Cependant, il y a loin des intentions à la réalisation et plusieurs obstacles doivent être surmontés avant qu'un chantier d'une telle ampleur soit achevé. Il faut d'abord surmonter les oppositions locales, fondées sur des craintes plus ou moins réelles ou tout simplement sur la réticence à l'égard de tout changement. Il faut aussi calmer les ardeurs de ceux qui, attirés par le gain non négligeable que procure la location des terrains, souhaiteraient multiplier outre mesure le nombre des éoliennes sur leurs propriétés. Ce processus de consultation et de négociation avec les habitants de la commune est vital si on veut éviter le rejet du projet par la population. Une fois l'adhésion des habitants acquise, il faut s'assurer de la faisabilité du projet, ce qui est une affaire d'experts. Ceux-ci vérifieront d'abord, par une série de mesures et d'études sur le passé, que le site choisi est suffisamment venté. Il faut que le terrain se prête à supporter un poids de plusieurs centaines de tonnes; des géologues répondront à cette question. Il aussi, enfin que le site soit facilement accessible par les véhicules de grande capacité qui achemineront les pièces gigantesques qui entrent dans la composition d'une éolienne. Il faut que le raccordement avec le réseau EDF soit facile et économique. Il faut qu'aucune interdiction de nature juridique ou architecturale (sites inscrits ou classés, paysages remarquables, sites emblématiques, sites soumis à des contraintes ou servitudes particulières: aéronautique, radars... ) ne s'oppose à la réalisation à l'endroit choisi d'un tel projet. Il convient enfin de prendre en compte le patrimoine naturel, et en particulier l'avifaune (oiseaux et chauves-souris), en évitant les zones protégées (réserves, sites Natura 2000.... Une étude ou notice d'impact fait le point sur l'état initial du site, analyse les conséquences du projet au regard du milieu naturel, des paysages, de l'environnement humain et économique et propose des mesures de compensation ou de réduction des impacts. Il s'avéra que le plateau d'Ally présentait
les caractéristiques exigées:
Les études préalables achevées
les autorités administratives compétentes accordent le permis
de construire et l'autorisation de produire de l'électricité.
Si le site se trouve dans une zone de développement éolien
(ZDE), l'électricité sera obligatoirement achetée
par EDF à un prix suffisamment attractif pour favoriser ce type
d'énergie (8,2 centimes le kW/h). Lorsque les éoliennes dépassent
50 m, ce qui est le cas à Ally, le dossier de demande de permis
de construire est soumis à une enquête publique permettant
à la population de consulter toutes ses pièces, de demander
des explications et de formuler un avis. Le permis de construire est délivré
par le préfet et l'autorisation d'exploitation par le ministre de
l'Énergie.
L'implantation des éoliennes fit l'objet d'un débat afin de satisfaire aux exigences suivantes: être situées à un endroit optimal du point de vue du vent, s'intégrer harmonieusement à l'environnement, respecter les distances minimales réglementaires entre éoliennes et vis-à-vis des maisons d'habitation et enfin être réparties sur les propriétés des habitants de la commune de manière à ne favoriser ni à ne léser aucun d'entre eux. La distance minimale entre éoliennes s'impose pour qu'elles ne se gênent pas mutuellement. En effet, une partie de l'énergie du vent est absorbée par chaque éolienne; il en résulte que, si des éoliennes trop rapprochées étaient alignées dans la coulée du vent, seule la première travaillerait à pleine capacité. Les éoliennes du parc d'Ally-Mercoeur, furent disposées sur les hauteurs en suivant deux courbes qui se croisent; elles forment un tout harmonieux avec le paysage boisé et vallonné qui les entoure. Elles semblent plus espacées que celles que l'on aperçoit au loin dans le Cantal, lesquelles paraissent plus resserrées. L'ensemble de la procédure décrite
ci-dessus et divers retards qui se produisirent retardèrent l'ouverture
du chantier jusqu'en 2005.
La première tâche consista en la pose du câblage enterré qui devait rassembler l'électricité produite par chaque éolienne pour l'acheminer ensuite au site de production du réseau EDF. Vingt-cinq kilomètres de câbles à haute tension ont ainsi été enterrés. Ensuite, commencèrent les travaux de
terrassement pour la construction du socle de chaque éolienne. Une
excavation circulaire de 15 m de diamètre et de 3 m de profondeur
fut creusée. Une grille de fer fut placée au fond puis du
béton armé, ultérieurement couvert de remblai, y fut
coulé. Ce travail exigea l'emploi de 200 à 250 tonnes de
béton, pour un poids d'environ 4 à 500 tonnes, l'ensemble
du socle, ferraillage et béton compris, s'élevant à
environ 600 tonnes.
