Au coeur du Lembron, à
quelques kilomètres d'Issoire, le village de Villeneuve installé
sur la croupe du vallon du Lambronnois doit son existence aux défrichements
des 11ème et 12ème siècles.
Domaine des Dauphins d'Auvergne
jusqu'au 15ème siècle, Villeneuve fut détaché
de leur châtellenie de Vodable pour créer une seigneurie au
profit des d'Aureille. Jean Ier de Bourbon leur octroya le droit
de fortifier.
Le château fut édifié
à la fin du 15ème siècle par Rigaud d'Aureille. Bénéficiaire
de nombreux privilèges, ce dernier fut le grand homme de la famille.
Né vers 1450, il devint maître d'hôtel des rois Louis
XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier. Diplomate et homme
de guerre il occupa de hautes charges administratives. La construction
du château de Villeneuve devait porter témoignage de sa réussite
sociale. Ce château, qui n'a pas subi de transformation, est l'exemple
assez rare d'une demeure seigneuriale en province au début de la
Renaissance.
Le bâtiment, de plan carré,
cantonné de quatre tours, fut décoré d'un ensemble
de peintures murales dont certaines parties seulement ont été
conservées dans les deux galeries du corps de logis et dans la chapelle.
Certaines des ces peintures sont présentées sous forme de
morales. Rigaud d'Aureille, qui les commanda, y fait preuve d'une certaine
misogynie. C'est ainsi que Chiche-face, qui se nourrit de femmes obéissantes
à leur mari, y est représentée sous les apparences
d'une bête d'une maigreur quasi squelettique. Elle n'ose même
pas dévorer la personne qu'elle tient entre ses dents de peur de
n'en point trouver d'autre. Au contraire, la Bigorne, la bête qui
se nourrit des hommes vertueux, est grasse et bien portante.
A la Renaissance, au cours du
voyage qu'il fit pour aller marier à Marseille le dauphin avec Catherine
de Médicis, François Ier séjourna dans le château
de son ancien maître d'hôtel, alors possédé par
le fils de Rigaud, lequel était décédé. Au
début du 16ème siècle, Gaspard de Montmorin embellit
le château d'un grand décor peint de grotesques, dont il ne
reste que quelques éléments dans la salle d'apparat et dans
les grandes écuries.
En 1643, Villeneuve-Lembron fut
acquis par Isaac Dufour, qui aménagea l'ancienne forteresse (transformation
de la cour intérieure et de la galerie en portiques, plafonds peints,
boiseries et décors des cheminées du premier étage).
Le château fut ensuite transmis aux Pélissier de Féligonde,
qui le conservèrent jusqu'en 1919.
En 1937, l'État se porta
acquéreur du château et en entreprit la restauration. Les
écuries ne furent acquises qu'au milieu des années soixante.
L'admirable décor ornant leur voûte put être consolidé
à temps et restauré.
Une singularité pittoresque
pour terminer: le château serait hanté par la "baraille"
ou "femme jaune" supposée parcourir les couloirs la nuit et venir
poser ses mains glacées sur ceux qui dorment dans cette
demeure hantée.
Dans le village de Villeneuve-Lembron,
on peut également visiter l'Hôtel d'Aureille (ou d'Aureilhe),
ancienne résidence des Aureille de Villeneuve avant la construction
du château. Ce périmètre fortifié du Moyen-Âge,
sauvé in extremis de la ruine, comprend:
-une tour carrée du 12ème
siècle du haut de laquelle on admire un panorama exceptionnel. Récemment
restaurée, elle semble être la seule tour de ce type encore
debout en France;
-l'Hôtel proprement dit,
qui date du 13ème au 15ème siècle, en cours de restauration,
-un rempart et des corps de logis
du 15ème siècle.
|