La Petite Provence du Paradou - Saint-Rémy-de-Provence
 
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La Petite Provence du Paradou - Saint Rémy de Provence 


La Petite Provence du Paradou (les photos sont  ici ) 

Aujourd'hui, nous avons décidé de nous rendre à nouveau dans les terres, à Saint Rémy de Provence. Mais, comme le Paradou se trouve sur notre route, nous nous y arrêterons pour visiter le musée de la Petite Provence qui s'y trouve. Là, dans un espace bien aménagé, un véritable village provençal d'antan, peuplé de santons, a été reconstitué. Il compte plus de 400 personnages et ses 32 maisons sont recouvertes de plus de 50000 tuiles d'argile confectionnées, une à une, à la main; huit mille heures de travail ont été nécessaires pour réaliser ce petit chef d'oeuvre qui résume, à s'y méprendre, la vie d'autrefois, avec une touche d'humour. Tout y est coloré et porte la marque de l'authenticité et de la vie; il ne manque aux habitants de ce village lilliputien que la parole et le mouvement. 
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La scène des joueurs de cartes du film de Pagnol "Marius"
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Il est évidemment impossible de citer toutes les scènes qui s'offrent au visiteur. En voici quelques-unes: l'école du village, criante de vérité, avec la maîtresse sur son estrade, les pupitres des élèves en pente et ceux-ci en habits d'époque; une fileuse de laine, avec son rouet, sur le pas de sa porte; un potier façonnant l'argile en tournant d'un pied sa roue et un marmiton portant une terrine; l'église du village avec son local don Camillo; le moulin à vent de Maître Cornille; des femmes, leurs jupons relevés, qui foulent de raisins dans une cuve; des lavandières battant leur linge au lavoir public; un transport de barriques tiré par un cheval; des bergers avec leurs moutons (peut-être les fameux mérinos d'Arles) et leurs chèvres; des habitations grottes creusées dans le calcaire et des bories de pierres sèches; des paysans venant moudre leurs grains au moulin; un marché avec ses étalages de légumes; une auberge avec son accorte serveuse et les joueurs de cartes de la fameuse partie de Pagnol, avec les acteurs très ressemblants, on croit entendre la fameuse réplique: "Tu me fends le coeur!"; un campement de Gitans dresseurs d'ours avec une meule à aiguiser les couteaux; le retour des tartanes, ces barques de pêche de la Méditerranée, pourvues d'un grand-mât à pible (fait d'une seule pièce), portant une voile latine appelée mestre et un foc appelé polacre; un moulin à papier de chiffon, comme on en voit dans la région d'Ambert, en Auvergne, avec ses marteaux à broyer la matière première actionnés par un arbre à came, que fait tourner une roue mue par l'eau d'une rivière, et au-dessus le grenier aéré où sécher les feuilles; une chaumière camarguaise couverte de joncs, avec, sur le bord du toit, sa croix penchée vers l'arrière, comme on en voit encore quelques-unes, mais elles sont devenues rares, avec des chevaux blancs autour d'elle; un groupe de danseurs, en habits traditionnels, se tenant par la main en une ronde ouverte, exécutant peut-être une farandole, au son des fifres et du tambourin; les trois héros régionaux: Alphonse Daudet, Frédéric Mistral et Paul Cézanne, chacun typé comme il se doit; un moulin à eau; une cueilleuse de lavande sous son large chapeau tonkinois; un scieur de bois de chauffage avec son chien, qui manie une scie comme celles que l'on utilisait pendant mon enfance sur un de ces supports à chevrons croisés en X que l'on appelait une chèvre; une scène de vendanges... Au hasard des personnages, on s'amuse à reconnaître des visages: Raimu, Fernandel, Rellys... Attardez-vous dans cet univers magique où vous retrouverez toute la Provence rêvée en réduction, vous y découvrirez certainement des scènes ou des objets familiers qui ne manqueront pas de vous émouvoir. 
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La partie de cartes interprétée par les santons
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Une vidéo complète la visite, après quoi un tour à la boutique voisine s'impose. J'y découvre un spiritueux qui connut un très grand succès au 19ème siècle, surtout parmi les artistes et les écrivains, Verlaine, par exemple, la fée verte, c'est-à-dire l'absinthe; celle-ci, fut interdite en France, à la suite d'une campagne menée contre elle par les  ligues antialcooliques, qui l'accusaient de rendre fou ses amateurs. Elle fut remplacé par le pastis, lui-même interdit de 1940 jusqu'au début des années 50. On reconnaissait pourtant à l'une comme à l'autre des vertus thérapeutiques, à condition de n'en pas abuser. Voilà donc la fée verte de retour; mais on lui a retiré ses principes nocifs afin d'obtenir l'autorisation de la commercialiser; la thuyone, molécule apportée par la grande absinthe (arthémisia absinthium), qui est dangereuse en forte concentration, ne se trouve plus qu'en traces dans le produit, qui fut, pour cette raison, baptisé Absente par la société qui le fabrique. Je ne laisserai pas passer cette occasion de faire sa connaissance; j'achète donc une bouteille, accompagnée de la cuillère percée qui va avec. Voici comment seront préparés nos prochains apéritifs; nous nous conformerons à la notice; on peut consommer l'absente soit en posant, comme jadis, un morceau de sucre sur la cuillère placée sur le bord d'un verre garni de spiritueux, puis en versant lentement l'eau sur le sucre pour le dissoudre et teinter l'absente en vert opalescent; soit en versant absente directement sur de la glace pilée ou en morceaux (absente on the rock!); on peut se passer ou non de sucre; enfin, les amateurs de sensations fortes préféreront l'absente pure. 
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Le moulin à papier Daudet, Mistral,Cézanne
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Nous pique-niquons sur une table ronde en pierre dressée à proximité du musée; à la table voisine déjeune un couple étranger accompagné d'un enfant qui s'en irons avant nous, après avoir échangé à peine un sourire. 
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La cuillère à absinthe
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Saint-Rémy-de-Provence (les photos sont  ici ) 

