Le cheval camargue et Les Baux de Provence |
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. Ce matin, nous comptions nous rendre à la mer. Nos hôtes, qui viennent nous rendre visite, nous en dissuadent: le vent s'est levé amenant la fraîcheur sur la plage et surtout soulevant des nuages de sable; les conditions atmosphériques ne sont donc pas favorables au bain ni à la construction des châteaux de sable. Mieux vaut nous orienter vers l'intérieur des terres. En attendant, les loueurs de notre gîte, qui sont également éleveurs de chevaux, nous invitent à visiter leur cheptel qui vaque librement à travers les joncs. Le cheval camargue, ou camarguais, monture traditionnelle des gardians, est un cheval rustique, relativement petit, à robe claire, tirant entre le gris et le blanc, qui a la particularité de posséder une vertèbre de moins que les autres chevaux. Le film "Crin blanc" lui a assuré sa réputation. La tête de cet animal est expressive, son regard est vif, ses arcades sourcilières peu saillantes, son front plat et les ganaches bien marquées, les oreilles sont petites; l'encolure est de longueur moyenne, avec une base bien attachée; la crinière et les crins sont bien fournis; la poitrine est profonde et large, avec un thorax ample et des flancs bien développés; Les membres sont longs et résistants, les articulations sèches; le pied solide porte bien. Ses origines sont discutées; certains pensent qu'il est venu jusqu'à nous depuis l'époque préhistorique; d'autres pensent qu'il est le descendant des chevaux qui peuplaient la Gaule; d'autres encore estime qu'il est issu des conquérants venus des steppes d'Asie centrale lors de la décadence de l'empire romain; d'autres enfin prétendent qu'il est issu des chevaux abandonnés par les Maures défaits en 732 par Charles Martel à Poitiers qui se seraient réfugiés dans cette contrée, alors à peu près désertique, pour y faire souche. Il convient toutefois de noter que les Phéniciens, premiers colonisateurs du delta du Rhône, puis les Romains auraient déjà remarqué la présence de chevaux dans la région. Plus tard, il en est fait mention à plusieurs reprises: il est utilisé à des fins militaires; à partir du 17ème siècle, on essaie d'introduire dans la région d'autres races qui, mal adaptées aux conditions d'existence y prévalant, périclitent, on tente aussi d'améliorer la race par des croisements; au 18ème siècle des dépôts d'étalons sont créés; la Révolution y puise des éléments de remonte de la cavalerie de l'armée; Napoléon réorganise les haras de Provence qui fournissent de nombreuses montures à la Grande Armée; sous Louis-Philippe une "manade modèle" est fondée par l'administration des haras; à partir de la fin du 20ème siècle, on commence à s'intéresser à la protection de la race, des concours sont organisés, des mesures d'identification sont mises en oeuvre afin de s'assurer de l'origine des poulains et du suivi des adultes, une réglementation, émise en 1977, précise leurs caractéristiques et délimite la zone d'élevage. Si, une fois adulte, vers les cinq ans, la robe du cheval camargue est gris clair voire presque blanche, l'animal naît plus foncé, roux ou alezan. Cette particularité pose problème aux éleveurs lorsque leurs clients étrangers, venus acquérir un cheval blanc, s'étonnent qu'on leur propose un poulain foncé. C'est pourquoi quelques éleveurs s'efforcent, par sélections successives, d'obtenir des poulains à la robe de plus en plus claire. On pense, en effet, que la couleur actuelle des poulains n'est que le résultat d'une sélection naturelle; on suppose qu'à l'origine la couleur des poulains était très diversifiée; les poulains à robe claire se dissimulaient moins facilement dans l'environnement marécageux que les poulains à robe sombre; ils représentaient par conséquent une proie plus facile pour les prédateurs, notamment les loups, alors très nombreux dans la région; les animaux les plus vulnérables auraient ainsi été progressivement éliminés pour laisser la place aux mieux armés; mais ce n'est évidemment qu'une hypothèse. Le cheval camargue n'est pas farouche. Notre présence n'effraie pas la quinzaine de spécimens à qui nous rendons visite. Au contraire, ils s'approchent de nous, dans l'espoir d'être gratifiés de quelques friandises. Ils adorent les roseaux à la tige sucrée qui appartiennent à la même famille que la canne à sucre. Des aigrettes perchées sur leurs dos les épouillent de la vermine; elles maculent le pelage des chevaux de fientes violettes, ces gourmandes raffolant des mûres noires qui assombrissent les buissons alentour. Bien sûr, l'oiseau s'envole dès que son garde-manger ambulant s'approche par trop des humains. Après s'être attardés un peu auprès de leurs visiteurs pour les saluer et se laisser caresser, les chevaux s'éloignent et s'enfoncent au milieu des hautes herbes fleuries ça et là de bouquets blancs et violets, nous offrant l'occasion de quelques beaux clichés, avant de repasser auprès de nous, pour regagner l'endroit où ils se tenaient lors de notre arrivée. A midi, nous déjeunons à Fontvieille,
au restaurant décoré d'un moulin, d'un paysan avec son âne
et d'une Arlésienne.
