La ville d'Arles |
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. La journée d'aujourd'hui sera consacrée à la visite d'Arles. Lieu d'habitat de tribus celtes, colonisée par les Grecs, cette grande agglomération devint romaine quand César qui y implanta les vétérans de ses légions. Ce fut le premier âge d'or de la "petite Rome des Gaules" appelée à devenir un grand centre religieux des premiers temps de la Chrétienté. Ruinée et meurtrie par les invasions du haut Moyen Âge, la ville allait renaître au 12ème siècle et la richesse de ses monuments médiévaux témoigne de la vitalité et de la richesse de cette époque. Les 17ème et 18ème siècles virent la construction d'innombrables hôtels particuliers qui font aujourd'hui encore, le charme du centre ancien, écrin privilégié de plusieurs dizaines de monuments classés, héritage de deux millénaires. Les monuments romains et romans ont été classés par l'UNESCO au patrimoine mondial de l'humanité. Arles a aussi obtenu le label de ville d'art et d'histoire. Enfin, avec 77000 hectares de superficie, couvrant les 2/3 de la Grande Camargue, cette cité est également la commune la plus étendue de France. Il y a beaucoup à y voir et une journée complète ne suffira certainement pas. Les guides proposent plusieurs itinéraires intéressants: l'itinéraire antique (Alyscamps, Théâtre et Cirque romain, Obélisque, Porte d'Auguste, Thermes de Constantin...), l'itinéraire médiéval (Église et Cloître Saint Trophime, Tour de Roland, Tour des Mourgues, Palais des Podestats...), l'itinéraire Renaissance et classique (Place de la République, Archevêché, Église Saint Julien, Chapelle des Jésuites... et une foule d'hôtels particuliers), l'itinéraire van Gogh, jalonné par les endroits où il a peint plusieurs de ses tableaux (le pont de Trinquetaille, le pont Langlois, les Alyscamps, les Arènes...). Ces itinéraires, évidemment se recoupent et, en en suivant un, on a l'occasion de passer devant des monuments qui font partie d'un autre. Nos ambitions étant circonscrites par le temps disponible, nous décidons de nous borner aux itinéraires antique et médiéval, sans nous interdire, bien sûr, de jeter un coup d'oeil aux monuments des autres itinéraires qui viendraient à se trouver sur notre route. Les Alyscans (les photos sont ici ) Dans l'Antiquité, les cimetières
étaient toujours extérieurs à l'enceinte des cités
et souvent implantés le long des grands axes routiers.
A côté de l'entrée où l'on délivre les billets, la petite église Saint-Césaire-le-Vieux ouvre sa porte aux visiteurs. On y admire une voûte cintrée et nervurée et quelques sculptures, notamment une frise ancienne. Ensuite, on emprunte l'Allée des Tombeaux, bordée de sarcophages de pierre, qui passe devant le Monument des Consuls aux allures de cénotaphe, puis devant la Chapelle des Porcelets. On ne peut manquer d'évoquer l'ombre de van Gogh qui peignit ces lieux. L'allée des tombeaux débouche sur une place assez vaste où abondent les sarcophage, tant sur les bords que dans le fond d'une sorte de bassin polygonale. Derrière cet amoncellement de cuves de pierre, une porte s'ouvre sur le complexe monastique au fond duquel se dresse le clocher à lanterne octogonale de l'église Saint-Honorat, pâle parmi les cyprès foncés. A l'entrée de l'église, on remarque
d'antiques morceaux de colonnes
de marbre blanc veiné de noir. A l'intérieur, la beauté
des voûtes et le caractère massif des piliers,
une niche décorée
d'une coquille saint-jacques, un blason, ainsi que la présence d'un
signe mystérieux
sur un mur attirent l'attention. On y trouve plusieurs sarcophages, dont
un décoré de personnages égyptiens. Au dehors, sur
la droite en sortant, se rencontre une petite
chapelle.
Le Théâtre antique (les photos sont ici ) Cette visite ayant occupé notre matinée,
nous allons déjeuner. Après quoi, nous garons notre voiture
à proximité de la Tour des Mourgues qui, selon toute apparence,
constituait un élément d'angle des anciens remparts. Non
loin de cette tour, une trace de l'aqueduc qui alimentait en eau la cité
romaine est perceptible au bas d'un mur. Nous empruntons la montée
Vauban dans l'intention de nous rendre au Théâtre antique.
