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Dans "Interview de Claude Margat par Jean-Michel Bongiraud"
...le geste de peindre puise l'énergie de son élan à cette frontière où rêve librement l'espace
plus grande est la distance, plus haute la vision
L'art est la ligne mélodique de ce dialogue qui, à travers la connaissance de l'autre, conduit à la connaissance de soi.
Franchir?
......
qu'est-ce qui
coud
le regard à
la pensée
......
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Matthieu
Gosztola
vie commune
chacun vole un peu de lui-même
A l'autre.
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Abdellatif
Laâbi cité par
Eliane Biedermann
Il en faut de l'inconscience
pour ressentir du bonheur
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Armand
Olivennes cité par
Marc Bernelas
Petit cube du défi courageux à un boudeur
A nous deux! Friand de navets!
Nabuchodonosor de palais!
La moutarde me monte au nez!
Que je t'ébarbe le duvet,
que je te barbouille la figure!
Je vais te brosser le portrait,
t'empapilloter la bobine! ...
Les oiseaux en hiver
sont les feuilles des branches
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Jean-Loup
Fontaine
L'enfant s'était tant appliqué
A dessiner le bruit du vent
Qu'à la fin son dessin évoquait à merveille
Un arbre
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Jean
Laroche
les violettes crient
qu'on a semé leurs yeux dans le gazon
Voir aussi ci-dessous en cliquant
ici
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Yolande
Vidal
L'amour fait ses premiers pas
sur un fil de la vierge
qui ne supporte pas
le poids de la routine.
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Josette
Barny citée par
Odile Caradec
La vache est un dolmen qui mue
(Géomètries)
Si mes mains épousaient ton visage
Elles auraient la douceur attentive des vents
La liste de poésie
(27/1/2001)
Extrait du266ème n° d'Encres Vives: "La vie s'arrête à va"
...Peu à peu la prairie se peuple d'ombres.
On étend du linge
dans ce qui reste de soleil. Un enfant
reçoit la monnaie du pape...
La terre s'est entrouverte et la vie
des yeux se retire
mais le vent
et les femmes lèchent bien les blessures
le souvenir des mains
sur le souvenir des fleurs.
Extrait du267ème n° d'Encres Vives: "Temps morts"
ABSENCES
Si loin
que la terre et la mer
ensemble m'abandonnent
lourde du temps que plus rien ne divise
Si loin
que je m'égare dans le silence
plus vide que le vent
Si loin que je deviens néant
sous la brûlure de cet été béant
DÉSERT
...le ciel perdu en mer a noyé l'âme
des collines...
Pour d'autres textes
du même auteur, cliquez
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Extrait du268ème n° d'Encres Vives: "post-scriptum Post-Mortem"
MARSEILLAISES
1. MARSEILLE, VIEUX QUARTIERS
...avec l'aval de la Madone
des filles
usent
leur trottoir
...
au-delà non-lieu
élégies d'octobre
6. Si vous saviez lecteur comme je
vous ignore vous en
seriez ragaillardi et me le rendriez
j'augure ; mais sans
m'en vouloir cependant ; car à l'orée de la forêt
des signes
nous partageons le même leurre ; nous
sommes dans le
même sac ; ce n'est pas pour vous que je grince ; c'est
pour
interroger le vide qui
bien sûr ne répond jamais ;
et
l'Autre avec sa bouche d'ombre avec sa fureur et son
bruit;
Stratford ou Guernesey qu'importe ; la vérité
au fond du
puits ; c'est ce que crie Will aux étoiles ; c'est ce qu'au
ciel
hurle Victor ; dans la logorhée ou
sans phrases derrière
c'est toujours la mort ; ; ;
Marcel Chinonis cité par MF Lavaur
Le langage est un chien mouillé qui se secoue
_______________________________________
? cité
par MF Lavaur
Dans un pareil moment, comment retrouver un point de vue poétique?
Eh bien, il suffit de placer devant soi son sentiment, de reculer de quelques
pas et de l'examiner avec calme comme s'il s'agissait de celui d'un autre.
Le poète a le devoir de disséquer lui-même son propre
cadavre et de rendre publics les résultats de son autopsie. Il y
a, pour cela divers moyens. Mais le plus simple est de résumer en
dix-sept syllabes tout ce qu'on trouve à portée de sa main.
