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S'admirer dans la cendre. Le gris nous va si bien.
Extrait de la Liste de Poésie
- juillet 2003
Cristaux
à Quai
...
j'entends les tout petits secrets
que la neige glisse aux oreilles.
...
Après, nous irons prier dans le paysage,
en mâchonnant de lentes tiges sous la
pluie.
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Alain-Michel
Boyer
Express
...
Chaque regard
Te multiplie, tu sens naître en toi
Des êtres différents.
Extraits de "Quais et autres
Rivages" - Simili-Type
Couleur dite/Parole peinte
- Montragny - 24750 - Cornille
Comment est-elle
Acupunctures de rayons cosmiques
réalisme: la poésie comment
est-elle
inscriptions rupestres à la pointe
de la langue
poésie de bouche-à-bouche: dans
la dernière alvéole du poumon
comment est-elle (la poésie)
feu (elle est)
feu
(la poésie)
feu
Sao Paulo, Brésil (16 août 2003). Le poète Haroldo de Campos, un des fondateurs du mouvement "Concretista" brésilien, est décédé aujourd'hui dans un hôpital de Sao Paulo, trois jours avant d'atteindre ses 74 ans.
Natif de Sao Paulo, Haroldo des Campos vit le jour le 19 août 1929. Avec son frère Augusto de Campos et le poète Decio Pignatari, ils créèrent, en 1952, le groupe "Noigandres" qui, quatre années plus tard, lança le mouvement de poésie concrète du Brésil. Ce mouvement partait du principe de l'existence d'une crise de la versification et prônait la recherche de nouvelles formes de structure poétique.
Campos édita son premier livre, "Auto do Possesso", en 1950, et, durant les décennies suivantes, il publia plus de trente ouvrages de poésie, d'essais et de traductions en langue portugaise des oeuvres de James Joyce, Dante Allighieri et Ezra Pound. Il est également l'auteur d'une version poétique de fragments de la Bible.
Quelque chose
Quelque chose de toi, bien que changé,
demeure en moi.
Cela vient avec la mer, dans la langue surprenante
de personnages que je ne reconnais pas
et qui cependant chaque jour rôdent
autour de moi,
à travers le sempiternel combat de
la vie
et du désir de vivre.
Quelquefois aussi quelque chose de moi reste
avec toi.
Si c'est ainsi, comme un chien qui renifle
dans les ruelles,
je pourrai te suivre à la trace et
finir par te retrouver
un de ces jours, pour recevoir la lumière
et l'éclat
de tout le monde que tu portes en toi
ou au moins ses débris de matière
enchantée.
Giraffe ou giraphe ?
Avec deux f une girafe
C'est une faute d'orthographe
Ou bien alors c'est en anglais
Et là, la question est réglée
.
Avec ph une girafe
Se prendrait pour le photographe
C'est vrai que ça doit être beau
De prendre des photos d'en haut
Poème lu sur la Liste
de Poésie. Michel Astre est instituteur.
...
Ce matin, le jardin public est muet de neiges.
...
Sommier métallique comme une sécheresse
...
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Andrée
Marik
Une douzaine d'huîtres
et moi
treize à table
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Claude
Cailleau
Ce pas tranquille sur la route,
ce n'est pas lui, ce n'est pas toi.
Peut-être un jour saura-t-il revenir,
que le passé visite ton futur.
D'autres textes de ce poète sont ici
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Amandine
Marembert citée par
Béatrice Gaudy
Mon choix / s'est orienté / vers ta peau / de vélin surfin / tirée / à un seul / exemplaire / et que j'ai pris / soin / de relier / à la mienne
Il t'arrive / d'embrasser / du regard / un carré d'herbe / triangulaire
L'odeur de la pelouse / fraîchement coupée / entre par les fenêtres grandes ouvertes / le ronronnement électrique / du rasoir sur ta joue / prolonge / celui de la tondeuse à gazon
Extraits d'Éclairs
- Éditions Contre-allées - 67, rue de Nohanent - 63100 -
Clermont-Ferrand
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Claudine
Goux citée par
M.-F. Lavaur
La
fatigue
...
Parfois on demande aux dieux
s'il ne vaudrait pas mieux,
mourir entier
plutôt que de perdre une à une
nos dernières dents.
Les
feuilles de menthe
les feuilles de
menthe
les fleurs de jasmin dégagent de tes mains un parfum subversif depuis que tu as réinventé les baobabs ... |
Derrière le temps (extrait)
...
