Le bassin minier
 
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Aubin - Decazeville  
Aubin  (les photos sont  ici ) 

Aubin (4660 habitants) est une ancienne agglomération minière. A proximité se trouve la cité thermale de Cransac-les-Thermes où l'on peut soigner ses rhumatismes, ses douleurs ostéo-articulaires et son mal de dos. Il y a aussi à Cransac un Musée de la Mémoire où sont retracés 2000 ans d'histoire (Cransac les eaux, Cransac les mines, Cransac les thermes). 

"Aubin, n'est ni un village, ni un bourg, ni une ville, c'est une longue rue bâtie sur le penchant d'une colline", écrivait Alexis Monteil au début du 19ème siècle. La ville nouvelle, née de la prospérité du siècle, sut préserver le charme de l'ancienne ville que l'on nomme aujourd'hui Le Vieil Aubin. Quartier plaqué contre l'escarpement du roc, "Là, de curieuses maisons aux portes nobles et à colombages dans le rose usé des briques et, dans ce quartier, c'est l'histoire qui revit". Dans le Vieil Aubin on peut découvrir la halle aux grains avec ses pierres foirales (anciennes mesures à grains). Au pied de la vieille ville, s'étend la place de la mairie, où se trouve la statue en bronze du mineur dont le regard semble inviter à visiter le musée de la mine situé juste en face; cette statue est une oeuvre du sculpteur Rémi Coudrain. En prenant la direction de Combes, on arrive à la forêt de La Vaysse, véritable poumon du bassin houiller avec ses 300 hectares de superficie qui en font l'une des plus grandes forêts de robiniers (acacias d'Europe). 
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Si Aubin avait été connu dans les temps mythologiques, la théogonie n'aurait pas manqué d'y placer le séjour favori de Bacchus et de Silène. Il est rare de trouver d'aussi grands buveurs que ceux de ce canton: plusieurs d'entre eux ne connaissent d'autre boisson que le vin, et il leur serait impossible d'affirmer que l'eau n'est pas salée ou sucrée. II y a un demi-siècle qu'on écrivait et que l'on prononçait Albin au lieu d'Aubin. Les antiquaires ont cherché l'étymologie d'Albin, dans le nom d'un Romain appelé Albinus, son prétendu fondateur; ils l'auraient plutôt trouvée dans les deux mots de l'idiome du pays, que les habitans ont le plus souvent à la bouche, al vin, au vin.  Amans-Alexis Monteil - Description du département de l'Aveiron (orthographe d'origine) - 1802 (An X de la République) 

L'humour veut que ce soit justement à Aubin qu'ait été ouverte la première piscine publique du bassin houiller !

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Le fort d'Aubin 
L'origine d'Aubin remonte presque au début de notre ère. Les romains ont alors envahi la Gaule et il semble qu'un général romain, Claudius Albinus, fit édifier, vers 190, un fort sur le piton rocheux dominant la vallée de l'Enne, près du temple païen existant en ce lieu. Plus tard, cette forteresse devient château des seigneurs d'Albin, nom donné au village peut-être à cause d ‘Albinus. Ce château conserva jusqu'au 16ème siècle son utilité comme position militaire et stratégique. A l'ombre de ses tours et de ses remparts, des maisons d'habitations ne tardèrent pas à s'élever donnant naissance à un fort assez important, première amorce de la ville actuelle qui prit son nom d'Aubin à la Révolution française. 

La chapelle du Pouzet 
En suivant le chemin de Croix on arrive à la chapelle du Pouzet. Autrefois, l'eau de son puits était réputée pour ses vertus curatives. Les fontaines "miraculeuses" ne manquent pas en Aveyron. On en compte une bonne vingtaine. Nous aurons l'occasion d'en reparler (La Rouquette, La Vinzelle...) 

La Vierge à l'Enfant 
Érigée au 19ème siècle, elle fut foudroyée en 1964, lors d'un violent orage, remise en état par les Amis du Vieil Aubin, elle trouve une place de choix à l'entrée du Fort. 

L'église de la Cène ou Saint Amans du Fort 
La tradition veut que ce soit Saint Amans qui, après l'évangélisation des habitants d'Albin, convertit en église chrétienne le petit temple païen s'élevant sur ce rocher. Située dans l'enceinte du fort, l'église a été elle-même incluse dans le système défensif avec l'adjonction d'une tour en prolongement exact de la nef. Cette tour avait une double vocation: elle servait de clocher et de tour de guet. 

