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11 septembre 2001
...
sous les débris
gisent des corps
pleins de questions
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Vaisselle - / Deux verres emboîtés / inséparables...
Grande agitation / dans le buisson de lavande
/ les ailes bourdonnent
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la mémoire encombrante
vous empêche d'oublier
tout ce que vous aimeriez bien
que les autres
ignorent
de vous
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Jean-Claude Touzeil cité par MFL
Le soir les menhirs / se racontent des histoires / à dormir debout
Voir aussi ci-après
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La poésie
ne vaut
rien
ne vaut
la poésie
(Claude Seyve est décédé
en juillet 2001)
Des forêts. Au désert comme dans les villes. Où le rebelle vit caché. Sous le masque de quelque profession.
(Citation de Jeanine Baude)
Souvent elles reviennent après
longtemps
sur la page inondée
entre l'ombre
l'énigme
la science
les vagues de feu
sur lesquelles la pensée danse
(Inédit)
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Jean-Claude
Touzeil
La Luciole
...
As-tu vu
La luciole
Qui clignote
dans la nuit?
C'est peut-être
Une ambulance
Qui transporte
Une souris.
As-tu vu
La luciole
Qui clignote
dans la nuit?
C'est peut-être
Pour un poète
Qu'on emmène
Au paradis.
Vengeance
Tapis
Sous les feuilles
Les cornichons
Jouent à cache-cache
Avec le jardinier
...
(Inédits)
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Poésie - mode d'emploi
La poésie, on ne sait pas ce que c'est, mais on la reconnaît quand on la rencontre.
Le poète, c'est quelqu'un qui se lève la nuit pour écrire. D'autres se lèvent pour d'autres raisons mais l'envie est aussi urgente.
Le laid n'est pas si moche, c'est pas ce qu'il y a de pis, c'est avec du laid que je fais mon beurre.
... Un vers trop... poli ne peut pas être
au net. Méfiez-vous des vers luisants! ...
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Un militant
Le cierge sur le tonneau de mélinite, les auditeurs n'y croyaient pas. Conférencier-pacifiste-itinérant, j'invitais les états-majors à venir m'écouter en famille. Tous pensaient que la bougie marquait la fin des enchères.
La flamme au bord du gouffre, je prétextais
un document resté dans ma voiture et démarrais dans la joie
de l'explosion finale.
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Entre quatre murs, le monde
... On dirait qu'être m'éprouve....
... Écrire ne sauve rien. Écrire
donne au contraire des contours tellement nets que je vois encore mieux
l'abîme que je viens à peine d'éviter, mais où
je risque toujours de tomber définitivement. Les mots le bordent....
... Écrire agrandit le vide qui cherche
ses limites en moi....
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va de l'avant
ne te retourne pas
ce que tu crois laisser derrière
toi
en réalité te précède
Extrait de: Le Livre
des Déambulations, Ed. de l'Arbre à paroles
N° 278 d'Encres Vives
...
Sur les ailes de la parole
Le secret vivace
Dont on n'a pas ouverture
Le primat du scellé
Dans l'âme
...
Toi qui entends le feu
Dans la pierre rongée
Les chevaux des nuages
Passeront en pluie
Sur tes joues
...
Et puis cela ne vient pas
D'une source
qu'on a rejointe
Les oiseaux nourrissent le silence
____________________________
pose ta main sur mes absences
ton sourire de feuille blanche
sur la pointe de mes hanches
amène-moi vers ta bouche
comme un quartier d'orange
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Janvier
Saurons-nous verser dans l'oreille du monde
quelques mots silencieux
quelques lignes secrètes,
quelques rythmes issus du plus intime de notre
chair,
à cette limite où elle reste
pure
Long silence des choses dans leur obscurité
_____________________________
La rencontre solitaire des arbres
Dans les pollens qui les accouplent
_____________________________
Le grand sourire sur toutes choses
à la cime d'un arbre presque bleu
comme un petit enfant
tenu à bout de bras
pauvre soleil nu de l'épiphanie
N° 280 d'Encres Vives
...