Comprendre
Que l'homme est très petit vu du dehors
Et sans limite vu du dedans...
...
Paule Doyon est une poète
québécoise. Son site est
ici
Encres Vives n° 296
Les foules myopes de l'été
déambulent d'un pas de somnambule.
Les sites, les monuments les attirent,
la pluie les regroupe en boule.
Les foules de l'été pensent
ensemble la même chose,
elles boivent et chantent
pour peu de chose.
Que nous sommes heureuses,
écrivent-elles sur la carte postale,
on a tout oublié.
Savaient-elles ce qu'elles avaient à
effacer,
à perdre dans le sable
des matins qui se ressemblent?
*
Mon Dieu accordez-moi le pain
de mon poème quotidien,
un poème rond comme une bouchée,
un poème de quelques vers,
de rien du tout en somme,
dans lequel je verrai cependant
battre le coeur
et s'éclaircir le regard du monde.
Encres Vives n°
297
...
Dans ta voix consommée
j'entends notre indéfectible complicité
et pourtant je vais marier ma route
à de nouveaux chants féminins
que je taille en brèches
pour te glisser dans leurs failles
comme le livre unique
de la pérennité.
...
Ton expression enfantine
réduit les gestes au silence
et tu pleures sur ma poitrine
à la fin du film.
...
Je te rejoins dans le corset des phrases
...
Je ne sais comment tuer
la lumière de ton sourire
ou ton visage en larmes
...
Mes poings durcis dans les poches
couvent l'impatience
de se déployer en caresses.
Voir aussi
ici
Encres Vives n° 298
Il dit
Seigneur
Je vous rapporte
Intacte
Ma part de haine
Comptez!
Je n'ai rien dépensé.
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Tahar
Djaout
...
Le linge de famille se lave dans le sang
...
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Yacine
Kateb
Scorpion
Pareil au scorpion
Toute colère dehors
J'avance avec le feu du jour
Et le premier esclave que je rencontre
Je le remplis de ma violence
Je le pousse en avant ma lance déployée
Et que la verve des scorpions le prenne
Et que le vent du feu l'enlève
Chaque jour plus léger
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Arezki
Metref
Il y a des cigarettes pour toute la nuit
l'insomnie se penche sur le feu
pour se mirer dans la braise
lui, l'homme des vieux âges
celui qui est passé par tous les gués
porte encore son sang de mercure
il est enfin libéré
il faudra bien partir au matin
avec ce morceau de lune au-dessus du canal
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Jean
Senac
Matinale de mon peuple
...
Parle ô tranquille fleur tisseuse de
promesses
prélude au sûr éveil de
l'orge
dis que bientôt l'acier refusera la
gorge
...
Je chante l'homme de transition
coeur abîmé, plaies
voyantes.
Je récuse l'horreur qui nous a frappés
à la source,
la parole envenimée dont notre bouche
a pris le charme.
...
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Hamid
Tibouchi
maintenant que la mort
nous met un peu plus de noir dans l'oeil
un peu plus de neige aux cheveux
qu'avons-nous gardé des étreintes
des lassis nus de nos nuits
quel goût nous reste-t-il aux lèvres
de tous les fruits mordus
et des baisers renouvelés
Trois citations de Raymond Jean
Toute nue, toute nue, tes seins sont plus fragiles
que le parfum de l'herbe gelée et ils supportent tes épaules.
Toute nue. Tu enlèves ta robe et c'est la chute d'une ombre sur
un corps...
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René
Char
Porteront rameaux ceux dont l'endurance sait
user la nuit noueuse qui précède et suit l'éclair.
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Paul
Valéry
Une femme se met nue, c'est comme si elle entrait
en scène.
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Maryline
Desbiolles
Le goinfre (extrait)
...Nous en avons assez de ce que nous savons
sur nous-mêmes, nous en avons assez de savoir que nous avons porté
de beaux habits, que notre langage a été châtié.
