L'abbé Léon
Boudal: un peintre de l'école de Murols
Saviez-vous, qu'au début
du 20ème siècle, il y eut à Murol une école
de peinture renommée pour ses paysages d'hiver. Parmi les membres
fondateurs de cette école, s'illustra particulièrement l'abbé
Boudal (1858-1934). J'ai entendu parler de lui il y a longtemps car il
se trouve qu'il soigna mon arrière-grand père maternel victime
d'un accident qui lui avait broyé une jambe. Des esquilles étaient
restées dans la chair et les médecins avaient décidé
de l'amputer. L'abbé Boudal estima que le membre pouvait être
sauvé et proposa ses services. Il réussit. Mon arrière-grand
père préserva grâce à lui son intégrité
physique et ma famille en conserva un souvenir reconnaissant. L'abbé
Léon Boudal, blessé au visage, avait laissé pousser
sa barbe pour cacher la cicatrice, avec l'accord du Saint-Siège.
Il était né au moulin de Graveyroux, alors exploité
par ses parents, dans la commune de Saint-Dier d'Auvergne.
.L'abbé
Boudal ne se contenta pas d'être un peintre réputé,
cofondateur, avec Victor Charreton, de l'école de Murols*. Il était
également archéologue. Entre 1890 et 1895, à la suite
de la découverte fortuite, près du hameau de Jassat, d'une
tuile à rebord, il entreprit une fouille qui lui permit de dégager
les restes d'un édifice qu'il identifia comme une villa gallo-romaine.
Des vestiges de cette époque sont visibles au Musée archéologique
de Murol. On y trouve de nombreuses céramiques des 1er et 2ème
siècles de notre ère qui proviennent des ateliers de Lezoux
et des Martres-de-Veyre.
* Au cours du 19ème siècle,
un s fut ajouté à la fin de Murol. Mais, en 1953, le Conseil
d'État, rétablit l'orthographe originelle. On maintient cependant
le s pour désigner l'école.
A la fin du 19ème siècle,
l'abbé Boudal nota la présence, sur le plateau de Rajat,
d'une grande quantité de tuiles à rebord. Entre 1954 et 1957,
un des ses continuateurs, Henri Verdier, entreprit une fouille qui le conduisit
à exhumer un ensemble-sanctuaire dallé, constitué
d'un fanum, temple carré à la manière gauloise, de
4,4 m de côté, et d'une construction rectangulaire de 3,5
m sur 5 m environ. A quelque distance, il dégagea aussi une structure
circulaire. Les trouvailles révélaient l'occupation du site
depuis le 1er siècle avant le Christ jusqu'au 4ème siècle
de notre ère. Le matériel archéologique le plus riche
appartient au 1er et au 2ème siècle, et correspond sans doute
à la période d'activité la plus intense du sanctuaire.
D'après les ex-voto découverts, plusieurs divinités
y étaient honorées, au nombre desquelles on note la présence
inattendue d'Harpocrate; une petite statue de bronze de cette divinité,
avatar gréco-romain du dieu égyptien Horus enfant, fils d'Isis
et d'Osiris, principe du bien, d'une hauteur de 5 cm, figure dans le musée.
Comme Harpocrate porte un doigt à sa bouche, les Grecs et les Romains
en firent le dieu du silence mystique. .
Statuettes en terre
blanche de l'Allier du Musée de Murol
Harpocrate
. L'église de Murol,
d'aspect dépouillé et sévère, eut la bonne
fortune de recevoir un décor peint expressif, grâce à
l'abbé Léon Boudal. Curé de la paroisse dès
1890, pendant quarante années, il travailla à revêtir
entièrement l'intérieur de l'édifice de vastes scènes
illustrant des épisodes du Nouveau Testament, de motifs décoratifs
variés et de grandes figures de saints et de saintes. A l'instar
des artistes des siècles passés, il n'hésita pas à
s'y représenter lui-même sous les traits de Saint-Paul. C'est
en grande partie la présence de ces oeuvres qui attire les visiteurs
d'une église qui n'est remarquable ni par son ancienneté,
ni par son architecture. .
.La
dépouille mortelle de l'abbé Boudal repose dans le cimetière
qui se trouve derrière l'église. Sa tombe n'est pas très
éloignée de celle de mon arrière grand-père
qu'il soigna si judicieusement.
La tombe de l'abbé
Boudal dans le cimetière de Murol
La
signature de l'abbé Boudal au bas de l'acte de baptême de
ma grand-mère