Les dix-sept syllabes constituent la structure poétique la plus
commode à maîtriser: on peut l'appliquer aisément en
se lavant le visage, en allant aux toilettes, en prenant le train. La facilité
de l'usage de ces dix-sept syllabes implique celle de devenir poète:
il ne faut pas mépriser cette activité sous prétexte
qu'elle est trop accessible et que la poésie exige une sorte d'initiation.
Je pense que la commodité est bien au contraire une vertu qu'il
convient de respecter. Supposons que l'on soit en colère : la colère
prend aussitôt la forme de dix-sept syllabes. Sa transmutation en
dix-sept syllabes en fait la colère d'un autre. Une même personne
ne peut pas en même temps se mettre en colère et composer
un haïku. On verse des larmes. On métamorphose ces larmes en
dix-sept syllabes. On en ressent un bonheur immédiat. Une fois réduites
en dix-sept syllabes, les larmes de douleur vous ont déjà
quitté et l'on se réjouit de savoir qu'on a été
capable de pleurer.
__________________________________________________________________________________________
Maurice
Denis cité par
Armand Olivennes
Le pouvoir de suggérer certains rapports entre les idées
et les choses a toujours été l'essentiel de l'art (1919).
__________________________________________________________________________________________
Liska
"Entre six mois et cinq ans"
Avait dit le docteur,
"Votre tumeur est un cancer
Mais s'il est pris à temps
A moins d'un accident
De la circulation
L'arrêt de votre vie
N'est pas pour aujourd'hui."
Au train où vont les choses
Je vais à pied
Piano, piano.
___________________________
Jean-Louis
Bouzou
Cours de philo
deux porte-avions touchés
un sous-marin coulé.
Salle des pas-perdus
des voyageurs ne restent
que des empreintes.
___________________________
Éliane
Bidermann
Amour enfui
comment décrocher l'hameçon
planté dans le coeur?
___________________________
Claudia
Adrover
Le temps accroche sa lessive de nuages
sur la terrasse du ciel.
...
_________________________________
Alain
Lebeau
La maison est devenue trop grande
Depuis que les enfants nichent au loin
Nous allons nous replier
Tous les deux
Plus près encore de la mer
Là où les vagues dansent dans nos yeux voilés
Là où le vent corne à nos tempes assourdies
Nous emporterons en souvenir
La porte de la vieille armoire en chêne
Qui retient si bien la lumière d'automne
Le sourire en pierre du Bouddha
Le ventre d'une harpe qui chante l'Himalaya
Et le masque africain de la fécondité
C'est tout
Le reste n'est que décor de la vie qui passait
J'oubliais
La petite pierre fossile
Que j'ai cueillie en haut du Sinaï
Qui n'a rien coûté
Qui ne dit rien
Qui veille
Jusqu'à demain
20 septembre 2000
Luc
Bérimont cité par
Paul Mathieu
(Luc
Bérimont, dans les marges du Grand Viager)
Écrire pour se voir
Et non pour se montrer,
Retrouver son histoire
Dans le vent, la fumée.
_________________________________________
Rainer
Maria Rilke cité par
Jehan Despert
(Rainer
Maria Rilke, vagabond de l'Europe)
...
Toutes les choses auxquelles je me donne
s'enrichissent et m'abandonnent
Rose. Oh, pure contradiction, joie
de n'être le sommeil de personne sous tant de paupières
______________________________________________
Gérald
Neveu cité par
Christophe Dauphin
(Gerald
Neveu, une étoile sur chaque plaie)
La poésie, c'est sortir de soi et y faire entrer les autres.
Ce passant sans ombre
Qui regarde choir les regards,
Ne ramasse que les vignettes
Perdues pour l'éternité.
On écoute pourrir
comme une musique de terre
quelqu'un de seul
Et que s'écrase la pleine candeur
à rendre sourd
à pleine force contre tout.
_____________________________________________
Pierre
Alechinsky cité par
Danielle Le Bricquir
(Le
groupe COBRA et l'écriture)
Je me demande parfois si, à ma mort, je laisserai une plume
ou un pinceau.
______________________________________________________________
Jean-Michel
Bongiraud
Pages insulaires (Extraits)
....
