La naissance et le mariage 
(extrait de: "Tibet - Culture et Histoire d'un peuple" de Philippe Cornu)
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Traditionnellement, les Tibétains attachent de l'importance à trois grands événements dans la vie: la naissance d'un enfant, le mariage et la mort. La naissance d'un enfant, surtout d'un fils, futur héritier, a toujours été une source de joie chez les Tibétains, mais elle est accompagnée de certains rituels et de précautions particulières. 

La naissance 

Autrefois la délivrance avait lieu en dehors de la maison, pour des raisons de souillure rituelle liée au sang. L'accouchement n'était pas assisté et se faisait en position accroupie. L'enfant était ensuite baigné dans de l'eau tiède parfumée ou aspergé d'eau réchauffée dans la bouche de la mère. Au cours du rituel du bangso, la famille brûlait de l'encens et offrait du lait pour purifier le lieu de l'accouchement. Plus récemment et jusqu'à nos jours, les futures mères ont été l'objet des soins des amchi, les médecins traditionnels, qui les prodiguent sous forme d'examens médicaux, de conseils alimentaires et de comportement. Après quelques jours de repos suivant l'accouchement la mère et son enfant reçoivent la visite des parents et amis avec l'offrande traditionnelle d'une écharpe blanche ou khata. L'astrologue dresse le thème natal de l'enfant, prescrit au besoin un rituel de protection contre les mauvais influx planétaires et fixe les dates de bon augure pour le don d'un nom et la première sortie. Parfois, pour éloigner les démons d'un enfant mâle, on lui donne un nom féminin et l'on fait comme s'il s'agissait d'une fille. On peut aussi barbouiller de suie le nez de l'enfant pour le déguiser. Le plus souvent, les parents nomment l'enfant selon le jour de la semaine de la naissance suivit de Dordjé (1) pour les garçons, de Drölma (2) pour les filles. Ainsi, Migmar Dordjé désigne un fils (dordjé) né un mardi, jour de mars (migmar). Puis, le lama du village ou du monastère voisin lui donne un nom de bon augure, tel que Tashi (Bon augure), Péma (Lotus), Sönam (Mérites), Norbou (Joyau), Lobsang (Intelligent), etc., en procédant à une sorte de petit baptême et en prononçant mantras de protection et prières. Il peut aussi fabriquer une amulette pour protéger l'enfant. Lors de la première sortie de l'enfant, environ un mois après la naissance, les parents rendent hommage aux Bouddhas du temple le plus proche. Si l'enfant tombe gravement malade, on change son nom pour tromper les démons de la maladie. Les jeunes enfants jouissent d'une assez grande liberté et font la joie de la famille. Puis le fils aîné se rapproche de son père pour apprendre son futur rôle de chef de famille, tandis que les filles participent aux tâches familiales. Jadis, les cadets étaient envoyés au monastère le plus proche pour y apprendre les rudiments d'instruction. Si l'un d'entre eux était doué, il pouvait poursuivre des études en tant que moinillon puis moine dans un plus grand monastère. En cas de succès dans ses études, il pouvait à l'adolescence ou plus tard choisir une vie religieuse, monastique ou non, devenir fonctionnaire ou redevenir laïc tout simplement. Il était plus difficile aux filles d'échapper à leur rôle social traditionnel qui les destinait au mariage. Selon les biographies des grandes yoginis, celles qui voulaient mener une vie religieuse devaient souvent tenir tête à leur famille pour y parvenir et devaient lutter pour obtenir éducation et instruction. 

Une autre version des naissances tibétaines est  ici

Le mariage 

Le mariage est une cérémonie complexe qui tisse les liens sociaux entre les familles et reflète les croyances anciennes relatives à la prospérité, au bonheur et à la fertilité. D'un point de vue bouddhiste, le mariage est affaire humaine et mondaine et n'a rien à voir avec le Dharma, C'est donc la religion populaire qui prend la place laissée vacante. Que le mariage soit l'effet d'un amour partagé ou d'un arrangement entre familles, on consulte d'abord un astrologue pour déterminer si les deux futurs époux s'accorderont. Puis les frères du futur époux appelés pour la circonstance nyowa, "acheteurs”, rendent visite aux parents de la jeune fille et leur offrent de la "bière de demande”. Si les parents l'acceptent, l'affaire s'engage et l'on discute des modalités du mariage. La veille des cérémonies, les parents du futur marié envoient des cadeaux à la famille de l'épousée. Le jour venu, la mariée doit quitter la maison parentale. Elle se doit d'être triste et prie ses déités ancestrales afin que la prospérité ne quitte pas sa maisonnée avec son départ. Puis elle est menée à cheval jusqu'à la maison de ses beaux-parents, accompagnée d'un cortège où l'on brandit des drapeaux portant le sceau de la tortue cosmique, le sipaho, qui protège des mauvaises influences astrologiques. Quand elle arrive, la porte est fermée. Après un rite purificatoire, quelqu'un lui jette une torma, un gâteau conique de farine de tsampa, de beurre et d'eau, pour éloigner d'elle les démons susceptibles de vouloir s'introduire dans la maison à cette occasion. Après quelques poèmes improvisés par l'organisateur des cérémonies à la louange de la famille d'accueil, la jeune fille voit la porte s'ouvrir et est accueillie par sa future belle-mère qui lui remet le dadar, la flèche enrubannée de soieries des cinq couleurs, symbole du Tcha (phyva) le bonheur, du Yang, la prospérité et de Tséring, la longévité. La jeune fille rejoint son époux, la famille et les invités et porte le dadar sur l'autel familial. Un lama invité, bouddhiste ou bön, dirige le rituel à l'intention des dieux ancestraux et des déités locales. Échange de khatas, cadeaux, puis les réjouissances commencent, qui peuvent se prolonger sur plusieurs jours. 

La jeune fille peut venir chez son époux accompagnée d'une soeur ou d'une servante. Il lui est également loisible de retourner de temps en temps dans sa famille lorsqu'elle s'ennuie. Quand elle quitte sa famille, elle emporte sa dote personnelle, le plus souvent une belle turquoise. Cette dote demeure sa propriété. En cas de rupture, elle l'emportera avec elle, signe qu'elle pourra se remarier.  

Une autre version des mariages tibétains est  ici 
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1)- Diamant-foudre ou vajra, symbole de stabilité et du sexe masculin. 
2)- La libératrice, nom d'une tara, bouddha féminin protecteur du Tibet.


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