Notre déjeuner achevé, nous prenons la route de Saint-Rémy-de-Provence, un village provençal typique très intéressant, d'après les dépliants touristiques. Nous trouvons à nous garer sans trop de difficultés, malgré l'affluence des touristes, sur la vaste aire de stationnement voisine de l'Office du Tourisme. Nous nous y procurons un plan détaillé de la bourgade et des environs, avec un itinéraire conseillé pour la visite. 

Nous descendons l'avenue Pasteur, en passant devant l'Hôtel des Antiques, qui semble fermé, jusqu'au boulevard Victor Hugo, que nous traversons pour gagner la Porte Saint-Paul, par laquelle nous pénétrons dans la vieille ville; au fronton de cette porte, qui ressemble à un petit arc de triomphe serré entre les maisons, une banderole nous annonce la fête du vin et de l'artisanat d'art. Nous empruntons la rue de la Commune, bordée de magasins et de café jusqu'à l'avenue de la Résistance et la place Jules Pélissier, sur laquelle s'élève la mairie; cette place ombragée de platanes centenaires occupe, depuis 1793, l'emplacement du jardin du couvent des Augustines; sa fontaine aux dauphins, inaugurée en 1814, fut dédiée à Louis XVIII. Nous tournons à droite, en direction de la rue Lafayette, où l'on découvre le bâtiment de l'ancienne mairie, puis nous prenons, à gauche, la rue Lucien Estrine, où se trouve un Centre d'Art exposant des oeuvres de Van Gogh et d'artistes contemporains; le peintre hollandais, séjourna, on le sait, à Saint-Rémy, en 1889-1890, où il peignit notamment ses nuits étoilés tourmentées indice des perturbations psychologiques qui s'emparaient de lui et finiraient par l'emporter. Le Centre d'Art occupe un hôtel du 18ème siècle qui passe pour un chef d'oeuvre d'harmonie architecturale, l'un des plus beaux de cette période qui soit en Provence; il fut construit, en 1748, par Joseph de Pistoye, juge seigneurial représentant le Prince de Monaco, lui-même Marquis des Baux et Seigneur de Saint-Rémy (l'actuel prince de Monaco, Albert II, porte encore, parmi ses nombreux titres, celui de seigneur de Saint-Rémy); il fut restauré en 1988 et reçut le Grand Prix du Patrimoine de la Fondation de France.  