Il nous faut trouver notre beauté, indisciplinée et soumise
à la fois, ah je ne sais plus, je suis fatigué, qu'on m'endorme,
qu'on me tue. Je vois bien que toutes les courses du monde, toutes les
goinfreries du monde n'y feront rien, je n'ai pas de paix; c'est ma rage
que je nourris. C'est ma rage que je nourris, je ne sais pas qu'en faire,
elle me meurtrit, elle se retourne contre moi, qu'on me donne des habits
militaires, qu'on me donne des habits camouflés, qu'on me donne
des grenades, qu'on me donne de les lancer à l'aveuglette sur des
collines enténébrées et qu'on me pende pour l'avoir
demandé. Qu'on m'endorme, qu'on me tue, je vois bien que rien n'y
fera, même pendu, la langue prête à se séparer
de moi, bleue comme un mauvais vin, gonflée, grotesque, je vois
bien que même pendu, ce sera la rage qui me fera tressauter l'ultime
fois. La paix, je l'oublie, elle ne me laisse pas d'empreintes, je ne cours
qu'après elle mais sitôt saisie, je ne la connais plus. Qu'on
m'endorme, qu'on me tue, qu'on me tonde comme une femme, qu'on m'accroche
un écriteau autour du cou et qu'on me pousse dans les rues, qu'on
me rudoie, qu'on me donne des coups de crosse dans les côtes, qu'on
me tonde comme une femme. Qu'on me salisse, que par tous les moyens on
déloge ma rage, qu'on me la fasse porter dessus, on n'y parviendra
pas. Qu'on me prenne par la douceur, qu'on me soûle, qu'on me fasse
tout avouer. La rage a ceci de particulier, c'est que même sortie
cent fois de vous, elle s'incruste plus loin, plus dissimulée en
vous comme une crasse. La lumière gagne en rondeur, elle s'attendrit
sur nous, pauvres marcheurs, la chaleur est moins forte. Nous en avons
assez de ce que nous savons sur nous-mêmes...
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Tor
Jonsson
Oiseau blancs
Vers toi
volent mes pensées
Les oiseaux blancs
quittent leur volière
Un jour je te rencontrerai
dans cet endroit tranquille
là où les oiseaux blancs
chantent dans les arbres.
Tor Jonsson est un poète
norvégien.
Le poème a été
traduit par Camilla Gjorven, mais je l'ai librement réinterprété.
Éditions du Soleil Natal
un animal sommeille au coeur de chaque pierre
*
Aveugle je porte mes pas dans ceux de la mort
*
Une éponge - en nos têtes - se
dessèche
mais nous sauvons les apparences
*
Ce ne sont plus les chevaux que l'on ferre
ni les croix des églises que l'on vénère
dans de petits villages
les tracteurs froids remplacent les bêtes
fumantes
à l'ombre des places
les vieux parlent à voix basse
d'un monde qui se meurt - qui s'éteint
Mais dans la nuit qui bouge
les lueurs sont toujours brèves
quand les nuages chassent la lune
pas un brin d'herbe sauvage ne pousse plus
vite
pas une branche ne cesse de ployer sous le
vent
pas un insecte ne renie le soleil
l'homme n'a rien changé
*
Je porte la guerre en moi comme un outrage
comme un bandeau sur l'oeil
*
Un signe s'inscrit au front
de l'inconnaissable
qui marche sur le sable
dans l'amitié des ombres
*
Dans cette maison les meubles pèsent
leur poids
*
Des oiseaux de mer passent
le cri au bec
*
L'oiseau exile notre amour par son absence
prolongée
*
Ma joie n'est qu'un enfant qui marche dans
mon sang
Comment rendre en quelques
vers glanés ici et là le charme secret de ces poèmes?
J'ai fait ce que j'ai pu!
arbre sans ombres
la brume de l'automne
mon unique abri
César Bianchi est un
poète argentin. On peut lire ses textes sur
Portail de Poésie
Ch.
Rohu
...
Soir d'automne
L'ombre allonge le pas
...
Au cimetière
mon oncle mal aimé
enfin couvert de fleurs
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P.
Y. Thomas
...
Ton coeur battait si fort
Quand ta bouche a mordu
La clarté de son sourire.
...
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Bernadette
Throo citée par
Béatrice Gaudy
Nous habitons dans le XXe:
un quartier plutôt mal famé
L'usage veut qu'on y étrangle
les plus tendres des résidents
et qu'on s'habille de leur sang.
Pour ne plus voir les corps se tordre,
pour ne plus entendre crier,
j'ai muré fenêtres est portes
et fait grimper jusqu'aux terrasses
l'ampélopsis et les rosiers.
Nous habitons dans le XXe:
un siècle plutôt mal famé.
Toute une vie pour accoucher de soi!
