La croisière nous emmènera de Puerto Montt, au sud du Chili, jusqu'à la lagune de San Rafael, où l'on peut voir un glacier qui tombe dans la mer.
Départ le matin de Puerto Montt, ville fondée par la colonisation allemande au 19ème siècle. Prise de contact avec les autres passagers, presque tous chiliens, sauf un Néo-Zélandais, deux Québécois (mes amis) et un Français (moi). L'alcool, servi à discrétion pendant tout le voyage, coule à flot. Les Chiliens d'origine allemande, d'humeur joviale, donnent le ton. Après avoir bu, certains jettent leur verre à la mer. Il y en a même un qui entonne la Marseillaise en mon honneur.
Traversée de nuit du Golfe de Corcovado, entre le continent et l'île de Chiloé. On nous propose des somnifères car la mer risque d'être quelque peu agitée dans ces parages.
Après une nuit sans problème, au moins pour moi, nous sommes réveillés, comme ce sera le cas chaque matin, par la musique d'ambiance du Skorpios. Nous entrons dans les fjords du Chili.
Escale à Puerto Aguirre, où nous sommes accueillis par la fanfare locale. Nous nous dégourdissons les jambes en visitant cette bourgade de pêcheurs du sud du Chili et en gravissant la colline qui la surplombe d'où l'on jouit d'une belle vue sur l'océan.
En fin d'après-midi, le bateau s'approche à nouveau de la côte pour aller à l'aiguade. Il déploie une sorte de pelle au manche en forme de gouttière qu'il va placer sous une cascade. Nous allons être ainsi pourvu d'une eau potable tout ce qu'il y a de plus naturelle.
Nous continuons notre voyage un peu monotone à travers les fjords. On aperçoit de ça de là, à la surface de l'eau, des taches marrons qui la marbrent. Il s'agit des cendres volcaniques des dernières éruptions.
J'achète un tricot de laine à la boutique du bateau. Je n'ai pas pris la précaution de me munir de vêtements chauds et on m'annonce qu'il risque de faire froid à l'approche du glacier.
Nous parvenons le matin dans la lagune de San Rafael, classée comme faisant partie du patrimoine mondial. Quelques petits icebergs flottant sur l'eau nous accueillent. Nous avons de la chance: il fait beau! Nous nous approchons progressivement du glacier et les icebergs deviennent de plus en plus volumineux.
Le navire met en panne et, après avoir revêtus nos gilets de sauvetage, nous prenons place dans des barques pour nous approcher au plus près possible du glacier. Celui-ci fait deux kilomètres de large. Il recule un peu plus chaque année et, d'ici deux décennies, il ne parviendra probablement plus jusqu'à la mer. L'écoulement de ce glacier est l'un des plus rapides du monde: il progresse de 17 m par jour. La masse de glace, accumulée par les précipitations neigeuses sur les sommets andins, descend d'une altitude de 3000 m jusqu'à la mer.
Nous naviguons un moment entre les icebergs. Le spectacle est féerique. Les rayons du soleil passent à travers la glace qui prend toutes les nuances du blanc, du vert et du bleu. Nous nous arrêtons à bonne distance du glacier. S'approcher davantage pourrait être dangereux. En effet, d'énormes blocs se détachent sans cesse de cette masse de glace avec un bruit de tonnerre. Ils tombent dans la lagune soulevant des vagues plus ou moins fortes (elles atteignent parfois 3 m) qui feraient chavirer les barques aventurées trop près. Un tel accident est déjà survenu et cela incite à la prudence.
Nous stationnons face au glacier pour jouir du spectacle de l'effondrement de la falaise. Plusieurs blocs, à quelques minutes d'intervalle, tombent ainsi sous nos yeux, chahutant quelque peu notre barque, juste ce qu'il faut. Notre capitaine a apporté une bouteille de whisky et nous prenons l'apéritif, dans des verres aux armes de la compagnie de navigation. Ils nous serons offerts en souvenir. Quelques morceaux de glace sont détachés d'un iceberg voisin, à coups de pic, pour ceux qui aiment boire leur whisky frais.
Nous regagnons ensuite le bateau pour le déjeuner. L'après-midi est consacrée à croiser une dernière fois dans la lagune, et à jouir du spectacle des débris de glace mitoitant sur l'eau comme des diamants sous les rayons du soleil, avant de quitter ces lieux enchanteurs et de prendre le chemin du retour vers Puerto Montt.
Arrêt aux sources thermales de Quitralco. L'eau sort de la terre à 90°. Elle est refroidie avant d'être envoyée dans les piscines où nous prenons un bain agrémenté de jeu de ballon. Je ne sais pas trop quelles maladies on vient soigner ici. Le Chili, qui compte environ 1400 volcans, possède de nombreuses sources thermales. Après le bain, une petite visite en forêt s'impose. Nous croisons le cuisinier qui rejoint le bateau les bras chargés des plantes qu'il vient de cueillir dans les bois. Nous les mangerons ce soir en salade.
Ballade en barque avant le déjeuner dans la baie de Quitralco, une sorte de fjord. Nous prenons l'apéritif, cette fois du pisco sour, l'apéritif traditionnel du pays. Puis nous dégustons des moules crues, directement pêchées à partir de la barque, en les accompagnant d'un vin blanc sec du Chili.
Sur le chemin du retour, nous longeons la
côte du sud du Chili. Au fur et à mesure que l'on remonte
vers Puerto Montt, l'activité humaine, à peu près
totalement absente au niveau de la lagune, devient de plus en plus importante.
Des prairies et des champs cultivés apparaissent sur le rivage ainsi
que des élevages de poissons en bord de mer. Le Chili est devenu
l'un des principaux exportateurs de saumon, poisson naguère inconnu
dans ses eaux.
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L'église de Castro sur l'île de Chiloe |
Le soir, dîner d'adieu. Les étrangers, dont je suis,
sont invités à la table du capitaine. L'ambiance est chaleureuse.
La soirée se termine par un bal. Demain matin le bateau regagnera
son port d'attache: Puerto Montt.