La butte (dyke) sur laquelle s'élevait
le château de Nonette est le culot d'une ancienne cheminée
volcanique. Son emplacement exceptionnel et la découverte de vestiges
gallo-romains laissent supposer une occupation très ancienne. Nonette
était au 9ème siècle le siège d'une vicairie.
L'église paroissiale primitive était celle de Saint-Sixte,
située sur les rives de l'Allier. Les franchises de Lorris (charte
octroyant aux habitants de nombreux privilèges, notamment fiscaux),
accordées en 1188 par Philippe Auguste, entraînèrent
une relative extension du village. Au 13ème siècle, Nonette
était une des plus anciennes prévôtés royales
de la province; cette prévôté comptait alors 90 paroisses.
.
Nonette était surmontée, jusqu'au 17ème siècle, par une puissante forteresse dont l'enceinte extérieure enfermait une partie du village et l'église Saint-Nicolas. De cette forteresse, détruite par Richelieu, il ne reste que des ruines parmi lesquelles on reconnaît l'entrée ainsi que des excavations creusées dans le sol, en forme de puits ou d'amorce de souterrain. Du haut de la colline, sommée maintenant d'une croix, on jouit d'une belle vue sur le village et ses environs. Un nouveau château s'élève à l'intérieur du bourg. Son parc, planté de nombreuses essences d'arbres centenaires: cèdres du Liban, sophoras du Japon, mélèzes, pins, marronniers d'Inde et érables, est une création romantique du 19ème siècle. C'est un lieu calme propice à la méditation. Depuis le Moyen-Âge, il existait à proximité du village une carrière de marbre aujourd'hui disparue. On en extrayait un calcaire travertin très fin, appelé "marbre de Nonette", utilisé pour la confection de cheminées ou d'escaliers encore visibles dans de nombreuses demeures anciennes. Le pont Pakowski enjambe l'Allier, une des
dernières rivières fréquentées par les saumons.
C'est une construction du début du 20ème siècle qui
remplaça un bac. La navigation en canoës, les ballades sur
les berges de l'Allier et la pêche sont très appréciées
à la saison estivale.
L'église Saint-Nicolas de Nonette était le siège d'un prieuré bénédictin dépendant de la Chaise-Dieu. Le porche ouest et une partie de la nef datent du 12ème siècle. Les travées du choeur et les chapiteaux sont de la fin du roman et du début du gothique. La Ganivelle (porche donnant sur la place) est une construction gothique flamboyant du 15ème siècle. Le bâtiment renferme un mobilier intéressant, dont la statue du Beau Dieu, un buste en "marbre de Nonette" qui aurait été commandé par le duc Jean de Berry. Le clocher actuel fut construit entre 1894 et 1897 et sa couverture de tuiles date de 1985. Lors du creusement des fondations du clocher, furent découverts des fragments de la statue du Beau Dieu, notamment une main; on pense que cette statue était située à l'extérieur de l'édifice et qu'elle fut brisée sous la Révolution, en 1793, lors de la destruction du clocher-peigne. Le porche roman est caractérisé par de simples colonnes comparables à celles de l'église de Mailhat tout proche où elles ont été récupérées d'un sanctuaire païen. Une archivolte abrite des représentations du monde d'ici-bas surgissant au-dessus des monstres du chaos; à gauche, on distingue sans doute le peuple de Dieu: paysan, soldat, prêtre; à droite, les péchés du monde: luxure et avarice; en haut, des poissons et un lièvre entourant une image brisée de l'Aigle, symbole du Christ guidant le monde. Le tympan du portail est orné d'un ange exterminateur entre une sirène et un âne de symbolisme inconnu. On remarque la similitude de ce porche avec le chevet de l'église de Mailhat (à 3 km) et avec le porche de l'église du Breuil (à 5 km) qui portent de nombreuses rosettes inhabituelles en Auvergne mais abondantes dans le roman fleuri méridional, par exemple à Saint Guilhem du désert (Hérault). La chapelle des rois est située en face
de l'entrée sud; son nom provenait d'un retable de pierre très
rare en Auvergne. Ce retable fut brisé à la Révolution
par des agents du district venus d'Issoire, le jeudi 21 novembre 1793 (1er
décadi frimaire an II). Redécouvert fortuitement en 1976,
ce retable brisé laisse apercevoir une crèche de Bethleem
avec, à gauche: Marie portant l'enfant Jésus et Joseph penché;
au centre: l'âne et le boeuf et les rois s'inclinant devant la Vierge
mère; au fond: les serviteurs rois portant des présents;
à droite: la caravane des chameaux à l'arrêt. L'ensemble,
finement sculpté, mériterait une restauration. Dans cette
chapelle, on trouve également un Saint Verny, patron des vignerons,
juché sur une colonne, à droite au fond, bel exemple de sculpture
populaire. Mais l'oeuvre majeure est le Beau Dieu; la pureté des
lignes de cette sculpture la rattache à l'époque des embellissements
entrepris par le duc de Berry; cette oeuvre a été attribuée
à André Beauneveu, un sculpteur originaire de Valenciennes
qui travailla à Nonette pour Jean de Berry en 1387; on attribue
également à cet artiste la vierge d'Auzon qui aurait pu être
déplacée du portail de la chapelle du château de Nonette
lors de sa démolition en 1633-1634; jusqu'en 1897, le buste décapité
du Beau Dieu était situé au pignon de la ganivelle; en le
déplaçant pour installer la croix de fer forgé, on
pensa y raccorder une tête découverte une vingtaine d'années
auparavant lors de la démolition d'une maison; ce buste fut restauré
en 1976.
On notera la voûte des chapelles, à monogramme ou à blason, ces chapelles étant fondées par des familles dont les marques ont été apposées. Dans la chapelle gauche en montant vers le choeur, on admire un beau devant d'autel en noyer peint et doré, deux châsses en bois doré dans des niches gothiques, un tabernacle en bois peint tous ces éléments datés du 17ème siècle et enfin une statue de bois doré du 18ème siècle. Les chapiteaux du choeur sont des visages dont les symbolisme reste obscur, à gauche, un homme et une femme: peut-être Adam et Eve; à droite: un homme, une tête de boeuf et une bouche d'où sortent des feuillages (la puissance créatrice du verbe?). Les chapiteaux de la nef remontent au 11ème et 12ème siècle; à droite des animaux et des chimères (griffons ailés?), à gauche: un homme et une femme. La ganivelle flamboyante,
à la ligne très pure, porte une clé de voûte
sculptée au monogramme A. M. Cette avancée du porche est
de même style que la chapelle des rois qui lui fait face de l'autre
côté de la nef.
Sur la place, devant le nouveau château se dresse un ancien puits muni de l'attirail nécessaire pour tirer l'eau. |