Vers Bariloche (novembre 1995)
 
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Itinéraire: 
Une carte est ici
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Départ en soirée de Santiago en bus couchettes pour Puerto Montt que nous atteindrons dans la matinée. A partir de là, je vais suivre le même itinéraire qu'il y a un an jusqu'à Peulla. 
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Le volcan Osorno comme il est difficile de le voir
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Aux chutes de Petrohue, le ciel est encore une fois nuageux et je ne verrai pas le volcan Osorno. Selon le guide, le temps était dégagé la veille et le volcan était bien visible derrière les chutes. Je pense que, pour avoir une chance de jouir du spectacle promis par les cartes postales, il faut séjourner plusieurs jours sur place. 

La traversée du lac Esmeralda s'effectue dans de meilleures conditions que l'année dernière. Le ciel est couvert, mais il ne pleut pas. Je lie conversation avec une jeune femme d'origine indienne (de l'Inde) qui voyage en compagnie de son père. Elle n'ira pas plus loin que Peulla, comme moi l'an passé. Elle vit au Paraguay, l'un des pays les plus misérables d'Amérique du Sud. Elle me déconseille de le visiter si je ne me sens pas à mon aise dans les pays pauvres. 

Arrivée à Peulla. Il me semble que l'hôtel a été quelque peu rénové. Cette fois ci, je vais y passer la nuit. Je m'installe dans ma chambre puis vais déjeuner. Après le repas, je prends congé de ma nouvelle amie. Nous échangeons nos adresses, au cas où. Je me rends auprès de la cascade voisine qui évoque le voile d'une mariée. Puis je passe l'après-midi à me promener autour de l'hôtel. 

Le lendemain matin, après le petit déjeuner, en attendant le bus qui doit nous emmener en Argentine, je me promène à nouveau dans le voisinage de l'hôtel. 

Nous partons sur la piste. Nous traversons la forêt en longeant des rios. A l'horizon, les hautes montagnes sont couvertes de neige. 

Nous quittons le parc national chilien Vicente Perez Rosales pour pénétrer dans le parc national argentin Nahuel Huapi. Des panneaux indiquent la limite des deux parcs qui marque la frontière entre les deux pays. Nous nous arrêtons au bord d'un lac, à Puerto Frias. Nous abandonnons le bus pour prendre place dans un bateau. 

Navigation sur le lac Froid (lago Frias) jusqu'à Puerto Alegre. Nouveau bus. Nouvel arrêt sur le bord du lac Nahuel Huapi. Nous embarquons dans un autre bateau à Puerto Blast. Navigation sur le lac Nahuel Huapi bordé de hautes montagnes enneigées. Sur les crêtes, de grandes cheminées de pierre se dressent parfois vers le ciel. Je fais connaissance avec des Brésiliens qui se rendent en groupe en Argentine. Arrivée à Puerto Pañuelo (Port Mouchoir!). Nous quittons le bateau et montons dans un bus qui nous conduit jusqu'à San Carlos de Bariloche, en longeant la rive sud du lac Nahuel Huapi qui occupe une vaste superficie. Le temps est superbe. 

San Carlos de Bariloche est une cité touristique située dans ce que l'on appelle la Suisse argentine. Après avoir déposé mes bagages à l'hôtel, je fais le tour de cette pimpante cité. Sur une place, s'élève la statue d'un général argentin grand pourfendeur de Patagons. Au 19ème siècle, un Français réussit à convaincre les indiens de la Patagonie argentine qu'il était leur roi. Il organisa une armée destinée à conquérir l'indépendance d'une contrée qui, à ce moment, n'était pas encore complètement contrôlée par le gouvernement de Buenos Aires. L'Argentine releva le défi et les troupes du Royaume patagon furent exterminées. Ainsi se termina cette folle tentative de l'un de nos compatriotes. Un artiste contemporain a réalisé une oeuvre qui s'inspire de la statue du général en en détournant le sens. Dans cette nouvelle sculpture, le général piétine, sous les sabots de son cheval, les corps des Patagons. 

Je rentre dans une taverne pour y prendre une bière. C'est un lieu typiquement allemand. Mes voisins ont l'âge d'avoir participé à la seconde guerre mondiale. Je leur trouve un air quelque peu nazi qui me rend mal à l'aise. De nombreux partisans d'Hitler s'enfuirent en Argentine en 1945. C'est qu'il existait déjà avant guerre une importante colonie allemande dans ce pays. Paradoxalement, on y compte d'ailleurs aussi beaucoup de Juifs. Plusieurs réfugiés allemands vinrent s'établir à Bariloche dont l'environnement rappelle la Suisse alémanique. Quelques temps avant mon voyage, l'un d'entre eux, responsable du massacre des fosses adréatines, a été extradé en Italie pour y être jugé. Cette décision est regrettée par la population de Bariloche. L'ancien militaire nazi s'était rendu populaire dans sa nouvelle patrie en raison des oeuvres sociales qu'il y avait mises sur pied. Les hommes ne sont jamais complètement bons ni mauvais pour l'éternité. Un criminel, dans certaines situations, peut se révéler sous un tout autre jour, en d'autres circonstances, ce qui ne signifie évidemment pas que les crimes devraient rester impunis. 