Chemin faisant, nous passons devant le couvent Saint-Césaire, du
moins un panneau l'affirme. Nous pénétrons dans le jardin
d'été, dont une partie est aménagée pour les
enfants; ce jardin touche aux ruines du Théâtre antique; devant
la Tour de Roland, édifice carré qui faisait autrefois partie
de l'une des travées de l'enceinte extérieure du théâtre
et qui fut remanié au Moyen-Âge, une statue de marbre éplorée
offre à nos regards l'image de l'affliction. Comme nous ne pouvons
pas pénétrer directement du jardin à l'intérieur
du théâtre, nous en faisons le tour pour nous retrouver à
l'opposé, à l'endroit où l'on vend les billets.
Construit à la fin du 1er siècle avant notre ère, le théâtre fut installé au sommet de la colline de l'Hauture et non, comme la plupart des autres théâtres romains, appuyé au flanc de la colline. En demi-cercle, au pied des gradins, l’orchestra était réservé aux évolutions du choeur. Il était possible d'y placer des sièges mobiles destinés aux magistrats municipaux. La scène était une plate-forme de bois de 50 mètres de long sur 6 de large, sous laquelle prenait place la machinerie du rideau. Le mur de scène était décoré sur trois niveaux d'une centaine de colonnes. Il était orné de riches statues dont celles, monumentales, de l'empereur Auguste, aujourd'hui au Musée de l'Arles antique. Les acteurs portaient des masques et des perruques. Le public appréciait particulièrement les comédies, les spectacles burlesques, les mimes et la pantomime, agrémentés de musique et de danses. A dire vrai, il ne reste pas grand chose de
cet imposant monument. Seules deux colonnes se dressent encore fièrement
vers le ciel; les autres sont tronquées. Nous nous promenons sur
les gradins, essayant d'imaginer ce que devait être ce lieu important
de la cité romaine à l'époque de sa splendeur. Les
restes, malgré leur décrépitude, sont encore impressionnants.
Malheureusement, le théâtre est utilisé pour des spectacles
modernes et des installations anachroniques l'encombrent quelque peu et
le dénaturent. Du haut des dernières travées, on aperçoit
un coin des arènes
où nous nous rendrons ensuite.
Les Arènes (les photos sont ici ) Comme nous venons de la butte sur laquelle est située le Théâtre antique, nous abordons l'Amphithéâtre des arènes au niveau des étages et il nous semble être quelque peu enfoncé dans le sol. De fait, la colline a dû être creusée pour le construire sur son flanc de sorte que, si nous le voyons de haut d'où nous arrivons, il est à niveau à son pied, c'est-à-dire à l'endroit par où on accède à l'intérieur. L'Amphithéâtre d'Arles a été
construit vers l'an 90, sur le flanc nord de la colline où une vaste
plate-forme fut taillée dans le roc comme on vient de le dire. Il
mesure 136 mètres de long et 107 mètres de large; il possède
60 arcades à chaque étage. A l'intérieur, les galeries
concentriques et les escaliers permettaient une circulation facile. Vingt
mille spectateurs y tenaient à l'aise sur les 34 gradins de la cavea.
Les spectacles se déroulait sur une scène en bois. Les machinistes
pouvaient placer les décors ou faire apparaître des animaux
au moyen de trappes. Les luttes de gladiateurs, les combats entre bêtes
et les scènes de chasse étaient très appréciés
du public. Au Moyen-Âge, les arènes furent transformées
en une forteresse dont la capacité défensive fut renforcée
par la construction de tours. On a peine à l'imaginer dans ce rôle
de place forte et on se dit que ses habitants ne devaient pas y trouver
beaucoup de confort. Quand l'amphithéâtre fut dégagé
dans les années 1826-1830, il s'y trouvait encore 212 maisons et
2 églises. Après leur démolition, une grande campagne
de restauration commença. En 1830, où un spectacle taurin
fut organisé pour fêter la prise d'Alger. Depuis, ce monument
accueille les courses à la cocarde et les corridas.
