La culture dongba et les naxi
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Introduction 

La minorité nationale naxi, connue sous son ancien nom de "Muoxie", descend des tribus diqiang. Comptant une population de 280000 âmes, les Naxi se rencontrent au Yunnan, au Sichuan et dans les provinces tibétaines. Le comté autonome naxi de Lijiang, au Yunnan, est le principal lieu de concentration de cette population. Les Naxi parlent leur propre langue et possèdent une forme d’écriture archaïque particulière. Ils sont mondialement connus comme les derniers détenteurs de l’ancienne culture dongba. 

Cette culture a survécu grâce à la religion dongba, vieille de plus d’un millier d’années. Cette religion est basée sur le culte primitif des Naxi. Ce culte fut influencé par des apports culturels et religieux han et tibétains. La fusion de ces éléments donna naissance à une religion fétichiste, celle des Dongba. Le culte des ancêtres et des forces de la nature constitue sa caractéristique dominante. Les rituels, préservés grâce à des pictogrammes, des écrits et des tableaux religieux, en sont le véhicule principal. Le prêtre est l’héritier naturel de cette culture. 
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Le Dongba, héritier de la culture naxi 

Le dongba, autrement dit le "Sage", est le prêtre ou chaman de la religion naxi primitive. Il doit savoir lire et écrire la pictographie traditionnelle, chanter et danser, peindre, tisser, sculpter des objets religieux dans la glaise et le bois, célébrer les rites variés et maintenir la tradition pure de tout changement. Généralement, le savoir se transmet de génération en génération, mais, quelquefois, les chamans perfectionnent leurs connaissances auprès d’un maître. Le fondateur de la religion dongba est connu sous le nom de Dingbashiluo. Il remonte à des temps immémoriaux. Cette religion ne dispose d’aucun temple, les cérémonies se déroulant dans la nature. Parmi les Dongba, il n’existe pas de stratification sociale. La distinction s’effectue à partir du savoir, de l’habileté, de l’ancienneté et de la notoriété. Lors de la construction d’une maison, au moment d’une naissance, d’une maladie ou d’un décès, pour la célébration d’un mariage ou des funérailles, à l’occasion du nouvel an et de bien d’autres fêtes, les Dongba accomplissent les cérémonies appropriées moyennant rétribution. Le reste du temps, ils demeurent chez eux ou s’adonnent à des travaux agricoles. 
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Les hiéroglyphes dongba – La seule écriture de ce type encore en usage dans le monde 

La pictographie naxi est appelée "Sijiulvjiu" ce qui signifie "remarques gravées sur le bois ou la pierre". Un érudit de la dynastie mandchoue a pu dire que l’écriture est pareille à la peinture; que l’on dessine des gens comme des gens, des choses comme des choses, et ceux qui verront les dessins les prendront pour des caractères. Il n’est nullement nécessaire d’apprendre à lire à la population puisqu’elle est capable de comprendre spontanément une écriture pictographique. On compte environ 1400 pictogrammes dongba et les spécialistes estiment que cette écriture est la seule de cette nature à être encore employée dans le monde. La splendeur de l’art antédiluvien se devine à travers ces dessins et ils fournissent une aide précieuse pour la compréhension des origines mystérieuses de l’écriture. A partir des pictogrammes, les chamans dongba ont créé et utilisent d’autres caractères, plus stylisés, appelés "Geba"  qui sont basés sur un langage syllabique. 
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Les livres dongba – Une encyclopédie de l’ancienne société naxi 

Les livres dongba, connus comme "Dongbatee" dans le langage naxi, sont utilisés par les chamans. D’ordinaire, les pages dongba sont allongées et étroites. Elles mesurent environ 28 x 9 cm. L’écriture y est tracée horizontalement. Les feuillets sont attachés et maintenus ensemble sur la gauche au moyen de planchettes. Chaque phrase et chaque paragraphe sont séparés par des lignes verticales ou horizontales. Pour tracer les caractères, on utilise une pointe de bambou et une encre fabriquée par les Dongba eux-mêmes. Quelques textes sont dessinés et coloriés d’une façon plaisante qui attire l’œil. 

Le papier est celui qu’utilisent traditionnellement les Naxi. Il est épais et se conserve bien. 

L’écriture Dongba fut créée voici plus de mille ans, sous les dynasties Tang-Song. Les textes liturgiques dongba sont très nombreux. Plus de 20000 volumes sont parvenus jusqu’à nous. Les bibliothèques, les musées et les instituts de recherche de plus de 20 pays en assurent la conservation. Citons ceux de Lijiang, Kunming, Nankin, Pékin, Taïwan, des USA, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, de Suisse… Quelques dongba continuent à en produire.  

