Au nord du Chili (novembre 1991)
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Dans le désert d'Atacama: 
Départ pour les salines d'Atacama (salares de Atacama) à travers l'un des déserts les plus secs du monde. Il n'y pleut que très rarement: une fois en moyenne tous les douze ans, et le désert se couvre alors de fleurs mauves, jaunes et blanches. Un échantillon de ce phénomène rarissime est  accessible  ici . Une autre particularité du lieu est la présence de traces de dinosaures. Enfin, on y trouvera plus tard, vers la fin du siècle ou le début du siècle suivant, un humanoïde desséché, pourvu d'un crâne énorme surmonté d'une crête, qui ne mesure que 15 cm. Il ressemble vraiment à une extra-terrestre des films de science-fiction. Pourtant, les analyses d'ADN paraissent prouver qu'il est bien natif du Chili et descendant par sa mère des indiens de la région. On a d'abord cru qu'il s'agissait d'un foetus fossilisé, mais des études tendraient à prouver qu'il aurait vécu et qu'il serait mort à un âge compris entre 6 et 9 ans, ce qui accroîtrait encore davantage le mystère; mais les résultats de ces études sont contestées. Au moment de notre visite, ce petit bonhomme de cuir n'avait pas encore été découvert et je rajouterai les quelques mots qui le concernent une vingtaine d'années plus tard.  
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L'humanoïde du désert d'Atacam - Source: 20 minutes – 12/05/2013
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On aperçoit une chaîne de volcans à l'horizon. 

La saline est une immense plaine, recouverte de sel gris et blanc, trouée par endroits de vastes lagunes peu profondes où des colonies de flamands roses se nourrissent de minuscules crevettes. Des flaques d'eau stagnent ça et là. Le bleu du ciel qui s'y reflète, leur fond couleur de rouille, au milieu du sol blanchâtre qui les entoure, les font ressembler à des pierres précieuses serties dans de l'argent. 

A côté d'une carrière de pierres, l'oasis de Jerez se blottit au fond d'une faille. Du haut du plateau désolé, on ne soupçonne pas cet accident de terrain. Il faut être tout près pour s'apercevoir qu'une brèche verdoyante à été creusée ici par la nature. On descend dans l'oasis par un sentier rocailleux. Au fond de la cassure, entre de hautes falaises, coule un ruisseau d'eau douce étonnamment fraîche. De l'herbe en tapisse les bords. Des arbres ont poussé sur les deux rives. Un canal d'irrigation apporte de l'eau à quelques parcelles, clôturées de murs de pierres sèches, où croissent de grands figuiers aux énormes troncs blancs qui font penser à des pattes d'éléphants. 

Visite du village de Toconao où l'on remarque une église dont le clocher est séparé du corps de l'édifice, particularité qui n'est pas rare dans la contrée. 

Les geysers d'El Tatio: 
Le lendemain, nous nous levons avant l'aurore pour gravir l'Altiplano chilien jusqu'aux geysers d'El Tatio. En effet, c'est à l'aube que le phénomène est le plus spectaculaire. Nous arrivons sur l'immense plateau embué de fumerolles encore endormi sous la lune. Nous nous promenons en attendant l'apparition du soleil et l'heure de prendre notre petit déjeuner. Notre guide souffre du mal des hauteurs. Nous sommes à plus de 4000 m d'altitude. Heureusement, notre véhicule est équipée d'une réserve d'oxygène.  

Des jets de vapeur d'eau blanche jaillissent de la roche, lancés avec violence très haut en direction de la lune. Plus loin, des nappes de vapeur rampent au ras du sol. Celui-ci est boursouflé par endroits de monticules, stalagmites construites par les dépôts successifs de matières de couleur variée. Parfois, le passage par où l'eau chaude surgit est à peine plus gros qu'un doigt. D'autres fois, au contraire, elle bouillonne dans un vaste trou percé à fleur de terre. Il faut se garder d'approcher trop près de ces chaudières infernales aux bords humides et glissants. Un Français est tombé dedans l'une d'entre elles, il y a quelques temps. On l'en a ressorti gravement brûlé. Il est mort après son rapatriement en France, une vingtaine de jours après l'accident. 

Nous prenons notre petit déjeuner (café chaud et pain) sur l'arrière de notre véhicule au lever du soleil. Puis, après avoir joui encore quelques instants du spectacle de l'eau projetée dans les airs par l'intense activité volcanique qui se déroule sous nos pieds, nous prenons le chemin du retour vers le monde civilisé. 