Une fois le socle terminé, on procéda à l'installation du mat, de la nacelle et des pales. Les différentes pièces furent livrées comme les éléments d'un jeu de construction. Les mats, en provenance d'Allemagne, furent livrés en 4 fûts d'environ 20 m de long pesant chacun 30 à 40 tonnes. Les nacelles, de la taille d'un mobile-home, fabriquées en Espagne, pesaient de 55 à 62 tonnes. Les pales, livrées une par une, provenaient du Danemark, mesuraient 37 m et pesaient environ 7 tonnes et le moyeu 30 tonnes. Le transport de pièces aussi volumineuses et aussi lourdes exige l'emploi de gros et longs convois. Le fût au diamètre le plus grand fut installé et boulonné sur le socle au moyen d'une grue; le second fût s'emboîta sur le premier, en suivant la même procédure, et fut boulonné à son tour par des ouvriers montant à l'intérieur du fût déjà installé; les deux autres fûts complétèrent la tour cylindrique, légèrement conique, destinée à recevoir la nacelle. La nacelle, fut ensuite levée par la grue, placée au sommet de la tour et boulonnée par les ouvriers montés à l'intérieur des fûts. L'opération la plus délicate est l'installation des pales; celles-ci furent d'abord assemblées avec leur moyeu puis un système de deux grues les leva tandis qu'un ouvrier manoeuvrait un câble pour contrôler leur ballant, opération très délicate qui exige une intervention manuelle; la chute des pales entraînerait leur destruction et ferait perdre une somme considérable. Le montage d'une éolienne sur son socle ne prend pas plus de 6 heures d'un travail exigeant beaucoup d'attention. Il est inutile de préciser que les importuns qui viendraient troubler les travailleurs seraient renvoyés sans ménagements verbaux à leurs affaires! .
Voici maintenant quelques informations sur le parc en activité. Les générateurs sont du type "General Electric Wind Energy" (GEWE 1.5sl) d'une puissance nominale de 1,5 mégawatts (1,5 millions de watts). Une éolienne fournit l'énergie électrique suffisante pour environ 2000 foyers. La puissance totale installée sur le site, qui comporte 26 éoliennes, s'élève à 39 mégawatts, ce qui suffirait pour alimenter en électricité le tiers du département de la Haute-Loire. Au moment où sa construction débuta, le site d'Ally-Mercoeur représentait le chantier éolien le plus grand de France. En 2009, il reste l'un des plus importants, mais il a été dépassé par celui de Fruges (Pas-de-Calais) qui compte 70 éoliennes et produit 140 mégawatts. L'électricité éolienne, soumise aux aléas des vents, n'a pas un caractère permanent; lorsqu'elle est disponible, elle est utilisée en priorité, pour économiser les autres types d'énergie modulables à la demande (barrages, centrales thermiques et nucléaire); en période de basses eaux, elle permet ainsi de reconstituer le plein des barrages. Chaque générateur est pourvu d'un transformateur sortant un courant de 20000 volts, à partir du courant généré de 690 volts. L'ensemble est connecté par un réseau de câbles souterrains à un poste de livraison. Ce dernier est lui-même raccordé à une antenne EDF de raccordement au site de production du réseau (Poste source7) situé à Mazeyrat d'Allier à 27 km. Les éoliennes fonctionnent à des vitesses de vent comprises entre 3 et 22 m/s, d'après les informations disponibles au Moulin du Calvaire et entre 10 km/h à 90 km/h d'après notre guide. Au-delà de ces extrêmes, elles se mettent automatiquement à l'arrêt, bien qu'elles puissent théoriquement supporter des vitesses de 58 m/s (208 km/h). Les générateurs sont mus par
un rotor de 3 pales de 77 m de diamètre. La vitesse de rotation
des pales varie entre 10 et 18 tours minute; tourner plus vite ne servirait
qu'à accélérer l'usure sans fabriquer davantage de
courant. Le générateur et les moteurs d'orientation des pales
sont installés à l'intérieur de la nacelle. Un système
d'engrenage permet d'élever la vitesse de rotation du générateur
entre 1000 et 1800 tours minute, 1800 tours représentant la vitesse
optimale de production de l'électricité. Sur le toit et à
l'arrière de la nacelle, un dispositif qui ressemble à deux
antennes mesure en temps réel la trajectoire du vent et sa force;
grâce à ces mesures, les moteurs d'orientation sont mis en
route pour placer les pales face au vent et leur donner une inclination
qui leur permette de maintenir la vitesse de rotation entre les limites
précisées ci-dessus. Rotor et nacelle sont placés
au sommet d'une tour cylindro-conique de 85 m de haut au niveau de l'axe
du rotor. Des feux clignotants signalent la présence de ces hauts
piliers aux aéronefs. L'emprise au sol d'une éolienne avoisine
8000 m2. Un parc de 26 machines couvre grosso modo une trentaine
d'hectares. Le poids global d'une éolienne s'élève
à environ 260 tonnes et son socle à 600 tonnes, cette répartition
assurant la stabilité de l'ensemble.
La tour est un tube d'acier de 4,75 m de diamètre à la base, lisse à l'extérieur, et contenant l'ensemble des réseaux électriques et informatiques, l'échelle d'accès à la nacelle ainsi que les commandes du générateur. Les éoliennes sont implantées à intervalles de plus de 300 m les unes des autres, pour ne pas être perturbées par le sillage de leurs voisines, en cas de vent orienté selon leur alignement, comme on l'a déjà dit. La réglementation exige qu'elles se trouvent à une distance minimum de 400 m de toute habitation. La nuisance acoustique est infinitésimale; le bruit des moteurs est imperceptible au pied même de la tour. Deux techniciens veillent sur le bon fonctionnement du parc. Ils pénètrent régulièrement à l'intérieur de la tour, par la porte située à son pied, et gravissent les 85 m sur des échelles, par paliers afin d'éviter les accidents, puis se rendent dans la nacelle qu'ils inspectent. Le coût d'un tel investissement sélevait entre 1300 et 1600 euros en 2008 et le coût de fonctionnement à environ 3% par an. La durée de vie d'une éolienne est estimée à 20 ans. Voici maintenant quelles sont les sociétés qui ont participé au projet: -SOFIVA Énergie (Ardèche): co-développement
et prospection.
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