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A mon ami A. Lionnet
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Océan, Océan, quand tes vagues
fumantes
Lèvent en mugissant leurs têtes
écumantes,
Un flot majestueux, se dressant dans les airs,
Semble toucher le ciel de sa crête sublime;
Comme un vaste cratère on voit fumer
sa cime;
Et de sa masse énorme il domine les
mers! .
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Les ondulations que son volume écrase,
Viennent avec fureur se briser sur sa base;
L'onde monte et bondit vers son front orgueilleux;
Mais lui -voyez!- semblable au Dieu de la
tempête,
D'écume et de vapeurs il couronne sa
tête
Et semble maîtriser l'élément
furieux.
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Tel, de ces lieux que tu domines,
Superbe mont salazien,
Tel, de ces montagnes voisines
Jaillit ton front aérien!
Immense, éternel, immobile,
Du centre élevé de mon île,
Ton sommet auguste et tranquille
Impose et commande aux regards;
Un hiver éternel y siège,
Et ton front que le vent assiège,
Se couvre de glace et de neige
Comme la tête des vieillards. .
L'oeil qui du sein des mers profondes
Aperçoit ta mâle beauté,
Sur la verte fille des ondes
Aime ta noble vétusté.
Et tu sembles dans ton silence,
Du doux zéphyr qui se balance
Ou de l'aquilon qui s'élance,
Écouter le bruit dans les cieux;
Ou comme un géant solitaire,
Sur les ondes et sur la terre
Fixant un regard centenaire,
Rêver grave et silencieux! .
Lorsque le jour expire et que l'ombre est venue,
Quand la lune se lève au-dessus de
la nue,
L'océan à tes pieds brille comme
un miroir;
Des cieux, l'astre des nuits blanchit les
vastes dômes
Et tu vois les vaisseaux comme de blancs fantômes,
Glisser à l'horizon sous les vapeurs
du soir
Et le pauvre pécheur dont la barque
rapide
Bondit légèrement sur la plaine
liquide,
Et l'oiseau que la nuit a surpris sur les
mers,
Dans un vague lointain apercevant ta cime,
Dirigent leur essor sur ton sommet sublime
Et s'avancent bercés par le souffle
des airs. .
Et de loin sur la mer immense,
L'oeil étonné du voyageur
Te contemple dans le silence,
Aux rayons de l'astre rêveur.
Le nuage errant qui s'arrête,
Paraît s'agiter sur ta crête,
Comme on voit flotter sur leur tête
Les blancs panaches des héros;
Et ta masse antique et profonde
Qu'une douce lumière inonde,
Semble le bleu spectre de l'onde
Debout sur l'abîme des flots!
Ah ! devant ta face ridée
Combien de siècles ont passé?
Mais sur ta cime saccadée
Le pas du temps s'est effacé.
Que de jours de calme et d'orage,
Et de soleil et de nuage,
Et de tourmente et de naufrage,
Pour ton oeil séculaire ont lui?
Tempête, ombre, aquilon lumière,
Tout rentra dans la nuit première;
Mais toi, dans ta stature altière,
Tu fus alors comme aujourd'hui! .
Alors, comme aujourd'hui, la matinale aurore,
Et le rayon mourant du jour qui s'évapore,
Sur ta tête azurée ont répandu
leurs feux;
Et quand l'aube ou la nuit vint sourire à
la terre,
Dans l'empire éthéré
tu brillas solitaire,
Comme un phare aux reflets doux et silencieux.
Alors, comme aujourd'hui, de tes rochers arides
Tu versas dans nos champs les flots purs et
limpides;
Et, défiant toujours l'ouragan destructeur,
Et drapant tes flancs nus du manteau des nuages,
Comme un génie assis sur le trône
des âges,
Tu levas dans les cieux ton front dominateur.
.
Pyramides de la nature,
Pitons, sommets, vaste hauteur,
Dont la gigantesque structure
Parle à l'homme de son auteur;
Monts altiers, masse indéfinie,
Profondeurs et désharmonie,
Qu'un propice ou fatal génie
Sema dans ces lieux écartés;
Éclairs sanglants, sombre nuage,
Nid aérien d'où l'orage
S'élance en bondissant de rage
Au sein des airs épouvantés;
Gouffres, flots, océan, tempête,
Emportez-moi dans vos horreurs!
Car j'aime à sentir sur ma tête
Passer le vent de vos fureurs!
J'aime à contempler vos abîmes,
A mesurer vos hautes cimes,
A suivre vos ondes sublimes,
A me remplir de votre effroi;
Aux vagues, aux vents, à la flamme,
Je veux toujours mêler mon âme,
Car mon cœur s'exalte et s'enflamme
Et tout alors grandit en moi!... |
2
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Océan, Océan, quand ta houle écumante
Roule, vague sur vague, aux coups de la tourmente,
Un flot majestueux, d’un seul jet dans les
airs,
Monte submergeant tout de son élan
sublime :
Comme un cratère on voit au vent fumer
sa cime,
Et de sa masse énorme il domine les
mers.