L'étroite rue Estrine, bordée de façades dont les portes ressemblent à des porches, nous amène sur la rue Carnot; la rue Carnot traverse St-Rémy de part en part, du boulevard Marceau au boulevard Mirabeau, deux des quatre boulevards périphériques de la cité, les deux autres portant les noms de Victor Hugo et de Marceau; la rue Carnot était autrefois la rue commerçante de la ville; de nombreux marchands et artisans y tenaient boutique y créant une grande animation. A l'angle de la rue Carnot et de la rue Nostradamus, se trouve la Fontaine Nostradamus et, un peu plus haut, sur la rue Carnot, la Maison Echauguette. La jolie Fontaine Nostradamus, au bac en demi cercle, est de facture classique; le buste de l'auteur des Centuries, oeuvre du sculpteur Ambroise Liotard, a remplacé, en 1859, celui de Louis XVI au-dessus des becs d'où coule toujours une eau fraîche et abondante. La Maison Echauguette tient son nom de la tourelle en encorbellement qui sort de sa façade; elle aurait été l'une des maisons de Nostradamus. Nous descendons la rue Nostradamus; une belle ruelle, aux murs tapissés de vigne vierge, s'offre à nos regard; sur la droite, la place Jean de Renaud rappelle la mémoire d'un architecte de François Ier tué au siège de Saint-Quentin, en 1557; il est inhumé dans une chapelle qui  jouxte la collégiale Saint-Martin, sa famille vivant à Saint-Rémy. La rue Nostradamus se termine à la Porte du Trou, vestige des remparts, pendant de la Porte Saint-Paul, et diamétralement opposée à elle sur l'axe nord-sud; la Porte du Trou débouche sur le boulevard Gambetta que nous prenons sur la gauche. 
 

La Maison de l'Echauguette 
d'après un dessin de Robida
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Encore un virage à gauche et nous voici dans la rue du Petit Puits. Nous nous dirigeons sur la droite, pour remonter la rue du Parage bordée de belles façades; je note une maison séparée de la rue par une cour murée abondamment fleurie où l'on entre par un portail monumental; la rue, au milieu de laquelle circule un ruisseau, passe sous des arches, on se croirait au Moyen-Âge. A droite se dresse l'Hôtel de Lubière appelé aussi Maison de l'Amandier, avec sa belle porte foncée; ancienne possession de la famille Lagoy, connu dès le 10ème siècle, il fut reconstruit au 17ème siècle; un très bel escalier à vis y dessert deux étages. A gauche, l'Hôtel de Sade, qui renferme aujourd'hui le musée archéologique; cet bel édifice appartint à la famille de Fos, comtes de Provence, au 15ème et 16ème siècle; une fille de cette famille épousa un de Sade (sans rapport direct avec le fameux marquis), d'où le nom attribué à l'hôtel, qui devint au 17ème siècle un centre occupé par les réformés; on pourrait y admirer des pièces du site gallo-romain de Glanum s'il n'était pas actuellement fermé au public pour des raisons de sécurité. A nouveau sur la droite, voici l'Hôtel Mistral de Mondragon consacré désormais au Musée des Alpilles; ce magnifique hôtel particulier Renaissance fut édifié au 16ème siècle par la famille Mistral de Mondragon; il fut ensuite occupé par des religieuses ursulines avant de devenir l'hôtel de ville jusqu'en 1689; il fut racheté par la ville en 1921 pour y installer un musée auquel le premier conservateur, Pierre Brun, donna son nom actuel; il abrite une admirable cour intérieure où veille le buste de Van Gogh sculpté par Ossip Zadkine; en façade, on peut aussi admirer une échauguette, les fenêtres à croisillons et des têtes sculptées qui sortent de la façade sur la place du docteur Favier (1773-1862), bienfaiteur des pauvres gens. Cette petite place, où nous arrivons maintenant, est charmante, il fait bon si reposer à l'ombre des arbres sur les bancs qui y accueillent les promeneurs; elle est située dans un quartier, celui du Planet, où l'on pourrait se croire presque revenu à l'époque de Nostradamus; avant 1849, elle portait le nom de Place aux Herbes, en raison du marché qui s'y tenait; la rue Carnot la borde au sud; des thermes gallo-romains sont dans ces parages, mais ils sont si bien cachés, ou si minimes, que nous ne les avons pas trouvés! 
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Van Gogh - Le Semeur - Arles 1888
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Nous remontons une ruelle, peut-être la rue Daniel Millaud, en direction de l'avenue de la Résistance. Une plaque sur une façade nous apprend non sans malice que Vincent van Gogh n'est pas né dans cette maison et n'y est pas mort non plus; peut-être y a-t-il séjourné! Un peu plus haut un dessin mural, représentant un homme casqué et affublé de tuyaux, qui ressemble vaguement à Napoléon, est accompagné d'un texte que l'on peut prendre pour une critique de l'époque actuelle. Sur l'avenue de la Résistance, souvrent de nombreuses boutiques; les tréteaux de marchands ambulants en occupent aussi les trottoir, en direction du boulevard Marceau, vers l'ouest. La Collégiale Saint-Martin s'y élève; cette église qui se dresse au-dessus de la cité fut construite à plusieurs reprises; déjà debout en 1122, elle fut agrandie et embellie en 1331, sur décision du pape d'Avignon, Jean XXII, qui transforma en collégiale le prieuré qu'elle était jusqu'alors; l'édifice s'effondra dans la nuit du 29 au 30 août 1818, sauf le clocher gothique du 14ème siècle; on la reconstruisit, sur les plans de l'architecte Michel Penchaud, dans le style néo-grec, en 1825-1826, et elle fut consacré à nouveau en 1827; on peut y voir deux volets d'un retable datant de 1503, l'un représentant la Vierge et l'enfant jouant avec un chapelet, et l'autre un évêque debout; l'église possède également un magnifique buffet d'orgue considéré comme un chef-d'oeuvre de la facture contemporaine; ce buffet fut restauré pour la dernière fois en 1982, par le facteur d'orgues Pascal Quoirin; tous les étés, de juillet à septembre, s'y déroule le Festival Organa qui réunit les meilleurs organistes du monde; l'entrée est gratuite. Au pied du clocher de la collégiale se trouve au la chapelle funéraire de style flamboyant des Renaud d’Alleins. 