Les Baux de Provence (les photos sont ici ) L'après-midi est consacrée à la visite des Baux de Provence. Ce village médiéval est juché sur un plateau rocheux qui surplombe les environs du haut de ses 245m, au coeur des Alpilles; en provençal, un rocher élevé étant un baou, c'est cette situation perchée qui a valu son nom au village. Du sommet de ses falaises, on jouit d'une vue exceptionnelle sur les paysages alentour, la plaine d'Arles et la Camargue. Il est entouré de vallées verdoyantes sur les pentes desquelles moutonnent de gros rochers blancs perçant la végétation. Surplombant d'un côté le chaos minéral du Val d'Enfer, qui aurait inspiré à Dante l'idée de neuf cercles de son Enfer, et de l'autre le frais vallon de la Fontaine, le village des Baux évoque une nef de pierre échoué au milieu d'une mer asséchée. Au niveau du château, les ruines s'y mêlent aux roches, conférant à l'ensemble une impression mélancolique, tandis qu'en contrebas le village, avec ses belles demeures aristocratiques restaurées, constitue le somptueux décors de boutiques d'art et d'artisanat, ainsi que de restaurants gastronomiques. L'endroit aurait été occupé depuis l'époque néolithique. Il aurait connu ses heures de gloire sous les Romains et au Moyen Âge, à une époque où ses seigneurs passait pour "une race d'aiglons jamais vassale"; affirmant descendre du roi mage Balthazar, ceux-ci firent vivre Les Baux au rythme de leur puissance et de leurs excès, attirant les meilleurs troubadours, ce qui ne les empêchaient nullement de donner libre cours à leurs penchants belliqueux et rebelles qui entraînèrent des conséquences désastreuses pour le fief. En 1400, le maître des lieux, qui avait eu plusieurs fois maille à partir avec les troupes royales, se noya en essayant de traverser le Rhône à Tarascon, en sautant de barque en barque, pour échapper à ses adversaires. Au 16ème siècle, sous le connétable Anne de Montmorency (1492-1567), Les Baux bénéficièrent néanmoins d'une période faste. Ancien marquisat ayant appartenu à la famille de Grimaldi, princes de Monaco, le bourg fait maintenant partie des plus beaux villages de France. Il a fait l'objet d'heureuses restaurations et renferme de nombreux vestiges d'intérêt dont certains sont classés monuments historiques (château fort, église, hôtel de ville, hôpital, chapelles, hôtels particuliers convertis en musées dont celui consacré à Yves Brayer...) En été, il attire une foule de visiteurs et l'on a pu dire que ses habitants ont l'impression de vivre à l'intérieur d'un musée. On le visite à pied en flânant le long de ses rues bordées de belles façades Renaissance. A Noël, le village renoue avec les plus
vieilles traditions provençales, comme le pastrage, la fête
des bergers, dont le début correspond à celui de la messe
de minuit.
