Réimpression
intégrale d'après l'original de l'époque . Collection
Forien.
.
Déjà employées pendant la Première guerre
mondiale, les cartes d'alimentation firent leur apparition en 1940 et ne
disparurent pas à la Libération. Elles furent utilisées
pendant une dizaine d'années. Elles avaient pour but de répartir
équitablement la pénurie entre les Français en tenant
compte des besoins des différentes catégories de personnes
(enfants, adultes, vieillards, travailleurs de force, agriculteurs...).
Il y avait des cartes pour chaque produit visé : pain, viande, vêtements...
Un ménage était donc pourvu de plusieurs cartes. Les coupons
donnaient droit à une quantité réglementée
de nourriture suivant le produit et la catégorie du titulaire; cette
ration était supposée couvrir ses besoins nutritionnels,
quant à son appétit, c'était une autre affaire dont
il n'était pas tenu compte. On ne pouvait pas se présenter
chez les commerçants à n'importe quel moment car ces derniers
n'étaient pas toujours approvisionnés. Il fallait connaître
quand les produits étaient disponibes en magasin et ne pas manquer
le jour et l'heure sous peine de ne plus rien trouver. Les jours de vente
des queues se formaient donc à l'entrée des boutiques et
les derniers arrivés couraient le risque de faire chou blanc. C'était
un souci et une tâche supplémentaires pour les ménagères.
Les coupons devaient être détachés par le commerçant
et il ne fallait pas les perdre car, sans eux, on n'obtenait légalement
rien. Les tickets ne servaient évidemment pas de moyen de paiement;
il fallait donc régler aussi la note, mais à un prix réglementé.
Ce système ne remplissait que partiellement son but; la pénurie
incitait producteurs et commerçants à vendre au marché
noir, beaucoup plus lucratif, aux personnes qui disposaient de moyens financiers
importants ou qui gagnaient de l'argent en trafiquant. On pouvait aussi
acheter de fausses cartes d'alimentation. Il se créa ainsi des circuits
d'échanges illégaux qui n'étaient pas sans risque
mais qui attirèrent néanmoins beaucoup de gens en raison
des profits que l'on pouvait en retirer.