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Des lémuriens apothicaires
Selon une dépêche d'agence (Reuters) du 22/1/2003, les femelles sifaka, un lémurien de la famille des makis, s'automédicamenteraient pendant leur grossesse. Des chercheurs de l'université de Kyoto (Japon) auraient en effet observé que les animaux dans cet état absorbent des plantes contenant des tanins toxiques qui, pris en doses réduites, stimulent la production de lait. Les vétérinaires font d'ailleurs usage de ces produits pour éviter les fausses couches. D'après Michael Huffman, spécialistes des primates à cette université, les femelles sifaka enceintes consommeraient une quantité significativement plus importante de ces plantes que les autres lémuriens tant mâles que femelles. Certes, d'autres primates utilisent des plantes médicinales. Une quarantaine d'espèces ont été observées mangeant de la terre, ingurgitant du coup des substances leur permettant d'absorber sans trop de risque des plantes toxiques. Les chimpanzés avalent des feuilles pour provoquer des diarrhées qui les débarrassent du ténia et d'autres parasites. Cependant, les chercheurs de Kyoto estiment être les premiers à avoir constaté une automédicamentation durant la grossesse dans le monde animal. Des savants allemands ont découvert que le lémurien nain à queue adipeuse de Madagascar hiberne dans des trous d'arbres sept mois par an. Ce serait le premier primate que l'on aurait pu observer en état d'hibernation. Même si les nuits peuvent être froides, en juillet et août, sur le plateau central, l'hiver austral est peu marqué à Madagascar. La température n'y descend jamais longtemps en dessous de zéro. Habituellement, l'hibernation est associée au froid. La découverte des scientifiques allemands révélerait que d'autres causes peuvent la motiver. Le lémurien nain de Madagascar, consommateur de fruits, entrerait ainsi en hibernation pour faire face à une pénurie d'aliments durant la saison sèche. Pendant la période d'abondance, il accumulerait dans sa queue, qui prend alors l'allure d'une grosse saucisse, assez de graisse pour subsister durant son sommeil. Les animaux qui hibernent s'éveillent habituellement tous les sept ou dix jours sans que l'on sache pourquoi. En suivant les variations de température de quelques deux douzaines de lémuriens en état d'hibernation, les chercheurs allemands ont mis en évidence des comportements qui apportent des éléments de réponse à cette question. Les trous dans lesquels séjournent les lémuriens en état d'hibernation sont plus ou moins bien protégés. Dans ceux qui sont les mieux isolés, la température intérieure et, conséquemment celle du corps de leur hôte, varie peu, sauf pendant les périodes d'éveil où elle monte de 24 à 35 degrés. Dans ceux qui sont les moins bien protégés, au contraire, la température fluctue largement au cours d'une journée. Les observations réalisées à partir de ces deux types de situation suggèrent que l'éveil périodique des animaux en état d'hibernation est dû au fait que ceux-ci ne peuvent pas tolérer de façon permanente une faible température corporelle. |