A l'époque où nous le visitons, une barrière rouge fait le tour de sa piste visiblement aménagée pour les corridas; des rambardes et des grillages assurent la protection des spectateurs. Nous montons jusqu'au sommet, par les escaliers qui coupent les gradins, pour jouir de la vision du moutonnement des arcades supérieures dont le sommet à subit l'épreuve du temps. Je remarque, de l'autre côté de la rue, une maison aux fenêtres ogivales, avec un balcon couvert dont le toit est supporté par des piliers, qui semble sortie tout droit de la Renaissance italienne, pour ne pas dire de la Rome antique. Les arènes visitées, nous décidons
de nous promener dans le quartier, pour admirer les belles façades,
en abandonnant pour un moment l'Antiquité pour l'itinéraire
médiéval et l'itinéraire classique, ces trois itinéraires
s'entremêlant dans la vieille ville. Nous y sommes incités
par l'éloignement des Thermes de Constantin, construits au bord
du Rhône; il nous faudra reprendre la voiture pour nous y rendre
et mieux vaut épuiser d'abord le charme du quartier où nous
nous trouvons, si tant est qu'on puisse l'épuiser.
La Primatiale Saint-Trophime (les photos sont ici ) Nous parvenons sur une vaste place au milieu de laquelle s'élève un obélisque, vestige de l'époque romaine. Sur un des côté de la place se dresse l'élégante façade de la Primatiale Saint-Trophime. Cette façade comporte trois niveau, le dernier niveau, composé d'un toit a deux pentes, porte une croix en son sommet; il est plus étroit que le niveau intermédiaire, également à deux pentes symétriques, qui abritent deux portes latérales surmontées de niches en encorbellement. Le niveau inférieur, encore plus réduit, fait saillie sur la façade; son architecture rappelle celle des deux autres niveaux de manière harmonieuse et fait penser à une construction encastrée dans une maison plus vaste; un portail à deux battants ornés de ferrure en occupe le milieu; de part est autre, des colonnes entre lesquelles se dressent les statues de pierres de plusieurs saints (Pierre, Jean, Paul, André, Trophime, Jacques le Majeur, Jacques le Mineur, Philippe...) soutiennent les deux côtés d'une voûte romane; sous cette voûte, le tympan porte un Christ en majesté encadré en haut d'un ange portant un livre fermé, attribut de Saint Matthieu, et d'un aigle tenant dans ses serres un rouleau, attribut de Saint Jean, en bas d'un lion, attribut de Saint Marc et d'un boeuf, attribut de Saint Luc. De nombreuses autres sculptures agrémentent ce portail; leur description détaillée exigerait de trop longs développements. .
On accède à l'intérieur de l'église par une porte latérale. Pour la visiter, le mieux est d'aller se procurer, dans l'une des chapelles, la brochure qui fournit toutes les indications utiles. L'architecture mêle plusieurs styles,
notamment le roman et le gothique, car l'église a subi plusieurs
transformations. La voûte de la nef s'élève à
plus de 20 m, sa longueur de 43 m est accentuée par l'étroitesse
du vaisseau de 6,50 m entre les piliers; les bas-côtés mesurent
2,5 m de large. C'est un beau volume de pierre blanche baigné de
lumière que ne gâche aucun excès de décoration,
celle-ci se ramassant à la naissance de la voûte, un berceau
brisé sous-tendu de doubleaux retombant sur des piliers cruciformes
de style roman. La croisée du transept est surmontée d'une
coupole avec un oculus en son centre; c'est par là que l'on descendait
autrefois les reliques de saint Étienne et saint Trophime depuis
le clocher octogonal existant avant le remaniement intervenu au 12ème
siècle; cette cérémonie ressemblait à celle
encore en vigueur aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Au cours du 15ème
siècle, un nouveau choeur et une abside de style gothique augmentèrent
d'un tiers la longueur de l'édifice; de grandes arcades et un déambulatoire,
sur lequel s'ouvrent les arcs en anse de panier des chapelles dédiées
à différents saints et aux reliques, assure la communication
des différentes parties. Des aménagements du 17ème
siècle ont affecté le transept.