Les Renaud d'Alleins sont une vieille et noble famille provençale dont la branche cadette était établie à Saint-Rémy au 15ème siècle. Jean de Renaud est cité par Brantôme dans ses "Vies des hommes illustres et grands capitaines français"; chevalier, gentilhomme de la maison du roi François Ier, conseiller et maître d'hôtel de la chambre du roi, capitaine de la Tour Saint Jean de Marseille, gouverneur de Granville en 1545, commissaire général des fortifications, c'est à ce dernier titre qu'il participe aux travaux de la ville de Guise, à la défense de Metz contre les Espagnols et à celle de Saint-Quentin, où il fut tué, le 28 août 1557, âgé de 60 ans. Après son décès, son corps fur ramené à Saint Rémy et inhumé dans la chapelle. Des indications sur la construction de cette dernière figurent dans les actes du notaire Rémy Navarre pour l'année 1541. 
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Armoiries de Jean de Renaud  
"de gueulles à dix losanges aboutés d'or posés 4, 4 et 2"
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L'intérieur de la chapelle est imposant par la voûte qui s'élève à 9,5 mètres; sa construction est dite à liernes et à tiercerons, les deux ogives suivent les diagonales du quadrilatère et la partagent en quatre voûtains; on ajoute, au point de rencontre des ogives, des arêtes qui suivent directement leur crêtes: les liernes et on les dédouble pour transférer la charge sur les appuis des ogives: ce sont les tiercerons; cette construction est asymètrique, les éléments n'étant pas de même dimension, mais on ne s'en aperçoit pas d'en bas. Sur le mur de droite, en entrant dans la chapelle, se trouve une grande armoire murale créée lors de sa transformation en sacristie, en 1695. L'arc aujourd'hui muré, mais parfaitement visible, correspondait au passage entre la chapelle et le choeur de l'église primitive. Dans le mur, face à la porte, on remarque un joli lavabo en pierre de taille du 17ème siècle à la forme de bénitier de Notre Dame de Piété, avec un piédestal pour reposer le coquemar (pot à anse). L'épitaphe à Jean de Renaud rédigée par son frère Pierre en latin est gravée sur une plaque en forme d'écu; en voici la traduction: "Pour noble Jean de Renaud, frère très cher et durant toute sa vie très aimée d'un amour mutuel et très constant et à jamais impérissable, noble Pierre de Renaud, seigneur de Saint-Tropez, à qui il céda en outre la seigneurie pour partie d'Antibes, Cagnes et Loubet, a fait ce monument. Il vécut 60 ans, pourvu, d'honneurs très grands, pour ses vertus excellentes, par les rois très chrétiens François Ier et Henri II. Il est mort le 28 août 1557, au service du roi Henri II, dont il était commissaire, à Saint-Quentin, lorsque, le roi d'Espagne Philippe assiégeant la ville, il la défendait, combattant avec courage et commandant en second l'armée." Une peinture murale reproduit les armoiries et le heaume. On remarque aussi une inscription en latin qui signifie: "Le Seigneur veille sur chacun de ses os; pas un seul ne sera brisé."*  

