Espalion et Laguiole |
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. Le Canton d'Espalion est situé au coeur de la Vallée du Lot et aux portes du plateau de l'Aubrac. Capitale du Nord Aveyron, la ville d'Espalion comporte des monuments de différentes époques. La cité s'est développée sur les berges du fleuve. Par une curieuse inversion de lettres, l'ancien "olt" est devenu le moderne Lot. Cet affluent de la Garonne est long de 480 km. Les coteaux qui le bordent d'anciennes terrasses autrefois plantées de vignes et d'arbres fruitiers. Espalion est sur le chemin du pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle qui part du Puy en Velay et passe par Conques (la via Podiensis). Le tronçon Saint Côme d'Olt-Estaing a été classé au patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO en 1998, ainsi que le Pont-Vieux d'Espalion. Le Pont-Vieux, monument le plus célèbre de la ville, est construit en grès rose. Sa date d'achèvement est difficile à préciser. Néanmoins un parchemin de l'Abbaye de Conques atteste de son existence en 1060. Maintes fois remanié, il a été longtemps doté de trois tours, d'une vingtaine de boutiques et d'un pont-levis. Le Seigneur de Calmon prélevait un droit de péage dont le bénéfice devait être affecté à l'entretien du pont. Interdit à la circulation, il a été doublé par le Pont-Neuf au 19ème siècle. Il est encore aujourd'hui le lieu de passage des troupeaux transhumant vers l'Aubrac à la Saint Géraud, le dimanche autour du 25 mai. La Place du Griffoul, entre la rue droite et le pont, était la place principale de la ville. "Le griffoul" signifie fontaine en occitan, on y trouvait donc la fontaine de la ville, qui en constituait l'un des ornements. L'eau provenait d'une source captée au pied de la butte de Calmont. Sur cette place se tenait le marché et passaient hommes et femmes de la ville, ainsi que tout le trafic des marchandises. La place était sans doute pavée au niveau de la fontaine et était bordée de tous côtés de maisons dont plusieurs étaient séparées de la place proprement dite par un couvert (allée couverte d'arcades). On trouvait sur la place la pierre servant à mesurer le grain et peut-être même une halle selon certains historiens. Cette place a été profondément modifiée depuis l'époque médiévale, avec notamment la construction du Pont-Neuf, la destruction des maisons des bords du Lot entre les deux ponts, et la construction de l'actuel Quai Henri Affre. Les anciennes tanneries ou "Calquières"
Le Vieux-Palais
Le Foirail, ancien champ de foires aux bestiaux, est l'endroit idéal pour avoir une vue d'ensemble exceptionnelle sur le Pont-Vieux et le Vieux-Palais se reflétant dans les eaux du Lot. On y rencontre l'originale statue du joueur de quilles, érigée en 1992 pour les 80 ans de la codification du jeu de Quilles de huit. C'est aussi l'occasion d'une belle promenade sur les bords de la rivière, à l'ombre d'une allée de platanes centenaires. L'ancienne église Saint Jean, dont la construction débuta à la fin du 15ème siècle, s'élève sur l'emplacement de l'hospice de la ville. Elle fut au service des paroissiens jusqu'en 1883. Après transformation, elle devint l'Hôtel de Ville jusqu'en 1948. En 1978, l'édifice fut réhabilité pour permettre l'installation du Musée des Arts et Traditions Populaires, fondé par Joseph Vaylet, puis également le Musée du Scaphandre. Le Musée du Scaphandre fut créé, en 1980, autour des inventions des espalionnais Rouquayrol et Denayrouze. En 1860, Benoit Rouquayrol, ingénieur des mines, inventa un détendeur à membrane pour un appareil de sauvetage destiné aux mineurs. En 1864, Auguste Denayrouze, lieutenant de vaisseau, adapta l'appareil au monde sous-marin. Ainsi naquit, à Espalion, à 200 kms de la mer, le premier scaphandre autonome moderne de l'histoire de la plongée. Jules Vernes s'inspira de ces découvertes pour équiper le Capitaine Némo, dans son roman 20000 lieues sous les mers. Les premiers essais furent effectués dans le Lot puisque les appareils avaient d'abord été conçus pour être employés dans les mines de la région. De nombreuses pièces rares, voire uniques sont exposées et attirent des spécialistes du monde entier. Une statue de scaphandrier, en hommage aux géniaux inventeurs, a été érigée en l'an 2000. Nous l'avons déjà rencontrée. Le musée Joseph Vaylet des Arts et Traditions Populaires présente un intérieur traditionnel rouergat du 19ème siècle ("cantou", souillarde et ensemble mobilier) ainsi qu'une riche collection de bénitiers de chevet. De nombreux objets de la vie quotidienne d'autrefois sont présentés par thèmes dans un cadre gothique exceptionnel. Rassemblées par Joseph Vaylet, Majoral du Félibrige, fondateur du musée, les