On trouve dans la Primatiale plusieurs oeuvres d'intérêt. Citons huit tapisseries d'Aubusson du 17ème siècle; trois tableaux de Finsonius de 1614: la lapidation de saint Étienne sur l'arc triomphal, l'Annonciation et l'Adoration des rois mages; une peinture anonyme sur bois de la fin du 16ème siècle montrant un concile autour la Vierge; trois beaux sarcophages paléochrétiens de la fin du 4ème siècle, dont l'un servit de fonds baptismaux; une statue de Marie et Jésus datant de 1618, sculptée par Murano, à qui l'on doit deux miracles; une Vierge à l'Enfant au dessus de l'ancienne entrée du cloître datant de la fin du 14ème siècle; une mise au tombeau du 16ème siècle provenant de l'église ruinée des Dominicains. Signalons aussi plusieurs pierres tombales (gisant du cardinal-archevêque Pierre de Foix, sépulture de la famille Robert de Montcalm de Saint Véran, tombes de Monseigneur Aleman, de l'archevêque Rostang de Capra, de l'archevêque Gaspard de Laurens...), un puits d'accès à l'église primitive Saint-Étienne, une inscription en hauteur gravée dans la pierre dans la travée nord qui a malheureusement été abîmée lors de l'installation des orgues au 17ème siècle, la chaire de Monseigneur Du Lau, des inscriptions sur les dalles dont l'une marque l'emplacement qui contint le corps de Louis de Guise, tué au siège des Baux, nombre de ces inscriptions ont trait à des reliques. Le buffet d'orgues actuel, date de 1872; il provient de la maison Cavaillé-Coll de Paris et il a été restauré en 1926 par Charles Mutin. .
Le trésor de Saint-Trophime à été dispersé ou transformé en monnaie à la Révolution. La Primatiale possédait cependant encore quelques objets précieux ayant appartenu à saint Césaire. Certains de ces objets sont exposés au musée de l'Arles antique. Des reliques ont également été préservées (vêtements liturgiques, crosse épiscopale des 12ème et 13ème siècle, calices incrustés...) Tous ces objets ne sont pas visibles. Certains ont été mis en lieu sûr, à l'abri des voleurs et du vandalisme. Pour visiter le cloître, il faut sortir de l'église et se diriger sur la gauche en bas des marches. Il est conseillé de se pourvoir d'un guide que l'on se procure dans la même chapelle que celui de la Primatiale. Lieu de circulation, de rencontre, de méditation
et de silence, le cloître était le centre de toute organisation
monastique; les éléments indispensables à la vie commune
– chapitre, réfectoire, dortoir, infirmerie – se groupaient autour
de lui; il est le vrai coeur de la communauté. Pendant longtemps,
les chanoines, ces prêtres qui aidaient l'évêque dans
l'administration de son diocèse et assuraient le service divin dans
la cathédrale, vécurent sous le régime de la règle
d'Aix-la-Chapelle, autorisant la répartition des revenus du chapitre
en prébendes dont chaque chanoine disposait séparément,
attribution grâce à laquelle il pouvait mener une existence
individuelle, dans sa maison blottie auprès de l'église.
Mais l'un des objectifs majeurs de la réforme grégorienne,
au 11ème siècle, fut le retour des chanoines à la
vie commune avec l'adoption de la règle de Saint Augustin. A Arles
cette mise en commun des revenus du chapitre, condition essentielle d'une
vie régulière organisée autour d'un cloître
flanqué des différents bâtiments canoniaux, ne s'opéra
cependant qu'un siècle plus tard. N'oublions pas que les tâches
essentielles des moines concernaient la gestion des biens temporels du
diocèse, la charité envers le peuple en ces temps difficiles,
et l'enseignement tant spirituel que d'instruction générale.
En 1183, l'église, le portail, le cloître de Saint-Trophime viennent d'être achevés; les chanoines prennent possession de leurs nouveaux locaux. L'archevêque d’Arles, Pierre Aynard, demande à faire partie de la communauté, sous la règle de saint Augustin. Ces lieux s'animent comme une ruche bourdonnante; chacun a son travail fixé. On reçoit les pèlerins en marche vers Saint-Jacques-de-Compostelle, les prêtres de passage; on étudie l'Écriture sainte; on recopie des manuscrits... certains religieux visitent et soignent les malades, organisent pour les indigents des collectes de blé, dirigent les cérémonies du culte, assurent la prédication. Et tous se retrouvent, à certaines heures, dans le calme du cloître fermé aux importuns, pour réciter l'office divin, de jour comme de nuit. Mais, en 1489, une bulle de sécularisation du Pape Innocent VIII supprime la vie commune. Les chanoines vivront désormais chacun chez soi, astreints au maximum à l'office au choeur, moyennant finances. L'idéal du Moyen Âge s'est bien affaibli. Le temps n'est plus loin où l'on achètera pour son fils cadet un titre de chanoine, comme on négocie une charge de notaire. En 1610, l'archevêque Gaspard du Laurens, réformateur