Une notice sur les monomètres
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Voici quelques renseignements sur les monomètres australiens tirés d'un ouvrage paru dans les années 1970.  

Les monomètres sont les plus primitifs des mammifères. Ils pondent des oeufs, comme les reptiles, les oiseaux et le dinosaures, mais allaitent leurs petits après l'éclosion. Ils sont pourvus de sang chaud et de poils. Leur structure osseuse présente des caractères singuliers chez les mammifères; leurs oeufs sont mous et la coquille en est compressible, ils ne dépassent pas 18 mm de long à la ponte et le jaune y est proportionnellement plus volumineux que dans les oeufs d'oiseaux, ce qui accroît les réserves nutritives de l'embryon. On pense ainsi à un chaînon dans l'évolution des reptiles et des oiseaux vers les mammifères. L'ornithorynque et l'échidné sont les deux figures principales de ces animaux. 
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Un ornithorynque
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L'ornithorynque (ornithorynchus anatinus) vit dans les rivières de Tasmanie et du sud-est australien. D'après Darwin, cet étrange animal fouisseur n'aurait pas évolué parce qu'il était peu nombreux et qu'il n'a jamais été en compétition avec grand monde pour la sélection des espèces dans un milieu relativement isolé et descendrait de l'animal qui précéda les ovipares et les vivipares; il est donc resté semblable à ce qu'il était voici des millions d'années et peut être considéré comme un véritable fossile vivant. Il possède un bec de canard, une queue puissante et plate comme celle du castor, des pattes rappelant celle de la taupe et de l'oie et une toison rase d'un brun roux qui recouvre son corps de la tête à la queue. Cet animal curieux protège ses yeux et ses oreilles grâce à un plissement de sa peau; il replie ses palmes sous ses pattes. Le mâle possède sur la face interne des pattes postérieures des ergots très acérés reliés à des glandes venimeuses qui constituent une arme redoutables contre les rongeurs qui voudraient lui disputer son territoire. Il ne passe que quelques heures en milieu liquide où il plonge, nage avec aisance, et creuse des sillons dans la vase. Facétieux, il s'amuse volontiers avec ses semblables et sa curiosité l'amène à s'approcher de ce qui l'intrigue. Il se nourrit de vers, de mollusques et de crustacés, qu'il cherche en fouillant la boue de son bec, dont il se sert comme d'une pelle. Ses pattes sont pourvues de cinq doigts prolongés de fortes griffes bien affûtées. Les palmes lui servent à se propulser dans l'eau. Sa queue lui sert de gouvernail mais aussi de truelle et de battoir pour construire son terrier dans la terre molle des rives. Celui-ci est d'abord creusé par les griffes puis régularisé et fignolé à coups de queue. Le couloir d'accès au terrier est long et sinueux, coupé de chicanes; il débouche sur une loge qui abrite le couple jusqu'à ce que la femelle sente poindre en elle l'instinct de maternité. Alors elle aménage un nouveau logis où elle s'isole; deux orifices, l'un sur la berge, l'autre sous l'eau, y conduisent; ils sont encombrés d'obstacles; la femelle repousse toute présence, y compris celle de son mâle. Une fois la chambre tapissée d'herbes sèches, elle y pond trois oeufs mous, entourés d'une enveloppe visqueuse, riche en calcaire, qui se solidifie. Elle s'enroule ensuite autour des oeufs, qui font généralement moins de 2 cm de longueur, pendant trois semaines. Les petits venus au monde, la femelle les glisse sous son ventre, dans une sorte de poche marsupiale. Les nouveaux nés se nourrissent en absorbant le lait suintant dans cette poche, qui se résorbera ultérieurement. Les jeunes ornithorynques, dépourvus de poils, restent confinés dans le terrier pendant plusieurs semaines, avant de sortir pour apprendre à nager et à chasser; leurs yeux s'ouvrent à trois mois et à cinq mois la mère les sèvre. Ils continuent d'accompagner leur mère à la chasse; celle-ci est alors animée d'une fin dévorante. Au bout d'un an, ils atteignent l'âge adulte. 
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Un échidné
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Alors que l'ornithorynque est semi-aquatique, l'échidné (tachyglossus aculeatus) est un animal terrestre, familier des steppes herbeuses et rocailleuses, qui ressemble un peu à notre hérisson. Il naît de la même façon que l'ornithorynque. Le mère pond de un à trois oeufs; ceux-ci tombent directement dans la poche marsupiale, laquelle se développe après l'accouplement; une sécrétion gluante colle les oeufs à la fourrure. Après la naissance, les petits lèchent les sécrétions lactées. La mère fouille la steppe et retourne les pierres à la recherche des fourmis ou des termites dont elle est friande. Son museau fin et cylindrique se termine par deux petites narines et par une bouche étroite. La langue extensible va chercher les proies jusqu'au fond de leur repaire et les ramène dans l'orifice buccal. Elles y sont broyées par un appareil dentaire rudimentaire. Du sable et des graviers sont ingurgités, si nécessaire, pour faciliter la mastication. Le bol alimentaire est ensuite envoyé dans un gésier, où les substances alimentaires sont triées, avant d'aller à l'estomac.  Après quelques semaines d'allaitement, les petits ont grossi et commencent à se couvrir de poils rigides précurseurs des piquants. La femelle brise alors avec ses ongles l'enduit qui les maintenait en place et les dépose sur une pierre alvéolée, où elle les met à l'abri, tandis qu'elle part à la chasse. Elle revient régulièrement les allaiter, mais en espaçant les tétées. Poussé par la faim, les jeunes échidnés sont incités à partir seuls en quête de nourriture. En avançant vers l'âge adulte le bouclier de piquants de l'échidné se renforce en devenant de plus en plus dru et fourni, de la petite tête à l'arrière-train dépourvu d'appendice caudale. Cet animal possède cinq doigts à chaque patte, le second étant plus développé que les autres. La griffe, aussi dure que l'acier, plonge dans les sols pierreux avec beaucoup d'habileté. L'échidné se déplace péniblement en se traînant sur le ventre. Aussi, dès qu'il se sent menacé, il creuse rapidement le sol, s'enfonce dans le trou et ne laisse dépasser que ses piquants, qui suffisent généralement à dissuader les prédateurs. Des différences assez marquées distinguent les échidnés d'Australie de ceux de Tasmanie et de Nouvelle-Guinée. 

Les monomètres sont aujourd'hui des espèces protégées.

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