Dans la prunelle du vide
le présent toujours reverdit
...
le fond du fond est le pinacle
...
Dans les jarres l'eau se tait
consciente de sa mémoire ancestrale
...
Le silence est devenu notre absolu
...
Tu t'inclines devant l'insecte en prière
...
Les yeux clos
on entend guérir les herbes
...
Les montagnes tressaillent
et les images tremblent comme un paysage
derrière une flamme
...
La mort est l'éblouissant retour d'une
semence
dans les entrailles de l'avenir
...
Lait fromage essences de neige et de lune
...
contes à dormir debout
pour éveiller
...
L'ombre des graminées sautille sur
le roc
...
L'exacte épure du désir
répond au cloître des abeilles
...
la cruche qui se fêle
émet un appel lancinant
Le seul événement est le son
Pour lire des poèmes
de F. Y. Caroutch, cliquez
ici
Encres Vives
Collection Encres
Blanches
...
Toi seule, ô femme
dont les trous du corps
sont les Portes de Grenade,
toi seule, dis-je
connais ma peine
de savoir ma parole
puissamment bâtie
impuissante à défier
mes négateurs
et à déferler
dans le ciel noir
des métropoles modernes,
crues rimbaldiennes,
où l'homme terrestre
est un esclave nègre
à qui ses maîtres
ne pardonnent aucune faiblesse,
...
N° 281 d'Encres Vives
Hommage au homard
au fond gris de l'aquarium
pierre vivante et subtile chassée
de l'océan
oublié des regards
d'humains dédaigneux
préférant les rouges algues
diaphanes
à ce sortilège minéral
qui voudrait vivre
et finira un soir ébouillanté.
(Groix, 30 décembre 2001)
Pour lire un autre extrait
de Laurent Bourdelas, cliquez ici
N° 282 d'Encres Vives
Quand le jour meurt
d'un peu d'ombre, d'un peu d'ennui,
d'un feu de pluie sur les visages,
pour une soirée de quête encore,
tu t'enfermes, protégé par
l'aube paisible des lampes.
C'est ainsi depuis des années. Le
bureau-bibliothèque en haut de la maison, grand ouvert sur les pièces
du bas. Des livres tout autour. Des photos de famille. Mon père,
mort en 1984, qui me sourit, en noir et blanc.
... Entrer dans le poème, c'est faire
acte de connaissance.
J'ai toujours vécu au milieu des enfants, ombres menues mais si présentes. L'une plus que les autres: la silhouette frêle qui autrefois m'apparaissait dans le miroir chaque matin. Et mon émerveillement d'avoir encore à vivre...
D'autres textes de ce poète sont ici
N° 283 d'Encres Vives
... le parfum est quelque chose
qui tient de la peau de l'ange.
...
...
Je m'attriste et je caresse tous les animaux
de la terre. Arrivent des chats affamés
des taureaux sauvages, des lions de mer et
des sirènes qui croient
être aimées par des hommes qui
ne s'immergèrent jamais
dans les eaux salées de leur enfance
malheureuse.
...
Rose Ausländer citée par Michel Lemercier
Le Joug de la pucelle
Glacier
grotte bleue contre le ciel
Figée dans sa parure de satin
l'épousée de glace
aux cuisses de neige
gelées
ouvertes
scintillantes d'étoiles
Amour
Nous nous retrouverons
au sein du lac
toi l'eau
moi fleur de lotus
Tu me porteras
je te boirai
Nous serons l'un à l'autre
aux yeux de tous
Les étoiles elles-mêmes
seront dans l'étonnement
deux êtres
métamorphosés
sont retournés au rêve
qui les a élus
En ces années-là
En ces années-là
le temps était gelé
s'étendait la glace à perte
d'âme
Aux toits
pendaient des poignards
la ville était en verre de gel
les hommes traînaient
des sacs remplis de neige
à des bûchers de glace
.....