* Les informations sur la chapelle sont extraites d'une brochure distribuée à l'entrée. Les traductions sont de Marguerite-Marie Delrieux. 

Notre itinéraire nous conduit ensuite dans la rue Hoche. C'est dans cette rue que se trouve la maison natale de Michel de Nostredame, plus connu sous le nom de Nostradamus; une plaque précise que l'illustre médecin auteur des prophéties naquit le 14 décembre 1503; il mourut le 2 juillet 1566, ce que la plaque ne dit pas. Nostradamus était l'aîné des fils du notaire Jaume de Nostredame et de Reynière de Saint-Rémy, tous deux d'origine juive récemment convertis au catholicisme; une importante communauté juive avait existé à Saint-Rémy, où une synagogue détruite avait été reconstruite en 1352, l'expulsion des Juifs de Provence, en 1500, est peut-être à l'origine de la conversion des parents de Nostradamus, malgré la tolérance dont bénéficiaient encore les Juifs en terre papale. Son arrière grand-père maternel, propriétaire de la maison où il naquit, Jean de Saint-Rémy, était médecin et clavaire (trésorier) de la ville. Le jeune homme grandit dans une famille aisée et savante; durant son enfance, il reçut une instruction bien supérieure à la moyenne, apprenant notamment les bases des mathématiques et de l'astronomie. Il aimait parcourir la campagne et resta toute sa vie marqué par les paysages des Alpilles comme fasciné par les "Antiques" (arc et mausolée romain de Saint-Rémy) qu'il évoqua régulièrement dans ses écrits; son grand-père l'emmenait d'ailleurs souvent au mont Gaussier, qui domine le site gallo-romain de Glanum, anciennement occupé par un oppidum salien, pour l'initier à la connaissance des étoiles. Après avoir étudié dans les prestigieuse universités d'Avignon et de Montpellier, il devint un médecin réputé, expérimentant avec succès des remèdes contre la peste à base de plantes médicinales; il se surnommait lui-même "Nostradamus", ce qui signifie littéralement "nous donnons ce qui est nôtre", que l'on peut traduire en: "nous transmettons notre savoir". Nostradamus fut avant tout un humaniste, à la fois scientifique, poète et ami des intellectuels. Ses prophéties, rédigées à partir de 1555, à Salon-de-Provence, ville où il s'était établi après son second mariage, lui valurent une immense renommée; il devint le protégé de Catherine de Médicis qui le nomma, en 1564, "médecin ordinaire du roi" et "conseiller de la reine". A sa mort, il laissa une oeuvre extrêmement riche, tant sur le plan scientifique, avec ses traités de médecine, qu'au plan littéraire, avec ses Centuries; il demeure un des auteurs les plus lus du monde.  

Un peu plus haut, apparaissent les vestiges d'escaliers des maisons adossées aux ancien remparts, puis l'Hôpital Saint-Jacques. Cet hôpital, édifié entre les deux murailles de la ville, devint, vers 1646, l'Hôpital Saint-Jacques-de-Compostelle; sur la porte, la coquille du pèlerin rappelle sa vocation; il demeura en activité jusqu'en 1653.  

Nous voici à notre point de départ, la Porte Saint-Paul. Notre escapade à Saint-Rémy est terminée. Nous n'avons pas tout vu, il s'en faut; pour épuiser les charmes de la bourgade et visiter les musées, il faudrait plus d'une journée. Et il y aurait encore les sites alentour: celui de Glanum, par exemple, ou encore le monastère Saint-Paul-de-Mausole, chef d'oeuvre de l'art roman provençal. 


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