Le calvaire 
On le gravit le jour du vendredi Saint en chantant des cantiques. 

L'église Notre Dame d'Aubin 
L'église d'Aubin date des 12ème et 15ème siècles. Ce très bel édifice présente une heureuse harmonie entre les styles roman et gothique. A l'intérieur on peut admirer entre autre une cuve baptismale en plomb du 12ème siècle, un Christ en bois polychrome de la même époque ainsi que des statues en bois doré 16ème siècle. A l'extérieur, on remarque le clocher de forme octogonale. 

Du Gua à Combes 
Le Gua et Combes, sont les quartiers ouvriers de la ville. En suivant la grande route à droite, on rencontre le plan d'eau, où, sur la rive, on découvre les vieilles maisons donnant au paysage des allures du sud. Face au plan d'eau, s'élève un édifice coloré doté d'une architecture luxueuse. C'est le bâtiment des anciennes écoles de la Compagnie des Mines. A deux pas, l'église Notre Dame du Gua fut construite en 1869 par Boileau, le père des pavillons Baltard, et suivant leur modèle de charpente métallique. De l'autre rive l'on peut voir, sur ce qui fut le plateau des forges (aujourd'hui terrain de sport), deux anciennes cheminées d'usine construites il y a 150 ans. Elles portent fièrement leurs têtes ouvragées. Au pied de ces cheminées eut lieu la fusillade de 1869 contre les ouvriers en grève. 

L'église Notre Dame des Mines (Combes) 
Sa couleur orangée, due aux briques de parement, met une note joyeuse dans cette vallée du "Pays Noir". A l'intérieur, des peintures murales modernes de Gabriel Génies rendent hommage au travail des mineurs. 

Le musée de la mine 
Le musée de la mines expose de nombreux documents d'histoire  et des objets utilisés dans les mines, par exemple des lampes dont les plus anciennes, à huile, ressemble à des quinquets! On peut s'y familiariser avec le dur travail des "gueules noires", leurs luttes sociales et le combat qu'ils menèrent contre l'occupant pendant la seconde guerre mondiale. Une galerie de mine y a été reconstituée avec simulation d'un coup de grisou. Un film sur les mines et la paysannerie locale au lendemain de la Libération permet de mesurer le chemin parcouru depuis cette période encore si proche et déjà si lointaine. Et ce n'est pas sans un certain pincement de coeur que l'on pense que toute cette activité, gage de la prospérité d'Aubin, a aujourd'hui disparu. 
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La trieuse de charbon (d'après une carte postale du musée)
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J'ai particulièrement retenu cette chronologie relative au travail des enfants affichée dans le musée: 
3 juillet 1813: Décret interdisant le travail au fond aux enfants de moins de 10 ans. 
1841: Loi sur le travail des enfants en France. 
1874: Loi interdisant le travail souterrain aux enfants de moins de 13 ans et aux femmes de tous âges. 
1880-1881: Réforme de l'enseignement public (lois Jules Ferry). L'école laïque est gratuite et obligatoire. 
3 mai 1893: Décret fixant pour les travaux souterrains des mines et carrières la durée maximum du travail des jeunes ouvriers âgés de moins de 16 ans à huit heures par jour et pour ceux de 16 à 18 ans à dix heures. Les temps de descente et de remonte, les aller-retour du chantier, le temps de repos (qui ne pourra être inférieur à une heure) sont non compris. 
14 juin 1946: Loi qui fixe l'âge d'admission à 14 ans et la durée de présence à 8 heures (travail, descente, remonte et repas compris). 

Site internet: http://www.citaenet.com/aubin/ 



Decazeville  (les photos sont  ici ) 

L'histoire de Decazeville, qui dut sa prospérité au duc Decazes (voir encadré ci-dessous), est étroitement liée au charbon qui fut exploité ici à ciel ouvert (de 1892 à 2001) ou en galeries souterraines. Cette exploitation a été entreprise en 1827 alors que naissait la sidérurgie. Une ville a rapidement poussé en 1834 et s'est développée tant que le charbon et l'acier étaient demandés. La découverte dite de Lassalle, dont on peut encore voir l'énorme cratère depuis le belvédère qui la surplombe, fut la première exploitation importante de ce type en France. D'énormes engins travaillaient dans ce cirque sillonné de gradins où toute activité d'extraction a maintenant cessé. 