Ces livres rassemblent une somme de connaissances variées à telle enseigne que l’on a pu parler d’une encyclopédie de la culture primitive naxi. Les sujets traités vont de la philosophie à l’art en passant par l’histoire, la religion, la médecine, l’astronomie, le folklore, la littérature etc. Parmi ces ouvrages, les "Congbasntu", "Lvberlvrao" et "Duaisuai" sont considérés comme les trois grands textes poétiques du peuple naxi. Le "Cuomu", où sont consignées sous forme de pictogrammes les figures d’une danse dongba, constitue un exemple unique au monde. Il est encore possible aujourd'hui de danser en suivant les images de cet ouvrage. 
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Les rites du peuple naxi – La liturgie dongba 

La religion dongba des Naxi est une sorte de transition entre la religion naxi primitive et un culte humain plus évolué. Elle s’appuie sur un rituel comportant plus d’une trentaine de cérémonies. Les livres dongba ont recensé et préservé ce rituel qui peut être encore aujourd’hui respecté grâce à eux. Il est étroitement lié aux différents aspects de la vie du peuple naxi et s’efforce de surmonter les contradictions qui surgissent entre l’homme et la nature, l’individu et la société. Parmi les différentes cérémonies qu’il comporte, citons: l’adoration du ciel, l’adoration de l’esprit errant, l’adoration du dieu de la nature et l’adoration du fondateur, Dingbashiluo. 
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L’adoration du ciel 

L’adoration du ciel est la cérémonie la plus importante du culte dongba. Les Naxi se qualifient d’ailleurs eux-mêmes de peuple qui adore le ciel. A chaque printemps et à chaque automne, toutes les familles et tous les clans accomplissent le rituel à l’endroit prévu pour ce faire. Deux chênes et un genévrier, qui symbolisent respectivement le père ciel, la mère ciel et l’oncle ciel, sont plantés au centre de cet endroit. Des bâtons d’encens et des offrandes sont placés aux pieds de ces arbres sacrés. Le Dongba chante le texte appelé "Congbantu" (migration de l’homme) pour rappeler à l’assistance ce qu’elle doit à ses ancêtres; il prie les héros afin de renforcer l’unité de la nation et d’attirer la paix sur elle; il s’adresse aussi aux forces naturelles pour en obtenir un temps favorable aux récoltes.  
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La cérémonie de l’esprit errant 

La cérémonie de l’esprit errant, "Herlaliken" en langage naxi, vise à apaiser l’âme des personnes décédées de mort anormale, comme les suicidés, les victimes de la guerre ou d’autres désastres. Les Naxi croient que le corps meurt mais que l’âme lui survit. De plus, l’âme des gens décédés de mort anormale est la proie des démons et des fantômes. Elle devient elle-même un fantôme qui hante les vivants. Aussi le Dongba va-t-il exhorter le spectre à se retirer en retrouvant la paix et la sérénité. Les âmes des amants suicidés seront conduites par le chaman dans le mystérieux troisième royaume du dragon de jade, un endroit où le ciel est bleu, les nuages blancs, où l’eau des torrents coule dans les vallées encaissées entre de hautes montagnes sur les pentes desquelles croissent les pins et les genévriers, parmi l’herbe verte et les fleurs embaumées des prairies. Là, les gens ont le loisir de chevaucher des tigres et les daims blancs labourent le sol. Les hommes cultivent la terre et les femmes filent la laine. Les couples peuvent aimer librement et sans jamais ressentir la moindre tristesse. C’est un vrai paradis pour les amoureux. 
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L’adoration de Su (le dieu de la nature) 

La cérémonie d’adoration de Su est appelée "Sugv" dans le langage naxi. Les textes dongba rapportent que Su et l’homme sont frères. Nés d’un même père, seules leurs mères diffèrent. A Su fut confiée la tâche d’administrer la nature et à l’homme celles de l’agriculture et de l’élevage. Mais l’homme se mit à détruire les forêts, à polluer les eaux, à tuer les animaux sauvages. Aussi son frère, le dieu Su, se vit contraint de prendre des mesures de rétorsion. Alors s’en vinrent les calamités, la maladie, les pestilences, les inondations et les tremblements de terre. Afin de demander pardon à Su, prévenir de nouveaux désastres et prier pour obtenir sa bénédiction, l’homme invita Dingbashiluo, le fondateur de la religion, à établir et coordonner une relation amicale avec Su. Le peuple naxi célèbre la cérémonie d’adoration du dieu de la nature au mois de février du calendrier lunaire. 
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Un extrait du rouleau peint de la route du ciel
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L’adoration de Dingbashiluo 

