Le château de Murol s'élève
sur un promontoire basaltique dominant la vallée de la Couze Chambon,
à 4 km environ de Saint-Nectaire. Il occuperait l'emplacement du
Meriocalum Castrum dont parle Grégoire de Tours. Ce castrum,
qui comprenait un lac, fut pris par l'armée de Théodoric
le Grand.
Le château, dont on peut aujourd'hui
admirer les ruines imposantes, fut édifié au 12ème
siècle. Il possède une particularité architecturale
remarquable : il est rehaussé sur un piédestal taillé
à même le roc en facettes prolongées par le bas des
murailles afin de dominer encore mieux les environs.
Un descendant des seigneurs de Murol, Guillaume
de Sam, lettré et ami des arts, termina la forteresse intérieure,
édifia le donjon, la deuxième chapelle et les bâtiments
de l'Est. Au 15ème siècle, le château passa dans la
famille d'Estaing; il fut alors richement orné puis entouré
d'une enceinte flanquée de tours; à cette époque,
il était entouré par le village où s'élevait
une église dédiée à un saint militaire. La
forteresse résista victorieusement aux assauts de la Ligue. Une
fois la paix revenue, Jean d'Estaing abandonna l'austère demeure
et construisit un gracieux pavillon au pied du château. Richelieu
épargna Murol en raison de la faveur des d'Estaing à la cour.
Le château fut régulièrement adapté aux nouvelles
exigences militaires jusqu'au 17ème siècle. Il servit pendant
quelques temps de prison puis fut un repaire de brigands pendant la Révolution.
Épargné par les vicissitudes de l'Histoire, auxquelles il
a été si souvent mêlé, ce chef-d'oeuvre de l'architecture
militaire médiévale subit, au cours du 19ème siècle,
bien des dégradations, avant d'être classé monument
historique. Il servit même un temps de carrière de pierres
aux habitants des environs.
Propriété communale, le château
est animé, depuis 1985, par l'association Les Compagnons de Gabriel.
Des comédiens, en costume du 13ème siècle, présentent
la vie du château fort au Moyen Âge, au cours des visites ponctuées
d'explications et de saynètes de la vie féodale. Chaque année
est mise en scène une nouvelle légende de chevalerie agrémentée
de cascades et d'effets spéciaux. Toutes les salles de l'édifice
ont été réaménagées.
En 1973, un ancien professeur d'histoire, spécialiste
du Moyen Âge, Pierre Charbonnier, découvrit un testament de
six pages écrit de la main de Guillaume, seigneur de Murol. Ce dernier
y ordonnait que soit construite une chapelle, dédiée à
la Vierge, dans laquelle il exprimait le souhait d'être inhumé,
sous une dalle de pierre de Volvic, gravée à son effigie.
En février 2008, des ossements humains furent mis à jour
dans une chapelle du château; la pierre de Volvic était manquante
mais les indices parurent suffisants pour émettre l'hypothèse
que ces restes étaient ceux de Guillaume dont les dernières
volontés auraient été respectées par ses descendants.
Guillaume (1350-1440) écrivit de nombreux
poèmes et tint une comptabilité de ses domaines. Il voyagea
à travers toute l'Europe et visita notamment Paris, Naples, Avignon
et Burgos. Il mourut à l'âge, alors canonique, de 90 ans.
Son fils Jean lui succéda, avant que la seigneurie ne passe aux
d'Estaing. |