Le musée géologique Pierre-Vetter retrace l'histoire de ces roches fossiles et, en particulier, du charbon qui a fait de Decazeville la cité des "gueules noires" dont l'histoire est encore très vivante. 

Nous nous sommes rendus au belvédère non sans difficulté. Des arbres, abattus par une tempête, barraient le chemin et il nous a fallu finir à pied. La couleur rougeâtre des roches laisse supposer une forte teneur en oxyde de fer. La présence du fer et du charbon était propice à la naissance d'une industrie sidérurgique locale. D'en haut, on distingue parfaitement le cratère égueulé de l'immense mine à ciel ouvert de la Découverte qui fut exploité jusqu'en 2001. Ce vaste amphithéâtre (3,7 km de long, 2,5 km de large, 250 m de profondeur) appartient aux Charbonnages de France qui ne savent trop quoi en faire. Espérons que ce témoin de notre passé industriel ne disparaîtra pas complètement. On imagine qu'un immense théâtre moderne en plein air pourrait y être aménagé. On aperçoit encore les énormes camions qui transportaient le minerai et qui achèvent paisiblement de vieillir au pied des pentes recouvertes d'herbe. 
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Decazes (Elie, duc) né le 28 septembre 1780 à Saint-Martin de Laye (Gironde), mort le 24 octobre 1860. Après des études de droit, il exerce la profession d'avocat à Libourne; il est ensuite juge au tribunal de la Seine (1806), conseiller au cabinet de Louis Bonaparte, roi de Hollande, en 1807, puis conseiller à la cour d'appel de Paris (1811). Rallié aux Bourbons, il est tour à tour préfet de Police, en juillet 1815, puis ministre de la Police, en septembre suivant, en remplacement de Fouché. Député de la Seine en 1815. Favori de Louis XVIII, il devient ministre de l'Intérieur, le 29 décembre 1818, président de la commission de l'Instruction publique jusqu'au 21 février 1820. Nommé duc et pair, il est envoyé à Londres comme ambassadeur et y reste quelques mois après l'assassinat du duc de Berry dont les ultras le jugent responsable. Grand référendaire de la Chambre des pairs de 1834 à 1848. Il organisa, en 1826, une société pour développer le charbon et le fer de l'Aveyron, et le nom de Decazeville fut donné à cette ville en 1829, en son honneur.
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Le Chemin de Croix de Gustave Moreau 
Les quatorze toiles de cette oeuvre se trouvent dans l'église Notre-Dame. Elles furent longtemps délaissées jusqu'à ce que Gilbert Bou, un amateur éclairé de peinture, décèle dans certains détails très particuliers la touche du maître. Une correspondance du peintre mentionnant sa commande decazevilloise confirma l'avis de Gilbert Bou. Decazevillois d'origine, ce dernier est décédé cette année. Nous avons visité l'église Notre-Dame au cours du préparatif d'une messe d'enterrement et je n'ai pas osé prendre de photos.  
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L'anecdote de la statue vivante 
Gilbert Bou était un grand amateur de photographie. II savait quel jour de l'année il fallait photographier le tympan de Conques pour qu'il n'y ait pas d'ombre sur la partie supérieure et il pouvait rester des heures, attendant les meilleures conditions pour prendre un cliché. Pour photographier l'intérieur d'une cathédrale (à Albi ou Rodez), il prenait place dans une niche sans statue. C'est ce qu'il fit un jour. La cathédrale était presque déserte. Il n'y avait qu'une dame qui priait avec ferveur. A un certain moment, alertée par quelque bruit, elle tourna la tête, leva les yeux et son regard rencontra celui d'une statue qui lui fit un clin d'oeil. Son cri d'effroi se confondit avec le bruit de sa fuite précipitée vers la sortie. Après cette petite récréation, Gilbert, imperturbable, garda la pose et, bien entendu 
réussit à prendre exactement la photo qu'il désirait. 
D'après B. H. 

Site internet: http://www.decazeville-tourisme.com


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