Il n'est pas nécessaire de descendre au fond de soi-même
pour se connaître, mais de laisser venir à la surface tout
ce fond.
....
L'aphorisme... Cette forme d'écriture va à l'essentiel
en quelques mots, mais l'esprit qui les guide pourchasse l'idée
au-delà de ce qui est écrit.
_____________________________________________
Jean-Paul
Gavard-Perret
Les amants (extraits)
...à l'abri des regards, ils s'huilent de leurs caresses... ...Bruits de la ville. Au loin. Mais ils n'entendent plus rien. Ses mains la parcourent tandis qu'elle l'égraine. ... Dans les dérives de novembre il ne croyait jamais qu'une nuit elle ferait de ses cuisses un chapelet autour de son torse. ... Ils iront jusqu'au bout de ce qu'ils ont commencé même si le vent tente de les effacer et si la pluie brouille leurs traces. Mais ce n'est pas la pluie c'est elle qui l'a inondé. ... Tant de fois sans se voir ils l'avaient déjà fait. ... Il attend qu'elle le touche. Elle le guide. Il la rejoint. Il la voit bouger. Sous sa robe. ... Se boire, s'emplir, se vider. ...
Je prie l'auteur et le lecteur
de m'excuser. Mon choix est arbitraire et je crains beaucoup d'avoir mutilé
ce poème. Il aurait fallu tout citer. Une bonne raison pour conseiller
au lecteur intéressé de se procurer la revue pour lire le
texte en entier.
____________________________________________________
Deni
Lejeune
La philosophie
Il faut parler grec ancien pour philosopher. Il faut aussi avoir
l'esprit percé comme une passoire (achetez une passoire et entraînez
votre esprit à l'imiter), et, idéalement, finir par faire
coïncider ses idées avec les trous. Ce n'est pas facile, d'autant
qu'il faut comprendre la logique interne qui régit leur dispersion
et l'étrange ressemblance des uns par rapport aux autres. Lorsque
cependant vous pensez y être parvenu, passez votre esprit sous le
robinet et recommencez l'opération.
________________________________
Henri
Rode
Au bout du siècle vomi (extrait)
....
Tu es le hérisson tassé
qui halète et recule
en dévorant ses pattes
devant la roue jallie du sort
pour le broyer à pleines jantes
....
______________________________________
Jacques
Moreau du Mans (1924 -1998)
Le plus beau poème (extrait)
....
Les dieux naguère gravitaient
dans l'obscurité d'un visage
On naissait d'une pierre formulée
d'un caillot de brume de la pourpre
hallucinées des digitales
Aujourd'hui saigne la nuit
qui nous portait
rien ne prélude à l'impatience
des labours lumineux
et l'univers appréhende
la vérité de ses linceuls
_____________________________________________________________
Yves
Martin (1936 -1999)
L'Automne (extraits)
....
Un chien, nappes de poils,
....
...., le tocsin
se bloque. Un mort sur deux,
une aiguille d'horloge entre des chiffres absents.
....
Les petites filles à l'écart sur des tables
sans lampe boivent avec leurs coudes les cafards.
Des cuisines, le bruit de bottes de la T.S.F.
....
une orchidée qui se ferme et s'anime,
contre sa jambe parmi les robes.
....
...., maïs, derniers rosaires, ...
.... On déménage les lunes
dans des charrettes à bras, on les replace
sous un autre angle jamais trop loin,
comme après une descente de police
les tapins sur le promenoir.
....
....Automne. Saison statique.
Dans la glace une feuille. Elle est peut-être mon visage.
....
______________________________________________
Jean
Laroche cité par
J. D.
Le roncier de mémoire
Préface de Norbert Lelubre
Couverture et illustrations de l'auteur
Éditions du Petit Véhicule à
Nantes
Ce pays de la mort pose avec discrétion
sur l'oeil rond d'un canal
la paupière d'un pont
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Guy
Chambelland cité par
J. S.
Je ne suis moi qu'entre ma mort et moi.
A propos de: Guy
Chambelland, du mythe au langage de l'ontologie,
parAlain
Castets - Librairie Galerie Racine
______________________________________________
Michel
Monnereau cité par
J. T.
Réfractions
L'arbre à paroles
Maison de la Poésie d'Amay
Ce soir le passé se couche
plus loin dans la mémoire
....
