Glanures du second semestre 2003

Pour revoir la cueillette du 1er semestre 2003:  cliquez ici

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M. Seassau L. Noullez A-M. Boyer H. de Campos J. R. Mansilla M. Astre A. Lacouchie A. Marik C. Cailleau A. Marembert
C. Goux Y. Avena S. A. Guémar P. Doyon G. Le Gouic C. Saint-Paul M. Bourboune T. Djaout Y. Kateb A. Metref
J. Senac H. Tibouchi P. Eluard R. Char P. Valéry M. Desbiolles T. Jonsson M. Héroult C. Bianchi C. Rohu
P. Y. Thomas B. Throo M. Monnereau E. Savina M. F. Lavaur J. Otxoa L. Margantin J. Lovichi A. Briet J.-L. Clarac
L.-L. Mathieu T. Crassas J. M. Bongiraud Bas de page



Marc Seassau

S'admirer dans la cendre. Le gris nous va si bien.

Extrait de la Liste de Poésie - juillet 2003



Lucien Noullez

Cristaux à Quai
...
j'entends les tout petits secrets
que la neige glisse aux oreilles.

...
Après, nous irons prier dans le paysage,
en mâchonnant de lentes tiges sous la pluie.
______________________________________
Alain-Michel Boyer

Express
...
Chaque regard
Te multiplie, tu sens naître en toi
Des êtres différents.

Extraits de "Quais et autres Rivages" - Simili-Type
Couleur dite/Parole peinte - Montragny - 24750 - Cornille



Haroldo de Campos

Comment est-elle

Acupunctures de rayons cosmiques
réalisme: la poésie comment est-elle
inscriptions rupestres à la pointe de la langue
poésie de bouche-à-bouche: dans la dernière alvéole du poumon
comment est-elle (la poésie)
feu (elle est)
feu
(la poésie)
feu

Sao Paulo, Brésil (16 août 2003). Le poète Haroldo de Campos, un des fondateurs du mouvement "Concretista" brésilien, est décédé aujourd'hui dans un hôpital de Sao Paulo, trois jours avant d'atteindre ses 74 ans.

Natif de Sao Paulo, Haroldo des Campos vit le jour le 19 août 1929. Avec son frère Augusto de Campos et le poète Decio Pignatari, ils créèrent, en 1952, le groupe "Noigandres" qui, quatre années plus tard, lança le mouvement de poésie concrète du Brésil. Ce mouvement partait du principe de l'existence d'une crise de la versification et prônait la recherche de nouvelles formes de structure poétique.

Campos édita son premier livre, "Auto do Possesso", en 1950, et, durant les décennies suivantes, il publia plus de trente ouvrages de poésie, d'essais et de traductions en langue portugaise des oeuvres de James Joyce, Dante Allighieri et Ezra Pound. Il est également l'auteur d'une version poétique de fragments de la Bible.

Portail de Poésie



Juan Ramón Mansilla

Quelque chose

Quelque chose de toi, bien que changé, demeure en moi.
Cela vient avec la mer, dans la langue surprenante
de personnages que je ne reconnais pas
et qui cependant chaque jour rôdent autour de moi,
à travers le sempiternel combat de la vie
et du désir de vivre.

Quelquefois aussi quelque chose de moi reste avec toi.
Si c'est ainsi, comme un chien qui renifle dans les ruelles,
je pourrai te suivre à la trace et finir par te retrouver
un de ces jours, pour recevoir la lumière et l'éclat
de tout le monde que tu portes en toi
ou au moins ses débris de matière enchantée.

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Michel Astre

Giraffe ou giraphe ?

Avec deux f une girafe
C'est une faute d'orthographe
Ou bien alors c'est en anglais
Et là, la question est réglée .

Avec ph une girafe
Se prendrait pour le photographe
C'est vrai que ça doit être beau
De prendre des photos d'en haut

Poème lu sur la Liste de Poésie. Michel Astre est instituteur.