La glace se propageait à foison
et ses racines blanches
envahissaient
la moelle de nos années
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Pascal
d'Aubriac
A l'approche
du jour
à ma mère
Et la nuit sème douce
Une lampe où se reconnaître
.....
Voici l'heure très simple
Où le poème boit
La détresse du monde
Afin que toute chair
Se délivre et s'enchante.
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Jean-Louis
Bernard
Pays tissé d'affûts
où s'affranchit le souffle
halte de lande et de vent
pays né du seuil et de l'arbre
dans l'antichambre du silence
.....
.....
voix égarée
dans les cavernes du sommeil
et pourtant attentive
aux décrets de la nuit
.....
Jean-Louis Bernard est lauréat
du prix Simone de Carfort 2001 (Fondation de France)
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Christian
Bulting
J'écris des textes de plus en plus courts.
Les appeler texticules passerait pour de la provocation. Je les nomme minis.
Comme dans mini jupe: le maximum d'expression pour le minimum de tissu.
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Jean-Louis
Depierris (1931-2001)
Crypte altérée
Est-ce vrai que ton cri
Enfoui sous la mer
Se retire le jour
Vers des plis de blessures
Et suinte la nuit
Aux alcôves des bouges
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Bernard
Jourdan
.....
Comme de si longtemps posons nos mains l'une
sur l'autre
Oublierais-tu que nous les vîmes sur
les tombes?
Restons ainsi nos doigts entremêlés,
Mains vides d'avoir éperdument donné
Mais si peu amassé,
Jointes si peu, j'en fais l'aveu, pour la
prière.
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André
Mathieu
De mes mains conjuguées
De mes yeux alliés
Je soulève une femme
Que mon sexe a ouvert
Vers le ciel lointain
Soudain devenu proche.
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Jacques
Moreau du Mans (1924-1998)
Blues
Le regard de ma femme chante le deuil des lunes
qui brûlent sur la mer
Je me suis rendu l'autre jour aux fêtes
minérales
de l'hiver
Et mon amour dansait branche folle sur une
table
Et mon amour dansait l'histoire d'un bateau
dans le sable
Pourtant cette colère qui cogne large
dans les cloches
au-dessus du port
C'est l'épouvante au front des villes
jaunes
où le mystère est mort
Où le couchant s'écaille aux
poignets des ramures
J'écoute mes premiers pas je me suis
cru longtemps
fermé sur l'aventure
Mais l'espace conquis s'habille aux couleurs
du hasard
Et les yeux de ma femme palpitent comme un
départ
Les lèvres de ma femme brillent dans
la poussière
de l'averse
Dans les éclairs de la banlieue qu'elle
traverse
Libertins de bois sec vous ne l'aurez jamais
vécu
ce bonheur déchirant qui flambe sur les vitres
des cafés blonds
Ni reconnue cette exacte beauté lorsque
vire le soir
et que s'approfondit l'herbe
des chemins vieux
Voici l'aube sans fin le bras lourd des roses
trémières
Et je m'enfuis je ne suis qu'un adieu
Les épaules de ma femme tremblent dans
la lumière
Sur son visage court le sang du matin
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Pierre
Schroven
Le jour est un miracle
Provoqué par la réverbération
du soleil
Sur le noyau d'un fruit
Poussant à l'ombre de tes cils
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Eric
Sivry
La stèle des fusillés
Une nuit que
j'errais, tout seul sous la lune,
je traversai serein de très grands
bois.
Je me disais: "le monde est pacifique".
Nul cri, nul aboi,
nul hululement.
Et j'allais, harassé, m'allonger sous
les saules,
quand des formes obscures
apparurent devant moi.
Luminescentes et calmes
sous la lune dorée,
.....
Sous mes yeux presque aveugles,
malgré le clair de lune,
s'étendaient une tombe, puis deux,
puis trois...
puis sept.
On avait préféré laisser les fusillés
dans le sens où la mort
les avait vu tomber.
.....
____________________________________________
Fernand
Rolland cité par
Jeanine Rivais
.....