Je suis cet homme qui craque
sous l'écorce....
Voir aussi les publications
annoncées, où cet ouvrage est cité, en cliquant
ici
_________________________________________________________
Adrien
Decourcelle (1821 - 1892) cité par
Jacques Simonomis
Anthropophage: un philanthrope qui va trop loin.
Siècles: les virgules de l'éternité.
Égalité: l'égalité consiste à
se trouver égal à ceux qui sont au-dessus de nous et supérieur
à ceux qui sont en-dessous.
Aphorismes lus dans la revue
Archipel n°
15 An 2000 - Jan Van Rijswijcklaan - 7, Bte 2 - B 2018 - Antwerpen
Avis de recherche: rebelle. Rien.
On frappe, et déchire. Lacère.
Je,
coq de combat. Pas de limite
à mes "et cætera"! Dernier départ,
et qui? Ils craquent, impudiques
et sans voix. Quadrillés. Rien
ne va plus: ne pas oublier de fermer.
Sans vivre comme sans importance.
______________________________
Jean
Le Bot
J'écris le jour qui vient
Je mange et bois près du portail
Quand le pain est rassis
Je le jette aux passants qui piaillent
J'ai sur le ventre
La preuve du cordon
Qui dit que j'étais rattaché
Mais vous témoins
Avec le temps disparaissez
Reste en main la tenaille
______________________________
Nathalie
Beyrand
IVRESSE
Un élan
à travers le soleil immobile
Une voix
au coeur clair de l'hiver
dans la fuite imperceptible des rivières
Un mot
revenu d'un long deuil
qui se pose sans heurt
et dont la nuit s'éclaire
Une heure
de solitude comble
dans les lueurs convergentes
des miroirs du temps où m'incline le
soir
_________________________________
Josyane
de Jesus-Bergey
Derrière les portes blindées
dans le glissement
du pas des femmes
la vie continue
On a retiré une latte de bois
aux persiennes
juste pour voir
si dehors les enfants chantent encore
Extrait
de "Comme une confession de pierres" à
paraître
en édition bilingue franco-arabe (Algérie)
________________________________________
Patrick
Druinot
Il est bon de lire
A la tombée de la mer
Cet étrange livre
Que les poissons écrivent
Entre les pages
270ème n° d'Encres Vives
Tu n'es pas homme de confiance, et l'été le sait,
qui t'abandonne en floraison à l'heure du regain. Les
orpailleurs de mystère sont ta volage famille. Accepte.
Accepte de rester l'improbable bleuet qui fleurit sur la
paille de juillet et du blé tôt fauché.
271ème n° d'Encres Vives
...Il faut du temps pour semer les étoiles
Je t'écrirai, je t'écrirai parce que des mots frappent aux portes de mes silences.
Je veux te dire ce que me chantent les soleils au fond de moi.
Te dire
Ces phrases
Revêtues des longues robes de l'orage
Tu es le triboulet
avec lequel je mesure
le diamètre du ciel
Tu es le triangle élastique
que je fais résonner
avec ma baguette d'acier!
(Extrait de Voix de Safran - Éditions Encres Vives - Collection Lieu)
Et tu es faite
de la matière même
des Idées!
Tu es le souffle
de mon désir
et le Vent
de mon Amour!
(Extrait
de Magnitudes de Serpent - Éditions Clapas,
Collection
Franche-Lippée)
La colombe
est le cadeau du ciel!
L'olivier est une bénédiction
de la terre!
La colonnade
du Parthénon
est l'axe de la Connaissance
qui s'y cache.
Le faucon
est la foudre
de Zeus!
Les omoplates
des Nymphes
sont les lunes
de la Voie lactée!
(Extrait
de Absides d'eau - Éditions Clapas,
Collection
Mimésis Poiétiké)
Je suis Inès de Castro,
l'Amante portugaise!
Je fus haute dans mon Amour
et fine dans mon Désir!
(Extrait
de Citadelles de Cuivre - Éditions Clapas,
Collection
Mimésis Poiétiké)
Dans le fleuve du ciel
bordé de nuées
palpitantes d'Or
et fleuri de narcisses,
j'ai cherché les contours
de la Terre
qui s'y reflète
Car Elle est
le Nom
élargi par la Chose,
la Chose moulée
par le Nom!