Dans le n° 150 de Traces

Alain Lacouchie

...
Ce matin, le jardin public est muet de neiges.
...
Sommier métallique comme une sécheresse
...
___________________________________________
Andrée Marik

Une douzaine d'huîtres
et moi
treize à table
___________________________________________
Claude Cailleau

Ce pas tranquille sur la route,
ce n'est pas lui, ce n'est pas toi.
Peut-être un jour saura-t-il revenir,
que le passé visite ton futur.

D'autres textes de ce poète sont ici
___________________________________________
Amandine Marembert citée par Béatrice Gaudy

Mon choix / s'est orienté / vers ta peau / de vélin surfin / tirée / à un seul / exemplaire / et que j'ai pris / soin / de relier / à la mienne

Il t'arrive / d'embrasser / du regard / un carré d'herbe / triangulaire

L'odeur de la pelouse / fraîchement coupée / entre par les fenêtres grandes ouvertes / le ronronnement électrique / du rasoir sur ta joue / prolonge / celui de la tondeuse à gazon

Extraits d'Éclairs - Éditions Contre-allées - 67, rue de Nohanent - 63100 - Clermont-Ferrand
__________________________________________________
Claudine Goux  citée par M.-F. Lavaur
 
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Yvan Avena

La fatigue
...
Parfois on demande aux dieux
s'il ne vaudrait pas mieux,
mourir entier
plutôt que de perdre une à une
nos dernières dents.



Dans le n° 2 (octobre 2003) d'Alter Texto

Soleïman Adel Guémar

Les feuilles de menthe
 
les feuilles de menthe 
les fleurs de jasmin 
dégagent de tes mains 
un parfum subversif 
depuis que tu as réinventé 
les baobabs 
...
Soleïman Adel Guémar est un poète algérien. Son site est  ici
___________________________________________
Paule Doyon

Derrière le temps (extrait)

...
Comprendre
Que l'homme est très petit vu du dehors
Et sans limite vu du dedans...
...

Paule Doyon est une poète québécoise. Son site est  ici



N° spécial Gérard le Gouic: Territoriales insomnies (poèmes inédits)

Encres Vives n° 296

Les foules myopes de l'été
déambulent d'un pas de somnambule.
Les sites, les monuments les attirent,
la pluie les regroupe en boule.

Les foules de l'été pensent
ensemble la même chose,
elles boivent et chantent
pour peu de chose.

Que nous sommes heureuses,
écrivent-elles sur la carte postale,
on a tout oublié.
Savaient-elles ce qu'elles avaient à effacer,
à perdre dans le sable
des matins qui se ressemblent?

*
Mon Dieu accordez-moi le pain
de mon poème quotidien,
un poème rond comme une bouchée,
un poème de quelques vers,
de rien du tout en somme,
dans lequel je verrai cependant
battre le coeur
et s'éclaircir le regard du monde.



Christian Saint-Paul: Des bris de jours

Encres Vives n° 297
...
Dans ta voix consommée
j'entends notre indéfectible complicité
et pourtant je vais marier ma route
à de nouveaux chants féminins
que je taille en brèches
pour te glisser dans leurs failles
comme le livre unique
de la pérennité.
...
Ton expression enfantine
réduit les gestes au silence
et tu pleures sur ma poitrine
à la fin du film.
...
Je te rejoins dans le corset des phrases
...
Je ne sais comment tuer
la lumière de ton sourire
ou ton visage en larmes
...
Mes poings durcis dans les poches
couvent l'impatience
de se déployer en caresses.

Voir aussi  ici



Poésie algérienne d'aujourd'hui - Anthologie d'Abdelmadjid Kaouah

Encres Vives n° 298

Mourad Bourboune

Il dit
Seigneur
Je vous rapporte
Intacte
Ma part de haine
Comptez!
Je n'ai rien dépensé.
______________________________________
Tahar Djaout

...
Le linge de famille se lave dans le sang
...
______________________________________
Yacine Kateb

Scorpion

Pareil au scorpion
Toute colère dehors
J'avance avec le feu du jour
Et le premier esclave que je rencontre
Je le remplis de ma violence
Je le pousse en avant ma lance déployée
Et que la verve des scorpions le prenne
Et que le vent du feu l'enlève
Chaque jour plus léger
______________________________________
Arezki Metref

Il y a des cigarettes pour toute la nuit
l'insomnie se penche sur le feu
pour se mirer dans la braise
lui, l'homme des vieux âges
celui qui est passé par tous les gués
porte encore son sang de mercure
il est enfin libéré
il faudra bien partir au matin
avec ce morceau de lune au-dessus du canal
______________________________________
Jean Senac

Matinale de mon peuple

...
Parle ô tranquille fleur tisseuse de promesses
prélude au sûr éveil de l'orge
dis que bientôt l'acier refusera la gorge
...