.
Les ondulations que son volume écrase
Viennent incessamment se briser à sa
base ;
L’eau bouillonne et bondit vers son front
orgueilleux,
Mais lui, voyez ! debout au fort de la tempête,
D’écume et de vapeurs il couronne sa
tête,
Maîtrisant à ses pieds les assauts
furieux.
.
Tel de ces pics que tu domines,
Superbe mont salazien,
Tel de ces montagnes voisines
Jaillit ton front aérien.
Immense, immuable, immobile,
Du plateau central de notre île
Ton sommet auguste et tranquille
Se dresse, embrassant l’horizon ;
Un hiver éternel y siège,
Et tes flancs que la nue assiège,
Se couvrent de glace et de neige,
A jamais chauves de gazon.
.
L’oeil qui du sein des mers profondes
Contemple ta mâle beauté,
Sur la verte fille des ondes
Aime ta farouche âpreté.
Tu sembles, dans le vide immense,
Du vent léger qui se balance,
Ou de l’ouragan qui s’élance,
Écouter le bruit dans les cieux,
Et, comme un aïeul solitaire,
Sur l’océan et sur la terre
Fixant un regard centenaire,
Veiller, penseur silencieux.
.
Quand le soleil s’éteint et que l’ombre
est venue,
Quand la lune se lève au-dessus de
la nue,
La mer autour de toi roule, mouvant miroir
;
Des cieux l’astre des nuits blanchit les vastes
dômes,
Et tu vois les vaisseaux, comme de blancs
fantômes,
Glisser à l’horizon dans les vapeurs
du soir.
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Et le hardi pêcheur dont la barque rapide
Bondit légèrement sur la nappe
limpide,
Et l’oiseau que la nuit a surpris sur les
mers,
Voyant bleuir au ciel ta forme aérienne,
Orientant leur vol sur ta cime lointaine,
S’avancent au roulis berceur des flots amers.
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Et ton front d’un azur intense,
Aux clartés de l’astre songeur,
Apparaît plus sombre à distance
A l’oeil pensif du voyageur.
Il voit l’essaim des paille-en-queue,
Qui font d’un coup d’aile une lieue,
Tachant de blanc la voûte bleue,
Regagner l’île aux verts îlots.
Et ta masse antique et profonde,
Qu’une clarté d’opale inonde,
Semble le noir spectre de l’onde
Debout sur l’abîme des flots.
.
Ah ! devant ton profil austère
Combien de siècles ont passé
!
Sur ton granit que rien n’altère
Le pas du temps s’est effacé.
Que de jours de calme et d’orage,
Et de trombe et d’ardent mirage,
Et de tourmente et de naufrage,
Pour ton oeil séculaire ont lui !
Tempête, ombre, aquilon, lumière,
Tout rentra dans la nuit première ;
Mais toi, dans ta stature altière,
Tu fus alors comme aujourd’hui.
.
Alors comme aujourd’hui les rougeurs de l’aurore,
Et la pourpre des soirs que l’ombre décolore,
Sur ta tête de neige ont répandu
leurs feux ;
Et quand l’aube ou la nuit vint sourire à
la terre,
Dans le vide étoilé tu brillas
solitaire,
Comme un phare aux reflets doux et mystérieux.
.
Alors comme aujourd’hui de tes rochers arides
Tu versas dans nos bois la nappe aux eaux
limpides ;
Et défiant toujours le vent dévastateur,
Et drapant tes flancs nus du manteau des nuages,
Adamastor des monts et trônant sur les
âges,
Tu levas dans les cieux ton front dominateur.
.
O colosses de la nature,
Pics d’inaccessible hauteur,
Dont l’inébranlable structure
Brave l’ouragan destructeur !
Blocs altiers, masse indéfinie,
Gouffres, chaos, désharmonie,
Que la main d’un fatal génie
Sema dans ces lieux écartés
;
Gerbes d’éclairs, sombres nuages,
Nids fulgurants d’où les orages
S’élancent en éclats sauvages
Au sein des monts épouvantés
;
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Torrent, gouffre, océan, tempête,
Emportez-moi dans vos terreurs,
Car j’aime à sentir sur ma tête
Passer le vent de vos fureurs !
J’aime à contempler vos abîmes,
A mesurer vos hautes cimes,
A suivre vos houles sublimes,
A me remplir de votre effroi !
Au vent, à l’éclair, à
la flamme
Je veux, je veux mêler mon âme
!
Mon âme en tes grandeurs t’acclame,
O nature ! et grandit en moi. |