collections constituent un véritable patrimoine rouergat. La chapelle de la Confrérie des Pénitents, rue du Plô, témoigne du renouveau catholique à l'époque de Louis XIV. Édifiée en 1700, à partir des pierres d'une tour du Pont-Vieux, sa façade s'orne d'un modeste portail, d'un fronton curviligne et d'un oculus (petite fenêtre ronde). Une association active s'est donnée pour mission sa restauration et assure une permanence de mai à septembre, les après-midi (sauf dimanche et lundi). Sur la Place du Puits, un élégant bâtiment d'époque Renaissance a été la maison natale de Pierre Assézat, marchand enrichi par le commerce du pastel, qui fit construire à Toulouse le somptueux hôtel Renaissance Assézat, siège de l'académie des Sciences, Inscriptions et belles lettres. Le musée du Rouergue, situé dans les anciennes prisons de la ville, accueille diverses collections sur les arts et traditions populaires régionales. Cette maison d'arrêt, construite en 1838, fut le premier bâtiment cellulaire de France. Sa conception représentait un progrès considérable en ce qui concerne l'hygiène, la sécurité et la moralité. Les hommes se trouvaient dans l'aile droite, les femmes dans celle de gauche, le pavillon central servant de chapelle. L'établissement fut fermée en 1933, date de la centralisation des bâtiments carcéraux. Les cellules du premier étage sont maintenant réservées au fonds de la bibliothèque du Musée J. Vaylet, riche de plus de 6000 titres portant essentiellement sur les traditions, l'histoire et la langue d'oc. Son accès est uniquement réservé aux chercheurs. L'église paroissiale,
consacrée en 1883, est construite en pierres calcaires. Les contreforts
et la façade sont en grès. A noter deux statues de 6 m de
haut juchées à 45 m, sur les tours: la Vierge et Saint Joseph
et trois sur le tympan: le Bon Pasteur, Saint Jean Baptiste et Saint-Hilarian,
patron de la cité. A l'intérieur, un bas relief en bronze
représentant le martyr de Saint-Hilarian. Il est l'oeuvre du sculpteur
aveyronnais Denys Puech. Il convient aussi de signaler dans le bas gauche
du transept une toile peinte de St Joseph protégeant la cité
d'Espalion. Cet ex-voto fut exécuté en 1658 à la suite
d'une terrible épidémie de peste.
Le château de Calmont d'Olt Voir la page consacrée aux châteaux ici . L'église de Perse est un joyau d'art roman dont les premières mentions remontent au 11ème siècle. Construite en grès rouge, elle est située sur le Chemin de Saint-Jacques de Compostelle, dans le cimetière de la ville dont elle est aujourd'hui la chapelle. Elle a été l'église paroissiale jusqu'en 1472. Alors, la ville s'étant déplacée vers l'ouest autour du pont, cet ancien prieuré fut abandonné au profit de l'église Saint-Jean-Baptiste. Le beau portail sculpté juxtapose deux sujets: le tympan représente la Pentecôte, et le linteau évoque l'Apocalypse et le Jugement Dernier, sujets parfois illustrés de façon naïve et confuse. D'autres éléments sculptés méritent l'attention. Une couronne de modillons (consoles - corbeaux sculptés) décorent la corniche de la toiture (personnage criant en se bouchant les oreilles, couple se tenant les mains, loup ou chien tenant un animal dans sa bouche...). On remarque également à l'extérieur une vierge à l'enfant, assez maladroitement sculptée, de style roman auvergnat. A l'intérieur, se trouve la pierre tombale d'Adalgerius qui fut peut-être le premier prieur venu de Conques en 1060. On y trouve aussi un ensemble intéressant de chapiteaux ornés de sculptures (Christ en majesté bénissant dans une gloire en amande, scène de chasse, duel de guerriers protégés par un bouclier ovale, colombes se désaltérant...). Les deux absidioles du chevet, à pans coupés et à mur lisse, semblent plus anciennes que l'abside pentagonale décorée d'arcades plein cintre reposant sur des colonnes engagées. Le choeur comporte une travée droite en berceau plein cintre et un cul-de-four divisé par quatre gros boudins partant d'une clé. La nef compte trois travées couvertes d'une voûte légèrement brisée avec arcs-doubleaux sur colonnes engagées. La croisée du transept s'ouvre sur les croisillons par une double arcade. Une colonne divise chaque croisillon en quatre travées voûtées d'arêtes. Mais le chevet, surmonté d'un clocher-peigne (ou clocher-mur) percé de quatre arcades, que l'on peut apprécier depuis le pont en contrebas, constitue la partie la plus remarquable de l'édifice. Les photos de l'église de Perse sont ici - La Page des Abbayes est ici Sites internet: http://www.ot-espalion.fr/
http://www.espalion-12.com/
http://www.art-roman-conques.fr/perse.html