Traversée de l'Altiplano Chilien. Paysages montagneux et dénudés, de couleur violacée sous un ciel bleu très pur, superbes. Nous rencontrons des lamas sauvages qui broutent une herbe sèche clairsemée. 

Caspana: 
Caspana est un ancien village indien très pittoresque qui s'est adjoint un village moderne plus récent. Les indiens enterraient autrefois leurs morts, en position foetale, dans des grottes que l'on aperçoit, percées dans une falaise, en haut de l'ancien village. Par la suite, ils les ensevelirent, plus près du village, dans les anfractuosités naturelles qui existaient entre les rochers. L'entrée était bouchée avec des cailloux. Puis, ils les inhumèrent sous des amas de pierres. Les morts plus récents reposent dans un petit cimetière, à côté de l'église. 

A notre arrivée au village, celui-ci paraissait vide. A peine voyait-on quelques personnes occupées aux travaux des champs, dans le fond de la vallée. A proximité de nous, il n'y avait qu'un petit âne gris paissant tranquillement parmi des joncs. Pourtant, au bout d'un moment, les enfants, naturellement curieux, s'enhardirent. Des têtes apparurent furtivement à l'angle des rues. Un seul regard de nous suffisait pourtant à les faire disparaître. Les gens du village, n'aiment apparemment pas être soumis à l'indiscrète curiosité des étrangers. 

Chui-Chui: 
L'église de Chui-Chui, blanche sur le ciel bleu, de style espagnol, passe pour être la plus ancienne du Chili. A l'intérieur on remarque le curieux tableau d'un Christ flagellé. D'un côté du panneau de bois sur lequel il est peint, le Christ est représenté de face et, de l'autre côté, il l'est de dos. Contre l'église, s'étend un petit cimetière aux tombes chaulées de blanc. 

La mine de cuivre de Chuquicamata: 
Le soir, à Calama, où nous allons passer la nuit, je remarque un instrument de musique local curieux. C'est une sorte de mandoline dont la caisse de résonance est constituée par la carapace d'un animal (le tatou?). Nous retenons d'avance un taxi pour nous rendre à la mine de cuivre voisine de Chuquicamata le lendemain matin. Mais nous ne reverrons jamais le taxi payé d'avance! Heureusement, nous avions une solution de rechange. 

A la mine, après une brève présentation préliminaire, nous sommes coiffés d'un casque, pour aller visiter les installations. Nous commençons par l'usine où le minerai est transformé en lingots. Avec une tonne de minerai, on obtient environ 13 kg de cuivre. Puis nous nous promenons à travers le vaste complexe industriel.  

Située à plus de 3000 m d'altitude, d'un diamètre de 3 km et d'une profondeur de 700 m, la mine de Chuquicamata est la plus grande mine de cuivre du monde. Le minerai est chargé sur d'énormes camions qui peuvent transporter jusqu'à 230 tonnes. Ces camions, de conception française, seraient fabriqués au Canada (entreprise Letourneau?). Ils consomment 160 litres de carburant à l'heure. Les voitures plus petites, qui circulent sur les chantiers, sont munis, à l'arrière, d'une flamme rouge au bout d'une antenne de plusieurs mètres de haut. Les chauffeurs des camions sont juchés à 7 m du sol et ils ne peuvent pas voir les voitures ordinaires. On leur agite ainsi un chiffon rouge sous le nez pour les prévenir qu'ils ont quelqu'un devant eux. Cette précaution permet d'éviter les accidents. 

Nous passons à côté des bassins de décantation et de l'entrepôt de roche moulue, de forme conique. Les camions ne montent pas jusqu'à l'usine. Le minerai est amené jusqu'à l'entrepôt au moyen d'un convoyeur qui a la forme d'un gros tuyau. Voici maintenant l'usine de produits chimiques où l'on fabrique, entre autres choses, de l'acide sulfurique et de l'arsenic. 

Nous nous approchons de l'immense excavation. Au fond du trou, nous apercevons un petit lac vert ainsi que le minerai le plus pur qui est gris pâle. L'heure du dynamitage des roches approche. Il y a une explosion chaque jour, à 13 h ou à 17 h. Celle d'aujourd'hui aura lieu à 13h. Une tonne d'explosif est utilisé à chaque dynamitage. Nous voyons soudain le sol se soulever en face de nous tandis que de la fumée et de la poussière se déploient et s'élèvent en moutonnant. La détonation ne nous parvient qu'un peu plus tard. 

Notre séjour au nord du Chili se termine sur cette visite. Nous allons prendre l'avion qui nous ramènera à Santiago. 



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