Je vais dans une agence de voyage pour voir comment organiser mon séjour. Je me décide pour une croisière le lendemain sur le lac Nahuel Huapi. De retour à l'hôtel, j'y rencontre des Français qui participent à un rallye automobile. 

Le matin suivant, embarquement pour la croisière qui va durer la journée entière. On nous emmènera à l'île Victoria et à diverses péninsules, avec de fréquents arrêts pour marcher à travers la nature. Le temps est idéal. Le ciel est d'un bleu très profond, comme l'eau du lac dans laquelle il se reflète. Les paysages, fleuris de genêts, jaunes, blancs et rouges, sont superbes. Les montagnes couvertes de neige se découpent nettement sur l'azur du ciel. C'est vraiment une très belle journée. Au cours d'une halte, au sommet d'une colline, je reconnais une croix assez bien décrite dans un roman lu quelques mois plus tôt. Nous passons devant une charmante église en bois. Nous croisons ensuite au large d'une tour carrée bâtie sur un promontoire. Elle fait penser à celles que construisaient les Génois. Il est vrai que la majeure partie de la population argentine est d'origine italienne. Un essaim de mouettes s'approche du bateau pour se disputer les morceaux de gâteaux que des passagers leur tendent du bout des doigts. Sur le bateau, je bavarde avec un couple d'exilés cubains réfugiés aux États-Unis et avec des Argentins. Ces derniers se plaignent des difficultés économiques que traverse leur pays. On ne vend plus rien. C'est une catastrophe. Les fruits de la dollarisation sont bien amers. Il est vrai que l'inflation a été maîtrisée. Mais à quel prix!  

Nous abordons maintenant à la forêt des myrtes géants. Ces plantes sont ici aussi hautes que les plus grands de nos arbres. Leur tronc écorcé a la couleur du chocolat au lait. Cette couleur s'harmonise assez bien avec le vert des feuilles. Nous marchons à travers la forêt. Ce n'est pas un petit bosquet et il faut pas mal de temps pour en épuiser les charmes. Des chemins de planches bien entretenus nous montrent la direction. J'y rencontre deux jeunes filles de Buenos Aires en vacances. Après cette escapade bucolique, nous reprenons le bateau pour nous rendre au restaurant car l'heure du déjeuner approche. Nous débarquons un peu plus loin et prenons place dans des nacelles qui nous convoient dans les airs jusqu'à l'auberge située au sommet d'une colline. Les larges baies du restaurant donnent sur le lac. Nous mangeons avec sous les yeux un paysage de rêve. Après le repas, je retourne à pied au lieu d'embarquement, en passant par les sous-bois. Puis nous revenons vers San Carlos de Bariloche. 

J'achète du chocolat, spécialité de la ville. On est réellement en Suisse. Je vais ensuite dîner. J'ai la surprise de retrouver au restaurant le groupe de Brésiliens rencontré la veille. Je leur souhaite bon appétit dans mon Espagnol approximatif. J'ai dû proférer une incongruité car tout le monde me dévisage avec des yeux ronds, comme si j'étais un extra-terrestre. 
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La campagne au sud du Chili
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Je reviens au Chili par la route. C'est une autre vision, d'autres paysages. Il faut franchir la Cordillère par des cols relativement élevés où la végétation est presque inexistante. Plus bas, on rencontre des forêts aux arbres chenus, couverts de mousse et de lichens, comme on en voit sur les tableaux de Cranach ou de Grünewald. Le sous-bois n'est souvent qu'un enchevêtrement d'arbustes et de lianes. Comme le temps est toujours dégagé, on voit parfaitement les sommets enneigés. Je reconnais le cerro Puntiagudo.  

Halte à Puerto Varas. De l'autre côté du lac Llanquihue, le volcan Osorno enneigé se détache bien sur le bleu du ciel. 
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Puerto Montt
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A Puerto Montt, après m'être installé à l'hôtel, je flâne dans la ville que je connais déjà. Je monte jusqu'à son endroit le plus élevé d'où l'on aperçoit au loin la chaîne des volcans. Chemin faisant, je découvre la statue d'une robuste Walkyrie. Elle est dédiée à Germania, la mère patrie des colons allemands. 

Le lendemain, visite des environs de la ville en compagnie de deux jeunes chiliennes parties à la découverte de leur pays. Le port, les piscicultures... c'est pour moi du déjà vu. Nous déjeunons dans un restaurant tenu par un Français et nous avons droit au répertoire de la chanson française d'après guerre. Cela distrait beaucoup mes jeunes chiliennes qui ne doivent pas comprendre grand chose. Je partage mon vin avec elles en prétextant que la bouteille est bien trop grande pour moi. Bien sûr, elles ne sont pas assez riches pour s'offrir cette boisson relativement onéreuse pour des bourses locales. 

Encore un jour à errer à travers Puerto Montt, puis je regagne Santiago en bus couchettes.

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