(Extrait
de Plumes de Sang - Éditions Clapas,
Collection
Mimésis Poiétiké)
la puissance de tes flancs
à la suspension de calèche,
(Extrait
de La Licorne de l'Amour - Éditions Clapas,
Collection
Mimésis Poiétiké)
Avec l'emboutissoir de mon sexe
je sculpte en toi
un haut-relief
figurant un lion magnifique
pris dans les serres
d'un aigle majestueux!
(Extrait
de Fleurs de Soufre - Éditions Clapas,
Collection
Mimésis Poiétiké)
... les cerisiers en fleurs
partent à l'assaut
de la pleine lune
d'avril,
Tes paupières favorisent
les concentrations de libellules
et de papillons!
les fesses des vierges
humilient le lait des brebis,
(Extrait
de Archipel de Coquelicots suivi
de Boîte
à rossignols et Arbres d'or)
Ton oreille
est l'Arène centrale de Ronda
où je suis le point de mire
car j'y suis chargé de tuer
le taureau qui te hante!
(Extrait
de Mer de Lune - Editions Encres Vives
Collection
Lieu)
Ton sexe
est l'ombrage d'une palme
sur la plage nacrée!
Ton cou
est la gloire
du port de l'Espérance!
Ton front
a la largeur
et la suavité
d'un après-midi
d'Octobre!
Tu es une Rose
adoubée par le soleil,
épanouie dans l'Éternité
et destinée
à y demeurer!
(Extrait
de Galions d'or - Éditions Clapas,
Collection
Mimésis Poiétiké)
Gilles Brulet: Première Venise
Au-dessus de la mer, les ducs-d'Albe sont
verbes fée.
...
Les mille pigeons sont lancés de tes bras dans
une aquarelle.
...
Nos pieds sont chez eux parmi l'écume.
...
Devant nous des gondoles appareillent:
Pur-sang d'ébène dont le fret dans du velours
rouge est l'amore.
...
Sur l'autel d'une terrasse de bois une femme
en maillot de bain aime le soleil.
Sous l'ombre de l'acacia ta tête sur mes cuisses
est lourde comme un fruit.
...
La brise étrangle les drapeaux.
...
________________________________________
Marie
Faivre
...
L'eau se souvient
La mémoire du ciel
est restée
prisonnière de la pierre
...
________________________________________
Annelyse
Simao: dans un corps éloigné
de mémoire
elle a des mois durant guetté son corps
ce long cheminement vers cela qu'elle ignore
lui saute sur pointe à la dent acérée
elle happe contre moindre contact
se planque à découverte d'un regard
posé sur elle hume les tissus intimes
les quitte au soir impatiente d'y voir
la première trace de coquelicot
...
_________________________________________
Catherine
Baptiste
...
On sent que les étoiles vont se mettre à pleurer.
...
_________________________________________
Jean-Paul
Charlut: Transe
Le chaman jongle et danse
Dans sa main l'infracassable noyau de nuit de feu
Le chaman déverrouille les puits d'argent glacés
...
Sa foi dans le singulier fait saigner l'expansion des ruches
...
_________________________________________
Élisabeth
Clément: Entre quatre murs, le monde
... Ma bouche est un puits au fond duquel je ne pourrai jamais me
voir.
...
...J'écris comme si j'éparpillais mes propres cendres.
...
Le panneau indicateur
"Toilettes"
Démonté
Gît entre les urinoirs
Dernière fin de semaine
De l'été
Dernier jour d'ouverture
En Automne en hiver au printemps
Circulez
On ne pisse pas
__________________________________________
Gwen
Ha Du
En Bretagne
les nuages sont là
pour décorer le ciel
et la pluie
pour laver les yeux
de ceux qui doutent
du soleil
...
___________________________________________
Jehan
Despert: Petite annonce
Petit monsieur tranquille
recherche coin fenêtre
pour traverser la vie.
Pas sérieux s'abstenir.
___________________________________________
Alain-Jean
Macé
Concernant la vie
Que l'on m'a donnée
Manque à mon avis
Le mode d'emploi
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Ferruccio
Brugnaro: Je ne veux pas me taire
(traduit
de l'italien par J.L. Lamouille)
Aujourd'hui
j'ai vu mourir
un autre compagnon
brûlé par un mélange d'acides
terrifiants
Cela ne dit peut-être plus rien
à personne.