Laguiole (les photos sont ici ) Entre Espalion et Laguiole, un crochet nous amène au château du Bousquet. (Voir la page consacrée aux châteaux ici ). C'est jour de marché à Laguiole. La place autour du taureau aux testicules lustrées par les attouchements féminins (il paraît que cela rend les nos compagnes fécondes!) sert de foirail. Nous devons chercher un parking plus loin. Nous déambulons entre les étals, au long d'une rue où les enseignes des coutelleries sont nombreuses. Des gendarmes à cheval se faufilent à travers la foule en la surveillant du haut de leur monture. Nous déjeunons dans une salle comble, au son des bourrées qu'interprète un groupe local: pavé d'aubrac (la petite vache fauve aux grands yeux bordés de noir, une race hélas devenue rare et souvent croisée avec la charolaise), aligot, fourme de laguiole (elle ressemble au cantal). Mais nous ne sommes pas venus ici pour admirer la maréchaussée montée, ni pour déguster les spécialités culinaires du cru. Nous sommes venus pour les couteaux. L'art de la coutellerie remonte à la nuit des temps. A l'époque préhistorique, les hommes utilisaient déjà des couteaux dont la lame était en pierre. Après la découverte des métaux, leur usage se répandit. Mais, pendant longtemps, les lames métalliques furent réservées à un usage militaire. Pour les usages domestiques, on continua à employer des lames de pierre. Ces dernières étaient encore utilisées dans les campagnes européennes au Moyen-Âge. Comment la ville de Laguiole est-elle devenue,
avec Thiers et Chambéry (opinel), une des cités phares de
l'industrie coutelière française? En fait, la fabrication
de couteaux est une tradition locale ancienne à Laguiole, même
si les modèles fabriqués ont évolué au cours
du temps.
L'extrait figurant dans l'encadré ci-dessus, qui ne doit pas être pris pour argent comptant, n'en montre pas moins que le couteau de Laguiole que nous connaissons aujourd'hui n'existait pas sous le Consulat. Les habitants de la région se servaient alors du capuchadou (prononcer capoutchadou), un couteau rustique fabriqué sur place. Le capuchadou peut donc être considéré comme l'ancêtre du "laguiole" moderne. Ce dernier fut créé en 1829. Il était inspiré de la navaja espagnole. N'oublions pas que les soldats de Napoléon avaient, quelques années plus tôt, envahi la péninsule ibérique et qu'ils avaient eu l'occasion, pour leur malheur, de reconnaître la redoutable efficacité des lames espagnoles. En 1823, une autre invasion avait encore eu lieu pour replacer sur le trône de Madrid un Bourbon contesté par son peuple. Plus généralement, depuis des siècles, les Aveyronnais et les Auvergnats se rendaient nombreux pour chercher fortune en Espagne attirés par l'or drainé du nouveau Monde comme des mouches par le miel. Il n'est donc pas étonnant que le jeune Pierre-Jean Calmels, qui aidait ses parents à servir à boire aux clients de leur auberge, ait entendu vanter les mérites du couteau espagnol. Ce couteau finit par exercer sur lui une véritable fascination et il décida d'adapter le capuchadou pour en faire la navaja française. Après bien des recherches, aidé par un oncle serrurier, il finit par créer un couteau qui s'ouvrait et se fermait grâce à un ressort. L'industrie du couteau de Laguiole venait de naître. Le nouveau "laguiole" ne comportait d'abord qu'une lame. Parfois, une croix était gravée sur son manche. Ainsi, les bergers pouvaient, après l'avoir piqué dans leur pain, réciter leur prière devant lui. Progressivement, des accessoires seront ajoutés à la lame: une alêne et un tire-bouchon. La mission dévolue au tire-bouchon n'a pas besoin d'être explicitée. Pour ce qui est de l'alêne, celle-ci servira de trocart pour percer le ventre gonflé des ruminants malade suite à ingestion exagérée de luzerne verte. Elle permettra également au bénéficiaire d'un repas trop copieux d'ajuster sa ceinture à sa nouvelle corpulence en perçant un trou supplémentaire un ou deux crans plus loin. Ce couteau, muni d'une lame, d'un tire-bouchon et d'une alêne, connut un immense succès dans nos campagnes. Durant mon enfance, tout le monde en possédait en Auvergne. Dès les années vingt pourtant, des difficultés surgirent. La concurrence était moins chère et les goûts évoluaient. Une période de déclin s'amorçait qui menaçait le couteau de Laguiole d'une disparition définitive. Heureusement, au début des années quatre-vingt, stimulé par le désir d'un retour vers la nature et l'authenticité, un mouvement naquit pour prendre sa défense. Philippe Starck s'intéressa au projet. De jeunes chômeurs reçurent à Thiers une formation appropriée. Une nouvelle forge vit le jour sur les hauts de Laguiole. L'industrie de la petite ville trouvait un second souffle et allait acquérir une renommée internationale. Mais le succès attira des imitateurs.