La cérémonie d’adoration de Dingbashiluo est appelée "Shiluowu" dans le langage naxi. Cette cérémonie est célébrée après la mort d’un Dongba. Pendant la cérémonie, l’autel, la table aux offrandes et le rouleau peint sont installés dans la maison du défunt. Un soc représente la montagne sacrée Junaruolo. Les offrandes, comme des représentations en pâte de yaks blancs et de chevaux, des vanneries de bambou, du thé, des boissons… sont déposées. "Biaogan", l’aire aux fantômes, et la population du village sont disposées dans la cour. Le rouleau peint de la route sacrée est déployé à partir de la civière dans la maison jusqu'à la porte. Par ce chemin, avec l'aide de l’officiant, l’âme du défunt pourra rejoindre celles de ses ancêtres dans le ciel. Le spectacle de cette cérémonie est grandiose et l’atmosphère qui sen dégage est tragique. 

La route sacrée est nommée "Henripi" en idiome naxi. Habituellement, sa longueur avoisine 15 mètres et sa largeur 3 mètres. Elle se divise en trois parties, l’enfer, le monde des humains et le ciel. Plus de 360 personnages et déités, plus de 70 animaux étranges figurent sur cette peinture liturgique. Des pensées comme "l’âme éternelle", "la transmigration de la vie", "la rétribution du karma" y sont inscrites. La route sacrée est le plus long rouleau peint non seulement des Dongba mais aussi probablement de l’ensemble du monde. 
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Le rite de Sizu (l’invitation du dieu Si) 

Sizu est le second nom de "Baomabao". Il s’agit du rituel traditionnel du mariage naxi. Ce peuple croit que chaque être humain dispose du dieu de sa vie qui s’appelle Si. Ce dieu établit sa résidence dans un panier qui lui est consacré. 

Au moment du mariage, le chaman dongba invite le dieu Si de la future épouse à quitter le panier de sa famille pour venir dans celui de la famille du futur mari. A partir de ce moment, le dieu Si de la jeune femme devient membre du groupe des dieux Si de la famille du mari et il ne pourra plus quitter ce groupe. L’onction au beurre du front des époux est la partie la plus importante du rite. 
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Le sacrifice d'un animal(?) lors du rite de longue vie
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Le rite de longue vie 

Ce rite s’appelle "Rezhongbv" en langue naxi. C’est un des plus importants de la religion dongba. Il vise à obtenir la longévité mais aussi un temps favorable. Pendant la cérémonie, l’autel, le soleil, la lune, la grue, les drapeaux à sept étoiles, les offrandes et les pierres sacrées sont disposés à côté d’une pagode, qui représente l’invitation au dieu Hua, et un cyprès, qui représente l’échelle du dieu Hua. Cet ensemble forme un tout assez remarquable. Le chaman dongba invite le dieu Hua et le supplie d’accorder longévité et fortune à son hôte. Le point culminant de la cérémonie se situe au moment où l’officiant répand sur la foule du vin et du riz. 
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La prédiction et son diagramme 

L’art de prédire l’avenir est un des traits fondamentaux de la culture dongba. Il existe plus de dix manières de lire dans le futur en sollicitant les os de mouton ou de poulet, les coquillages, les astres etc. 

Le diagramme des devins est une pièce importante de leur art. Il est habituellement peint sur un épais papier de coton. En son milieu figure une grenouille nommée "Haishibaomei", animal fétiche des Naxi. La tête, la queue, les pattes réunies et l’abdomen de l’animal symbolisent les cinq directions (est, sud, ouest, nord et centre). Les cinq éléments (bois, feu, esprit, eau et terre) ainsi que les douze animaux de l’année figurent aussi sur le diagramme. Grâce à lui, le devin pourra prédire la chance, bonne ou mauvaise, la santé ou la maladie, le mariage et la vie entière de celui qui le consultera.  
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Cette page a été réalisée à partir de l'ouvrage: "The Dongba Culture of the Naxi" (1998) que l'on peut se procurer à Lijiang. Je ne saurais trop conseiller aux visiteurs de l'acquérir de préférence à la Galerie d'Art Dongba du Parc de l'Étang du Dragon Noir. 

Si vous vous intéressez au Yunnan et à la culture naxi, ne manquez pas de lire:
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Un Voyage au Yunnan (septembre 2004)
Editions Le Manuscrit

Cet ouvrage peut être acheté chez l'éditeur, sur chapitre.com, sur Alapage.com, sur Amazon.fr et, sur commande, dans toutes les bonnes librairies. 


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