Le château de Nonette était construit
sur une butte de basalte dominant l'Allier de 200 mètres. Ses seigneurs
et leurs vassaux, pillards et turbulents, ont laissé de nombreuses
traces dans la chronique locale. Tel Astorg, dit le "Taureau rouge", surnom
qui se passe de commentaires, Amblard, le "Mal Hiverné", que même
l'hiver n'arrêtait pas et qui enleva une religieuse. Ce serait cette
aventure qui aurait donné son nom au site.
Il ne reste pas grand chose de cette forteresse,
autrefois si redoutée, qui passait pour l'une des plus fortes d'Auvergne.
Souvent remaniée, elle était protégée par plusieurs
enceintes. Au 17ème siècle, une ligne de fortifications ceignait
même les quartiers du village de l'ancienne basse-cour et de l'église
Saint-Nicolas. Le château fut adjugé pour démolition
en 1633 par ordre de Richelieu. Depuis les ruines, on distingue encore
des embases de tours, l'emplacement de la herse et du pont-levis. On découvre
également un panorama exceptionnel qui offre une vue quasi aérienne
sur le village et le Lembron.
Dans la "Description
de l'Auvergne" de Dulaure,
on lit que, vers l'an 1171, Armand, vicomte
de Polignac, s'empara du château d'où il exerça longtemps
ses brigandages à travers la province. Philippe Auguste envoya une
armée sous les ordres de Gui de Dampierre, assiégea Nonette
et prit la forteresse. En 1288, Philippe le Bel accorda des coutumes au
village; celles-ci furent confirmées par Jean, duc de Berri et d'Auvergne,
qui fit reconstruire le château, lequel fut rasé par Richelieu
au mois d'octobre 1658.
Au bas de la montagne, on exploitait autrefois
une pierre de construction qui passait pour une sorte de marbre grossier.
Voici ce que l'on peut lire dans l'histoire
d'Auvergne d'André-Georges
Manry (Editions
Volcans - 1965):
"Vers 996-999, Astorg de Brezons, dit le Taureau
Rouge, fit don à l'Église des importants domaines qu'il possédait
sur la Planèze, près du sanctuaire d'Indiciat où l'on
vénérait saint Florus, pour "se faire pardonner ses crimes
tant que dure encore le voyage de la vie". Mais son suzerain, Amblard de
Nonette, dit le Mal Hiverné, refusa de confirmer cette donation
et chercha à s'emparer des terres d'Astorg; au prix d'une guerre
sauvage, il arriva à ses fins et se constitua une puissante seigneurie.
Mais finalement pris de remords, il donna les terres à Cluny où,
aussitôt, vinrent s'installer des moines de Sauxillanges. Vers 1025
Amblard fut absous de ses crimes par le pape et, en 1031, le roi Robert
le Pieux confirma sa donation. Près du monastère, une église,
puis une ville fortifiée s'élevèrent, ce fut Saint-Flour
qui devint rivale d'Aurillac".
Plus loin, dans le même ouvrage, on trouve:
"... entre 965 et 970, l'évêque
Étienne II a beaucoup de peine à faire rendre des terres
usurpées par le seigneur de Nonette sur le prieuré de Sauxillanges;
en 1018, Amblard de Nonette, le Mal Hiverné, ravage la planèze
de Saint-Flour..."
"En 1169 ou 1170, à l'appel cette fois
de l'évêque du Puy, attaqué par le vicomte de Polignac,
Louis VII s'empara de plusieurs des possessions de ce dernier en Auvergne,
notamment de Nonette".
Ermengarde, l'épouse du Mal Hiverné
(Mal Léché), estimant que l'église de Saint-Mary-le-Cros
n'était pas une demeure digne des reliques de Saint Marius (ou Mary),
qui prêcha le christianisme en Haute Auvergne au milieu du 3ème
siècle, les fit transférer de ce lieu, où elles étaient
exposées à la vénération des fidèles
depuis la mort du saint, à Mauriac dans l'église du monastère
fondé par une fille de Clovis. Le nom du saint fut donné
à la montagne voisine du pas de Peyrol, qui devint le Puy Mary,
à l'occasion du passage du convoi au col.
(Jean Anglade:
Les Grandes Heures de l'Auvergne-Perrin
-1984)
Au 14ème siècle, le duc de Berry,
celui des "Très riches heures", peu ménagé
des deniers de ses vassaux, entretenait, dans son château de Nonette,
des volières, une meute de mâtins d'Auvergne et une ménagerie
d'animaux exotiques.
(Jean Anglade:
ouvrage déjà cité)
Voici quelque autres informations puisées
dans Wikipédia:
Amblard XII le Mal Hiverné, comtour d'Apchon, fut excommunié
par Bégon, évêque d'Auvergne, et toutes ses terres
mises en interdit pour avoir tué un chevalier: Guillaume Brunet;
celui-ci se trouvait avoir "reçu du roi le château d'Hauteclaire",
qui avait été confisqué au Mal-Hiverné à
titre de peine pour avoir forcé la clôture d'un monastère
et violé une none. Le Mal Hiverné se rendit en 998 à
Rome et obtint du pape la levée de sa sanction et s'engagea à
donner, comme réparation, une terre à un monastère.
De retour, il céda la terre d'Indiciat qui devint plus tard le siège
épiscopal de Saint-Flour.
Une légende plus récente se rapporte
à ce site bien mal fréquenté. Monsieur de Montboissier-Canillac,
condamné à mort en 1666, lors des Grands Jours d'Auvergne,
aurait préféré mourir de sa propre main en se jetant
dans le vide. Une autre tradition situe ce suicide pendant un séjour
hypothétique de la reine Margot à Nonette; après de
fortes libations, le marquis de Canillac, pour impressionner la reine,
aurait fait le pari de franchir à cheval le parapet de la forteresse
(à moins que le désespoir amoureux ne l'y ait poussé!)
Ce serait pour cette raison que la partie la plus escarpée du rocher
de Nonette, au sud-ouest, porte le nom de "Saut de Canillac". |