Je chante l'homme de transition
coeur abîmé, plaies
voyantes.
Je récuse l'horreur qui nous a frappés à la source,
la parole envenimée dont notre bouche a pris le charme.
...
_______________________________________
Hamid Tibouchi

maintenant que la mort
nous met un peu plus de noir dans l'oeil
un peu plus de neige aux cheveux
qu'avons-nous gardé des étreintes
des lassis nus de nos nuits
quel goût nous reste-t-il aux lèvres
de tous les fruits mordus
et des baisers renouvelés



Dans le n° 2 de Nu(e)

Trois citations de Raymond Jean

 Paul Eluard

Toute nue, toute nue, tes seins sont plus fragiles que le parfum de l'herbe gelée et ils supportent tes épaules. Toute nue. Tu enlèves ta robe et c'est la chute d'une ombre sur un corps...
____________________________________
René Char

Porteront rameaux ceux dont l'endurance sait user la nuit noueuse qui précède et suit l'éclair.
____________________________________
Paul Valéry

Une femme se met nue, c'est comme si elle entrait en scène.
____________________________________
Maryline Desbiolles

Le goinfre (extrait)

...Nous en avons assez de ce que nous savons sur nous-mêmes, nous en avons assez de savoir que nous avons porté de beaux habits, que notre langage a été châtié. Il nous faut trouver notre beauté, indisciplinée et soumise à la fois, ah je ne sais plus, je suis fatigué, qu'on m'endorme, qu'on me tue. Je vois bien que toutes les courses du monde, toutes les goinfreries du monde n'y feront rien, je n'ai pas de paix; c'est ma rage que je nourris. C'est ma rage que je nourris, je ne sais pas qu'en faire, elle me meurtrit, elle se retourne contre moi, qu'on me donne des habits militaires, qu'on me donne des habits camouflés, qu'on me donne des grenades, qu'on me donne de les lancer à l'aveuglette sur des collines enténébrées et qu'on me pende pour l'avoir demandé. Qu'on m'endorme, qu'on me tue, je vois bien que rien n'y fera, même pendu, la langue prête à se séparer de moi, bleue comme un mauvais vin, gonflée, grotesque, je vois bien que même pendu, ce sera la rage qui me fera tressauter l'ultime fois. La paix, je l'oublie, elle ne me laisse pas d'empreintes, je ne cours qu'après elle mais sitôt saisie, je ne la connais plus. Qu'on m'endorme, qu'on me tue, qu'on me tonde comme une femme, qu'on m'accroche un écriteau autour du cou et qu'on me pousse dans les rues, qu'on me rudoie, qu'on me donne des coups de crosse dans les côtes, qu'on me tonde comme une femme. Qu'on me salisse, que par tous les moyens on déloge ma rage, qu'on me la fasse porter dessus, on n'y parviendra pas. Qu'on me prenne par la douceur, qu'on me soûle, qu'on me fasse tout avouer. La rage a ceci de particulier, c'est que même sortie cent fois de vous, elle s'incruste plus loin, plus dissimulée en vous comme une crasse. La lumière gagne en rondeur, elle s'attendrit sur nous, pauvres marcheurs, la chaleur est moins forte. Nous en avons assez de ce que nous savons sur nous-mêmes...
_____________________________________
Tor Jonsson

Oiseau blancs

Vers toi
volent mes pensées
Les oiseaux blancs
quittent leur volière

Un jour je te rencontrerai
dans cet endroit tranquille
là où les oiseaux blancs
chantent dans les arbres.