Un grand lit de bonheur,
Un grand lit de souffrance avec de longs rideaux
Un lit fait pour dormir
où je ne dormais pas: un lit pour amoureux
où je m'ennuyais seul
.....
chaque larme est une mer intérieure
prisonnière des sables désaltérés
.....
Elle connaissait le secret des rouilles
dans la plaintes des vieilles serrures
.....
Fernand Rolland est à
la fois peintre et poète
__________________________________________________
Marcel
Béalu cité par
J. S.
Doux monstres que chasse la nuit
Restez dites-moi le secret
Du cheval courant sur le pré
Bêtes qui rampez dans ma chambre
Fut-elle sorcière ou péri
La vieille femmes aux dents pourries
Qui grimace quand elle rit
Félins à la peau électrique
Où sept âmes sont enfermées
Ne partez pas sans m'avoir dit
Ce qui s'attache à ce qui fuit
Ce qui meurt dans ce qui revit
sans objectif
une photographie
en noir et blanc.
une femme
du début
du siècle
nue
dans un studio
de paris.
je ne dois jamais l'oublier.
avec le temps,
moi aussi je peux
parvenir à être ceci:
une photographie
en noir et blanc.
et j'aurai de la chance,
beaucoup de chance,
si quelqu'un,
quelque jour,
quelque part,
me
regarde.
Ce poème est extrait
d'un recueil lu sur le site Portal
de poesía
N° 284 d'Encres Vives
...
Des dîners se défont sur les
terrasses
...
La saison va courir si vite
vers les soirées frileuses, les volets
barrés
Le regret déjà de la délicatesse.
...
Le bonheur accompli comme une offrande au
temple
...
...
une couleur d'oiseau et son reflet dans les
carreaux.
Le givre partout, croustillant sur les herbes
... la course endiablée d'un renard
roux
comme une torche de feu
...
Il me vient une tristesse de racine, un poids
qui entrave les pieds,
l'envie de me dénouer.
Villages
...
les filles ont toujours des chevelures d'orge
mûre et d'orage
des hanches comme houle sur les blés
et au corsage cette poussée de sève
dans le fruit.
Elles rient et chuchotent lorsque passent,
casqués de sueur, les garçons,
et parfois l'une d'elles, soudain rêveuse,
séparée, se détache et se perd dans l'ombre des ruelles.
___________________________________________
Michel
Cosem
... La peau de blaireau s'étalait sur
le plancher et une tête de cerf, comme un dieu sombre, fixait je
ne sais quelle éternité.
___________________________________________
Cathy
Rapin
ENTRE ELLES
...
des bancs de poulpes se balancent
oeil sec et bec noir
des poissons argentés craquent
un fil bleu passé en bouche
des vieilles à quatre pattes brassent
gants rouge sang
des paquets d'anchois gris lamé
bel après-midi sur le quai
...
___________________________________________
Bernard
Schurch
Au loin sur les étendues
le silence
déroule la rumeur du temps.
___________________________________________
Laurent
Bourdelas
...
On bataille contre un bas-ventre,
ce petit clos, ce jardin parfumé,
cette rose, ce fruit, cette étrange
confiserie
qui effraie.
...
___________________________________________
Guy
Riolle
Bouche à la rencontre
de la bouche jumelle
à travers la transparence
du miroir
...
N° 286 d'Encres Vives
Feuilles de hêtre, de saule. Pointées vers le ciel au bord de la rivière. Envolées, les feuilles d'automne font un tapis au sous-bois.
A la prochaine saison elles refleuriront comme un souvenir de l'au-delà.
... L'aurore est un déchirement.
...
...
L'être tend vers le ciel à la
manière de ces branches de pins.
...
...Nous tendons vers une harmonie, à
l'image de ces nuages aux figures inquiétantes.
...
...Toi, sur le bord tu comptes les oiseaux.
...
...Voici que le livre est refermé,
la clef du ciel est une étoile filante.
Editinter
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