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Michel
Monnereau cité par
Jean Chatard
Demain déjà prend sa mesure au
coeur du grain
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Éric
Savina
Des Mots
J'écris avec des mots que je voudrais
crier. Ma plume est plus sûre que les mots dans ma bouche. J'écris
des mots que j'hésite à montrer, parce qu'ils sont parfois
plus forts que des cris.
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Michel
François Lavaur
Il y a quelqu'un / dans l'ombre au fond du couloir. / C'est moi, dit l'horloge.
Il porte l'appel / des grands loups de la toundra
/ le vent sur la neige.
Parfois je laisse la bête féroce
passer la patte par la fenêtre
et me remuer la soupe,
plus tard, quand elle s'éloigne à
nouveau
en direction de la mélancolie,
il reste un peu de poils dans mon assiette,
une navigation à la dérive,
un idiome étranger et nécessaire
D'autres poèmes de
Julia Otxoa peuvent être lus sur
Portal
de Poesia
Encres Vives n°
299
Au
confluent
... il faut des traversées et des passages, il faut des visages endoloris par le voyage et heureux de leur ancienne douleur, il faut de ces hommes qui ne sont pas restés, qui n'ont pas eu la patience des notaires et des boulangers. ... des femmes sur les péniches attachent leur linge, il fait froid le vent souffle, "un bon temps pour partir" me murmure une voix inconnue, ... Venir
au vent
|
Encres Vives n° 300
Dans ce numéro figurent des inédits de Jacques Lovichi, Annie Briet, Jacqueline Saint-Jean, Jean-Louis Clarac, Michel Cosem, Chantal Danjou, Michel Dugué, Gilles Lades, Christian Saint-Paul. Jacques Lovichi a obtenu le prix de l'Académie Mallarmé 2002 pour l'ensemble de son oeuvre poétique à l'occasion de la publication de son anthologie personnelle "Les derniers retranchements" parue au Cherche Midi.
Jacques Lovichi
...
Sous le mont chapé de neige
l'arbre fée
trame ses pièges
et devient mat-amiral
où frissonne
vaste voile
et claque à perdre raison
l'immémoriale toison
Voile noire
voile
noire.
...
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Annie Briet
Stupéfiante nouvelle
Ce matin
nous avons laissé ouverte la porte
du puits
ses gonds ont grincé avec la langue
d'autrefois
nous avons bu à sa bouche d'ombre
pour recueillir l'imaginaire de l'eau
Désert de cet été au
coeur sec
comme une saison sans nouvelles humaines
Le soleil est en croisade
Partout, la soif, la langue de chienne, traîne
par terre.
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Christian Saint-Paul
...
Nous sommes nés de ces heures dérobées
aux autres
...
Encres Vives n° 301
Décantations
...
Où que tu ailles
les miroirs des villes
brisent les traits
de ton identité
...
Poèmes
noirs
...
On nous fait prendre la vie pour ce qu'elle
n'est pas
parfois elle se dévoile
oh si peu
pour se briser
sur les remparts de l'ordre
...
A Poings fermés...
à poings fermés
je suivrai les tambours
au coeur de ma mère.
sans voix,
le ventre des femmes
s'étire, se tend.
naître d'une plume,
sous un ciel arrondi
déjà écrit.
Luci-Louve Mathieu est une
poète amérindienne, montagnaise, du Québec. On peut
lire d'autres textes de L.-L. Mathieu ici
Dans ce numéro d'Alter
Texto figurent également des textes de Paul
Fenoult et Xavier
Jardin.
Le site d'Alter Texto est
ici
L'Appel A la Déconstruction
|
L'épi de seigle
60 rue Delecourt
59130 - Lambersart
epids@yahoo.fr
Maréchal-Ferrant
Dans quel monde habites-tu maintenant, toi le maréchal-ferrant de mon village? Je t'ai vu ferrer de beaux chevaux de trait, de fringantes juments. Vous étiez les uns et les autres en atelier de connaissance.
Encore longtemps je me souviendrai de cette odeur de fer brûlé et de corne chauffée que j'aimais respirer. Le doux hennissement du cheval. La tape que tu lui donnais sur la croupe. De cette complicité entre toi et la bête.
On ne ferre plus actuellement. En avion, en
voiture ou en train, on voyage. Plus vite, bien plus vite. On a rapproché
les distances. Égaré les coeurs. Perdu les corps. Oublié
la vie.