Tor Jonsson est un poète norvégien.
Le poème a été traduit par Camilla Gjorven, mais je l'ai librement réinterprété.



Michel Héroult: Quatre temps du poème

Éditions du Soleil Natal

un animal sommeille au coeur de chaque pierre
                                   *
Aveugle je porte mes pas dans ceux de la mort
                                   *
Une éponge - en nos têtes - se dessèche
mais nous sauvons les apparences
                                   *
Ce ne sont plus les chevaux que l'on ferre
ni les croix des églises que l'on vénère
dans de petits villages
les tracteurs froids remplacent les bêtes fumantes
à l'ombre des places
les vieux parlent à voix basse
d'un monde qui se meurt - qui s'éteint

Mais dans la nuit qui bouge
les lueurs sont toujours brèves
quand les nuages chassent la lune
pas un brin d'herbe sauvage ne pousse plus vite
pas une branche ne cesse de ployer sous le vent
pas un insecte ne renie le soleil

l'homme n'a rien changé
                                *
Je porte la guerre en moi comme un outrage
comme un bandeau sur l'oeil
                                *
Un signe s'inscrit au front
de l'inconnaissable
qui marche sur le sable
dans l'amitié des ombres
                                *
Dans cette maison les meubles pèsent leur poids
                               *
Des oiseaux de mer passent
le cri au bec
                              *
L'oiseau exile notre amour par son absence prolongée
                              *
Ma joie n'est qu'un enfant qui marche dans mon sang

Comment rendre en quelques vers glanés ici et là le charme secret de ces poèmes? J'ai fait ce que j'ai pu!



César Bianchi

arbre sans ombres
la brume de l'automne
mon unique abri

César Bianchi est un poète argentin. On peut lire ses textes sur Portail de Poésie



Dans le n° 151 de Traces

Ch. Rohu
...
Soir d'automne
L'ombre allonge le pas
...
Au cimetière
mon oncle mal aimé
enfin couvert de fleurs
_______________________________
P. Y. Thomas
...
Ton coeur battait si fort
Quand ta bouche a mordu
La clarté de son sourire.
...
_______________________________
Bernadette Throo  citée par Béatrice Gaudy

Nous habitons dans le XXe:
un quartier plutôt mal famé
L'usage veut qu'on y étrangle
les plus tendres des résidents
et qu'on s'habille de leur sang.
Pour ne plus voir les corps se tordre,
pour ne plus entendre crier,
j'ai muré fenêtres est portes
et fait grimper jusqu'aux terrasses
l'ampélopsis et les rosiers.
Nous habitons dans le XXe:
un siècle plutôt mal famé.

Toute une vie pour accoucher de soi!
__________________________________________
Michel Monnereau  cité par Jean Chatard

Demain déjà prend sa mesure au coeur du grain
__________________________________________
Éric Savina

Des Mots

J'écris avec des mots que je voudrais crier. Ma plume est plus sûre que les mots dans ma bouche. J'écris des mots que j'hésite à montrer, parce qu'ils sont parfois plus forts que des cris.
_________________________________________
Michel François Lavaur

Il y a quelqu'un / dans l'ombre au fond du couloir. / C'est moi, dit l'horloge.

Il porte l'appel / des grands loups de la toundra / le vent sur la neige.


Julia Otxoa

Parfois je laisse la bête féroce
passer la patte par la fenêtre
et me remuer la soupe,

plus tard, quand elle s'éloigne à nouveau
en direction de la mélancolie,
il reste un peu de poils dans mon assiette,
une navigation à la dérive,
un idiome étranger et nécessaire

D'autres poèmes de Julia Otxoa peuvent être lus sur  Portal de Poesia



Laurent Margantin: Venir au vent

Encres Vives n° 299
 
Au confluent 
... 
il faut des traversées et des passages, 
il faut des visages endoloris par le voyage 
et heureux de leur ancienne douleur, 
il faut de ces hommes qui ne sont pas restés, 
qui n'ont pas eu la patience 
des notaires et des boulangers. 
... 
des femmes sur les péniches 
attachent leur linge, 
il fait froid le vent souffle, 
"un bon temps pour partir" 
me murmure une voix inconnue, 
... 