Nous prenons le chemin du château, en admirant les belles façades parfois décorées de sculptures et d'oriflammes. Nous passons devant un porche qui donne accès à une cour joliment fleurie. Puis nous parvenons à une ruelle resserrée entre deux hautes murailles: nous voici à proximité du château. Sur la vaste esplanade qui le jouxte d'anciennes machines de guerre sont installées. Nous avons droit à une démonstration commentée par un gaillard en habit médiéval: la bricole, utilisée jusqu'au 15ème siècle ( poids des projectiles: 10 à 30 kg, portée: 80 m, nombre de servants: 15, cadence de tir: 1 coup par minute); le trébuchet, en usage du 12ème au 16ème siècle (poids des projectiles: 80 à 140 kg, portée: 200 m, nombre de servants: 60, cadence de tir: 1 à 2 coups par heure); le mangonneau, voisin trébuchet mais lançant des boulets plus petits et à plus faible portée; le couillard... Les artilleurs sont des volontaires pris parmi les spectateurs et il arrive que le boulet tombe au pied de la machine. Avant d'effectuer le dernier essai, au trébuchet, l'animateur en criant et à force de gestes, invite les promeneurs, qui ne comprennent pas ce qu'il leur veut, à quitter l'aire de tir; le boulet, une masse de matière plastique blanche qui pèse tout de même 8 kg, amorce une très belle parabole dans le ciel avant de tomber à peu près à l'endroit où se trouvaient les promeneurs un peu plus tôt. Je m'approche du bord de la falaise pour prendre une photo de la plaine cultivée qui s'étend à ses pieds avec, en arrière-plan, une succession de collines de la chaîne des Alpilles. Lorsque je me retourne, je n'aperçois plus ma petite famille; je la cherche un moment en vain, puis, supposant qu'elle y est allée, je dirige mes pas vers les ruines imposantes de la citadelle. Je passe à côté d'une autre machine de guerre, sorte de grosse arbalète destinées à lancer des pierres à la cuillère, sans doute une catapulte, à moins que ce ne soit une baliste; un profane tel que moi ne saurait se prononcer ces deux engins de destruction se ressemblant beaucoup. Au pied de la Tour de Bannes, un ancien quartier du village se blottissait dans une grotte appelée "Baume de Rouca"; des salles, creusées dans le roc, y servirent d'habitations et de remises jusqu'au 19ème siècle; les nombreuses niches servaient de lieu de rangement; dans les cuves on conservait l'eau et l'huile d'olive ou les salaisons de viandes; aux murs et au plafond, des trous et des poignets permettaient de suspendre les outils. Me voici maintenant devant la Tour Sarrasine, laquelle doit son nom aux multiples razzias que firent endurer à la population provençale les fréquentes incursions des Sarrasins. Venus d'Afrique du Nord, à travers la Méditerranée, les Barbaresques pénétraient à plus de 30 km à l'intérieur des terres, pillant et brûlant bourgs et châteaux. Pour prévenir ces raids meurtriers, des postes d'observations furent construits et des gens d'armes mis en permanence sur le pied de guerre. La Tour de Bannes, à gauche, et la Tour Sarrasine, à droite, étaient autrefois reliées par un rempart; la destruction de celui-ci donna naissance au "Trou du vent dominant", le Mistral venu du nord s'y engouffrant. Je monte jusqu'au sommet de la Tour Sarrasine d'où l'on bénéficie d'un beau point de vue sur l'ensemble du château, sur le village et sur le panorama alentour. Puis je me promène dans un dédale de salles, de couloirs, de voûtes et de souterrains. L'ensemble est immense et très impressionnant. Comme l'heure avance et que je n'ai pas retrouvé ma famille, je décide de regagner la voiture où je l'attendrai. Nous n'aurons pas eu le temps de voir l'audiovisuel sur Van Gogh, ni de nous rendre à la cathédrale d'images projetées sur des parois rocheuses à l'extérieur du village. |
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