longs cheveux de velours 
 

ici et là dans le firmament 
déjà scintillent des étoiles 
elles ornent et perlent ton front 
de la clarté pure de l'instant

. 
. 
Rêve habité 

j'habite ton rêve 
à l'embouchure du fleuve 
tes pas résonnent dans l'aube 
au-delà du temps 
à contresens 
à contre-courant 

mes paupières s'entrouvrent 
sur l'azur de tes yeux 
le jour s'y faufile 
à marée haute 
sous un ciel si bas 
qu'il touche ta joue 

mon âme fatiguée 
s'incline à tes genoux 
se couche à tes pieds 
la tempête fait rage 
je me réfugie dans ton rire 
je m'endors dans ta main

. 
. 
Fleur de nuit 

les étoiles s'endorment 
dans l'ombre de ta main 
 

la lune s'éloigne 
s'incline puis t'étreint 
 

aux lueurs de l'aube 
le jour embrase ta nuit 
 
 

le papillon ouvre sa fleur 
sur ta ligne de vie 
 
 

Le site de Yves Brillon est  ici 
 



Francisco Álvarez Velasco

Ballade des amants à la tombée du jour

Le lent après-midi décline des huppes.
Comme sa crinière,
où chante dissimulée
l'alouette depuis l'aube
pour effrayer la nuit;
comme baissent les vallées
saturées de fleurs de lavande;
comme l'ombre longue de la tour
qui sur la place progresse.

Tu entends ses pieds nus sur la berge.
Tu sens son ombre ardente
dans les lumières tombées
du rouge crépuscule.

Comme un vent d'abeilles,
tu entends la sève lentement nourrir
le feu de la main qui te cherche
et tu écoutes sur les lèvres
les champs de blé de juin qu'agite une brise de coquelicots.

La peau aimée, le temps arrêté,
la lumière d'or sur les hautes branches,
les doux yeux clairs,
les airs et les cheveux,
la parole obscure
au fond de la rivière
et son silence.

La joue livrée,
la vallée solitaire
qui descend avec la rivière,
les pierrailles blanches
sous le chant de l'eau claire...

Mais, en touchant ses épaules,
du dos s'élève
une colombe triste.

Et c'est la nuit.

Une version précédente de ce poème extrait de "Noche", prix international de poésie Antonio Machado de Baeza, est accessible  ici
D'autres poèmes de "Noche" sont  ici
Pour visionner une vidéopoème de ce texte, cliquez  ici



Yves Heurté (1926-2006)

Je n'ai pas connu personnellement Yves Heurté. Nous avons seulement échangé des messages grâce au groupe de discussion du Carnet Interdit. C'était au début des années 2000. Je me souviens vaguement des sujets abordés: La Résistance, Jean Bouhier qui me publia naguère aux Cahiers de Rochefort, Guillevic, l'intérêt d'un média peu coûteux comme Internet pour la diffusion des oeuvres non marchandes, comme la poésie, une coutume du village pyrénéen où vivait Yves Heurté qui me rappelait une tradition du lieu d'Auvergne où je suis né. J'avais lu quelques-uns de ses textes, des pages de son journal de guerre, sa traduction du Cantique des Cantiques, d'autres encore... Il avait visité mon site; il avait apprécié mes textes et m'avait envoyé un mot gentil pour me le dire. Je n'ai appris qu'en lisant dans Le Monde sa chronique nécrologique qu'il avait gravité comme moi autour des sommets du monde: L'Himalaya et les Andes.

Né de parents bretons, médecin dans les Pyrénées, Yves Heurté fut un très jeune résistant. Poète et romancier, il écrivit aussi pour le théâtre et pour les enfants. Parmi ses nombreux ouvrages, citons: Les Vulnéraires (La tour de Babel, 1960), Le Rêve du rat (Rougerie, 1980), Carnet tibétain (Rougerie, 1983), La Femme nue (Rougerie, 1984), L'Avaleur d'oiseaux ( Magnard, 1986), La Noce solitaire (Rougerie, 1987), Le Passage du gitan (Gallimard, 1991), Les Mers intérieures (Rougerie, 1992), Point D'orgue, (Rougerie, 1994), Les Chevaux de vent (Milan, 1995), Le phare de la vieille (Seuil, 1995), L'Horloger de l'aube (Syros, 1997), Mémoires du Mal (La Forêt, 1998), L'Atelier de la folie (Seuil, 1998), Le Livre de la lézarde (Seuil, 1998), Journal de nuit, journal de guerre d'un adolescent (Alain Sutton, 2003), L'Homme qui marchait (Nicolas Philippe, 2004), Vous, gens de montagne (De Borée, 2004). Il avait reçu en 2002 le prix Joël Sadler organisé par l'Épi de seigle (une bibliographie plus complète est  ici ).

Le poème ci-après est extrait de son site:

Le camp est libéré.

Ses barbelés franchis
une abeille a osé
se poser sur son crâne.

Il s'arrête et se tait.

C'est un si grand vertige
de savoir qu'une abeille
ne vous veut pas de mal!

Et voici un de nos échanges du Carnet Interdit daté du 1er mai 2000:

Yves Heurté: Dans mon village des Pyrénées, la nuit du premier mai (la prochaine) est celle d'une transgression traditionnelle qui se perpétue. Les jeunes récupèrent tout ce qu'on a eu le malheur de laisser traîner et le portent sur la place, parfois en des lieux surprenants (arbres, toits des cabines téléphoniques). Exploit majeur de ces dernières années: les volets du couvent et les slips/dentelles des bonnes soeurs mises imprudemment à sécher dont l'un habilla pudiquement le christ érigé sur la place (oh!). Moi je ne range rien mais je laisse aussi traîner la remorque de ma voiture que j'ai ainsi sur place pour ramener le reste( preuve d'intelligence). La tradition veut que les jeunes ne volent ni n'abîment rien, en foi de quoi, les rondes des flics sont organisées par la municipalité en des lieux où ils sont certains de ne pouvoir en rencontrer aucun. Est-ce qu'un tradition de cette nature existe chez vous, en France ou à l'étranger, ou est-ce purement local?

Jean Dif: La même tradition se répète également dans le village où je suis né. On appelle cela "faire l'encan". Mais je ne me souviens pas si c'est au 1er mai.

La page consacrée à Yves Heurté par Francopolis est  ici



James Kirkup

Navigations

Mémoire, un bateau
de fous, avec des nuées pour voiles
et des ombres pour mâts -
pourquoi continues-tu à naviguer
sur les eaux inexplorées du passé -

désirant ardemment voir
des horizons inconnus, des îles
dans le brouillard, une étoile
pour guider le bateau errant
et ses passagers fantômes?

Navire des âmes perdues
parmi les ombres des falaises
géantes de glace éclatante -
tous ces visages dans l'orage
de la solitude, les batailles

avec des ennemis et des amis
sans pitié, spectres du temps passé
et du temps à venir -
O, mémoire, quand cesseras-tu
ces longues navigations

pour trouver un havre
sans revenants, un port
sans fantômes d'amours,
et des rêves sans dérision
de ce qui fut une fois le futur?

James Kirkup est un poète anglais qui vit en Andorre. Ce texte est extrait de "An island in the sky - Poems for Andorra"
D'autres poèmes du même auteur peuvent être lus  ici



Jean Rousselot (cliquez-moi)

Quatre poètes tibétains: Milarepa, Guedun Chompel, Drukpa Kunley, Tshanyang Gyatsho  (cliquez-moi)

(Sauf exception, je ne reproduis pas les textes lus sur Internet. Je crée un lien avec le site)



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