Venir au vent 
... 
(tous ces livres qu'ont lit 
pour déchiffrer sa propre langue, 
celle d'un corps dans l'espace, 
et qui nous rendent parfois muets) 
...



Le comité de rédaction d'Encres Vives: 300ème Encres Vives

Encres Vives n° 300

Dans ce numéro figurent des inédits de Jacques Lovichi, Annie Briet, Jacqueline Saint-Jean, Jean-Louis Clarac, Michel Cosem, Chantal Danjou, Michel Dugué, Gilles Lades, Christian Saint-Paul. Jacques Lovichi a obtenu le prix de l'Académie Mallarmé 2002 pour l'ensemble de son oeuvre poétique à l'occasion de la publication de son anthologie personnelle "Les derniers retranchements" parue au Cherche Midi.

Jacques Lovichi
...
Sous le mont chapé de neige
l'arbre fée
trame ses pièges
et devient mat-amiral
où frissonne
vaste voile
et claque à perdre raison
l'immémoriale toison

Voile noire
voile
noire.
...
__________________________
Annie Briet

Stupéfiante nouvelle

Ce matin
nous avons laissé ouverte la porte du puits
ses gonds ont grincé avec la langue d'autrefois
nous avons bu à sa bouche d'ombre
pour recueillir l'imaginaire de l'eau
Désert de cet été au coeur sec
comme une saison sans nouvelles humaines
Le soleil est en croisade
Partout, la soif, la langue de chienne, traîne par terre.
____________________________________________
Christian Saint-Paul

...
Nous sommes nés de ces heures dérobées aux autres
...



Jean-Louis Clarac: Laisses brisée

Encres Vives n° 301

Décantations
...
Où que tu ailles
les miroirs des villes
brisent les traits
de ton identité
...

Poèmes noirs
...
On nous fait prendre la vie pour ce qu'elle n'est pas
parfois elle se dévoile
oh si peu
pour se briser
sur les remparts de l'ordre
...



Dans le n° 4 (Décembre 2003) d'Alter Texto

Luci-Louve Mathieu

A Poings fermés...

à poings fermés
je suivrai les tambours
au coeur de ma mère.

sans voix,
le ventre des femmes
s'étire, se tend.

naître d'une plume,
sous un ciel arrondi
déjà écrit.

Luci-Louve Mathieu est une poète amérindienne, montagnaise, du Québec. On peut lire d'autres textes de L.-L. Mathieu  ici
Dans ce numéro d'Alter Texto figurent également des textes de Paul Fenoult et Xavier Jardin.

Le site d'Alter Texto est  ici



Théo Crassas: Cavales de safran

L'Appel A la Déconstruction
 
Je voudrais percer
les fenêtres qui enferment
afin de recevoir la lumière
tombant du nimbe des astres
et d'affronter le vent de Mars
comme un éveil de premier matin!
.
Je voudrais percer
les portes qui condamnent
afin que les arbres
du jardin de l'absolu
portent des grenades!
.
Je voudrais percer
les murs qui se taisent
afin de parler à toutes les aimées
du monde!
...
Le site de Théo Crassas est  ici



Jean-Michel Bongiraud: Les mots du manoeuvre

L'épi de seigle
60 rue Delecourt
59130 - Lambersart
epids@yahoo.fr

Maréchal-Ferrant

Dans quel monde habites-tu maintenant, toi le maréchal-ferrant de mon village? Je t'ai vu ferrer de beaux chevaux de trait, de fringantes juments. Vous étiez les uns et les autres en atelier de connaissance.

Encore longtemps je me souviendrai de cette odeur de fer brûlé et de corne chauffée que j'aimais respirer. Le doux hennissement du cheval. La tape que tu lui donnais sur la croupe. De cette complicité entre toi et la bête.

On ne ferre plus actuellement. En avion, en voiture ou en train, on voyage. Plus vite, bien plus vite. On a rapproché les distances. Égaré les coeurs. Perdu les corps. Oublié la vie.



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