exemplaire, entend rendre au chapitre sa grandeur passée; il restaure les annexes du cloître et conseille la vie communautaire. Durant sa vie, il retint près du lutrin les bons chanoines; mais, après lui, l'individualisme triompha de nouveau. A la Révolution, on fouille les anciens locaux capitulaires; on y trouve les provisions de blé de la ville, mais les chanoines n'y logent plus depuis longtemps.., ce qui leur évite des ennuis! En 1838, à l'époque romantique, le cloître est une dépendance de la paroisse. Voici comment un mémoire de l'époque rapporte une cérémonie qui se déroule dans le cloître: "Lorsque la rigueur des saisons ne permet pas aux processions de sortir de l'église, on les circonscrit dans cette enceinte; alors, les marbres reflètent la lueur des torches; l'écho des voûtes porte au ciel, en les répétant, les cantiques de Sion, et les pontifes, étincelants de pourpre et d'or, précédés du choeur des vierges, cachées sous de longs voiles blancs, se montrent et disparaissent en longues files derrière les colonnes sveltes et légères du monument." Les Thermes de Constantin (les photos sont ici ) Pour nous rendre aux Thermes de Constantin,
nous devons prendre la voiture. Nous cheminons à travers les rues,
vers l'endroit où elle est garée, en jetant ça et
là un regard sur les endroits dignes d'intérêt qui
ne manquent pas. Près des Thermes, il est difficile de trouver une
place où stationner. Nous passons devant la Tour de la cavalerie
et nous apercevons l'élégante silhouette, ornée de
céramiques colorées, de la Fontaine Amédée
Pichot, à l'angle pointu de deux rues qui convergent; il est impossible
de nous arrêter là et cette belle image échappera à
la voracité de nos appareils photographiques. Nous sommes contraints
de laisser la voiture assez loin, au bord du Rhône, sous des platanes,
sur une place exiguë, exposée aux accidents, au débouché
d'un carrefour. Un vent fort souffle sur le fleuve et il faut avancer courbé,
en luttant, et en retenant de ses mains tout ce qui risque d'être
emporté. Heureusement, le passage difficile, en haut du quai découvert,
n'est pas très long et, dès que nous nous retrouvons entre
les maisons, à proximité des Thermes, tout s'arrange.
Édifices inséparables du confort de la vie urbaine à l'époque impériale, les thermes associaient les exercices physiques qui se déroulaient sur la palestre (salle d'entraînement) aux bains assurant l'hygiène corporelle. Chaque après-midi toute la population, les femmes d'abord, les hommes ensuite, observait le rite de la sudation à sec, du bain chaud où la peau aspergée d'eau brûlante était raclée au strigile (sorte de petit racloir), du passage dans la salle tiède et de la piscine froide. Il se terminait par un vigoureux massage. .
Les thermes de Constantin, construits probablement au 5ème siècle, en bordure du Rhône, ne représentent qu'un élément d'un vaste ensemble monumental qui s'étendait au nord de la cité, entre le Forum et les rives du fleuve. La partie visible correspond à la zone chaude, le caldarium et le tepidarium, divisés en plusieurs salles, ou piscines, dont les planchers étaient supportés par des briques permettant le chauffage par l'air chaud provenant de plusieurs foyers; cet air chaud circulait dans l'épaisseur des murs à travers des conduits de briques creuses. Un frigidarium, ou salle froide, complétait cet ensemble. La construction, rythmée par une alternance d'assises de briques et de petits moellons de calcaire très réguliers, s'articule autour d'une abside semi-circulaire, éclairée par trois hautes fenêtres en plein cintre, couverte par une grandiose voûte en cul de four. C'est à elle que le monument doit son nom de "Palais de la Trouille" que lui ont donné les arlésiens, trulhia, en bas latin, signifiant forme ronde. .
Certes, les vestiges de cet important témoignage de la vie dans l'Antiquité sont loin d'être bien conservés. Un bon tiers de l'édifice est absent et ce qui subsiste a été fortement malmené par le temps. On peut toutefois reconnaître dans ces ruines le Caldarium, avec sa demi rotonde percée de trois fenêtres qui lui donne un petit air de basilique, ainsi que les foyers qui chauffaient l'air pulsé dans les canalisations de briques. Des piscines, il ne reste pas grand chose, mais les éléments conservés: les murs massifs de briques et de moellons, les piles de briques, les belles arcades, le pavage... donnent encore une idée assez précise des techniques de construction employées par les Romains et des solutions adoptées pour apporter aux utilisateurs des thermes un confort raffiné. A titre complémentaire, une maquette des thermes de Caracalla, à Rome est accessible ici (source: http://www.maquettes-historiques.net/page23a6.html) |
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