Peut-être cela ne fait-il même plus
une
chronique.
Mais je ne peux me taire.
Je ne peux regarder
ces morts et faire semblant
de ne pas les voir.
Je ne peux les laisser être engloutis
par ce sale silence.
Je ne veux pas me taire.
Mes compagnons morts
ne peuvent pas, ne doivent pas
disparaître.
Je veux hurler, griffer
dans cette indifférence
qui anéantit
même les pierres
comme un loup affamé dans la neige.
Extrait du 245ème
n° d'Encres Vives:
"L'homme perpendiculaire
dans sa nuit"
Tu cherches les indices de la nuit
sur les parois de la caverne
et tu remontes les souffles de cristaux
par les chemins gravés
la lumière se souvient
combats de signes
ni cause ni explication
le noir doute
le noir inscrit
le noir nomme
l'origine au bout des ongles
sexe dressé l'homme bascule
au fond du puits
noir silence
noir attente
noir révélation
une simple flamme aux doigts de charbon
sur la piste des profondeurs
L'homme perpendiculaire dans sa nuit.
(Lascaux)
Extrait
de la liste de poésie du 1/6/2001 - Traduit du Guilaki (Casamanse)
par
le chevalier
Héribert de la Chavée de Gransdcourtil
J'ai dans le crâne un oiseau de feu
Qui jette au milieu de ma vie
Des images en folie,
Des envies de tout repeindre en bleu.
Extrait
de la liste de poésie du 1/6/2001
Extrait du 273ème
n° d'Encres Vives:
"Hommage à
Leopardi suivi de Quatre études spatiales"
Neige du 2 mars 1993
La Neige. La cloche de la Neige.
Nous avons toujours connu la neige. Toujours su que l'homme de neige était un homme de confins; et que la noirceur du gel étrécit tout comme une vallée.
Bruit, comme une roue de fer sur quoi l'on frappe du fond de l'horizon, et puis ne frappe plus. Est-ce nous, mais de quel mois, qui refrappons sur cette jante froide?
Sable sombre du soir; jonquilles de l'allée; et froid têtu d'une barre de fer, sur le vieil engrais bêché,
Entre le tas de tuiles et une brouettée de gel (dans le hangar
il y a
De la chaux humide, de l'huile rouillée et un motoculteur
qui peut-être fut jeune).
Clairon de sang gris. Et voix - derrière l'horizon - de soldats pris près d'une rivière de givre.
Clairon gris de l'aurore; et voix neigeuse hors de la neige d'enfance, demain...
Froid sauvage d'une barre, où reste prise la peau, au pied du tonneau dont la lie vitrifie, et de la pompe ficelée d'un sac, qui éclate.
(Avril, Avril ici ne luira pas,
Avril à gros bourgeons et cris de coq,
Avril à cloche fine,
A cri violet de coq dans l'air impalpable de Pâques...)
Extrait du 274ème
n° d'Encres Vives:
"L'essaimeuse"
9
Elle froisse les draps,
soyeux rempart
de la généalogie de son ventre,
dans l'atavique loi du plus fort.
L'homme s'enfouit,
magnifique
dans cet antre
où fermente l'avenir
qui le dévore.
Elle remonte la sonnerie du rêve
(extrait)
......
Langue légère
à petits coups lancée
tout le long de ses lèvres closes
sur ses paupières serrées
tiède langue sur lui
à menus bouts roses et mouillés
(est-ce que la rate blanche
aussi léchait son rat?)
et cette plage de sable blanc
si lisse
juste au bas de son dos
si douce
juste avant la courbe des reins
un espace pour son délice
poli comme le bois de la table
où ils mangent depuis des années
......
Sur la neige
de ma page blanche
qu'écrire
qui ne soit pas noir?
___________________________________
Pour Camille Claudel (extrait)
La beauté se découvre
dans le lait d'un visage
....
___________________________________
Jacques Canut cité par Marc Bernelas
Forêt de bois mort?
Bien vif,
le troupeau de Rennes.
Confessionnal: toilette
pour âme.
Peut-on croire que la Terre
est notre patrie?
Il est tant de gens en exil.