Ces derniers avaient le champ d'autant plus libre que, au moment de sa
création, il n'était pas venu à l'idée des
inventeurs du couteau qu'ils auraient un jour à le protéger.
Ils n'avaient donc pas pris le moindre brevet qui puisse offrir à
leurs successeurs une chance de poursuivre en justice les contrefacteurs.
C'est d'autant plus regrettable que, si certaines imitations sont de qualité
raisonnable, d'autres sont plus que contestables. Il en est même
dont la lame se tord! L'emploi de ces couteaux n'est donc pas sans danger
et leur qualité défectueuse est de nature à nuire
à la réputation du produit d'origine qui, lui, est bien sûr
irréprochable. Avant d'acquérir un couteau prétendument
de Laguiole, il convient donc de se montrer prudent. Les soi-disant bonnes
affaires ne peuvent évidemment pas être autre chose que des
contre-façons. Certes, parmi ces dernières, il se trouve
quelques bons couteaux, par exemple ceux qui sont fabriqués à
Thiers. Mais ce ne sont pas de vrais "laguioles". Le prix constitue par
conséquent le premier test. Mais cela ne suffit évidemment
pas. Faute d'un brevet pour leur couteau, les artisans de Laguiole ont
trouvé une parade en déposant un logo. Ce logo ne peut pas
être imité sous peine de recours en justice. Il figure, près
du manche, sur tous les authentiques couteaux de Laguiole.
Il existe à Laguiole plusieurs fabricants dont il est possible de visiter les ateliers. La Forge de Laguiole, installée depuis 1987, sur une colline, jouxte un intéressant petit musée du couteau. Elle a obtenu le prix départemental de la Dynamique Artisanale et le prix Artisans et Métiers d'Art de l'An 2000. C'est elle que nous avons décidé de visiter. Elle est située un peu à l'écart. Le chemin le plus direct passe auprès d'un ptérodactyle de fer. Si vous ne le voyez pas, c'est que vous vous êtes trompés de route! . Une conférence précède la visite des ateliers. Elle rappelle l'histoire du couteau de Laguiole et indique comment éviter d'être trompé par des imitations plus ou moins réussi. L'accent est mis sur la tradition, l'innovation et surtout la qualité. Les lames sont en acier de meilleures qualité. Les lames damas sont obtenues en soudant à la forge des aciers de différents pour obtenir à la fois souplesse et dureté. Les feuilles ainsi réunies sont pliées et martelées plusieurs fois avant d'atteindre la consistance définitive de la lame. Les manches de qualité sont tirés de la partie pleine de la corne. D'autres sont en métal ou en bois précieux. Les artisans couteliers sculptent, assemblent, ajustent, polissent dans la plus pure tradition. On ne recourt à aucun robot, à aucune machine automatisée. Lorsqu'un coutelier fabrique un couteau, il le façonne du début à la fin. Chaque modèle est donc unique et constitue un objet intermédiaire entre l'art et l'utilitaire. Un passage par l'atelier de polissage nous montre comment on passe en plusieurs étapes d'un manche de corne brute rectangulaire au manche parfaitement galbé et lisse définitif. La séquence de toutes les opérations ne prend que quelques minutes. La visite s'achève par le musée:
le couteau à travers les âges, de la préhistoire à
nos jours, expositions de différents instrument tranchants où
je reconnais la hache à couper le moût de raisin sur les pressoirs,
machines utilisées en coutellerie, forge en activité où
se fabriquent les damas, collections d'anciens couteaux de Laguiole parmi
les plus prestigieux dont certains ont un manche d'ivoire.
Site internet: http://www.laguiole-online.com/index/ Les illustrations de cette page proviennent des dépliants publicitaires distribués gratuitement. En les utilisant, je pense ne faire de tort à personne. S'il en allait autrement, je les retirerais. |
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