De Tenerife, on rejoint La Gomera par un traversier
qui part du port de Los Cristianos. L'itinéraire que j'ai
suivi pour visiter l'île figure en rouge sur la carte ci-dessous.
. Un prince de Tenerife, qui s'était épris de la fille d'un roi de la Gomera, traversa à la nage le bras de mer qui sépare les deux îles, pour rejoindre sa bien aimée. Devant l'hostilité manifestée par la tribu de La Gomera à l'encontre de cette union, les deux amants s'enfuirent dans la montagne. Pourchassés, et sur le point d'être repris, ils s'empalèrent sur une branche brisée qui formait une sorte d'éperon sur le tronc d'un arbre. Depuis cette époque, le sommet le plus élevé de l'île, qui culmine à 1487 m, s'appelle Garajonay, du nom des deux amants: Gara et Jonay. La couleur sombre des montagnes dénudées, aux flancs desquelles serpentent la route, confère au paysage un caractère lugubre tout à fait en phase avec l'exposé de cette histoire. Mais, si les pentes élevées et les sommets sont dénudés, les vallées sont envahies par une végétation luxuriante où l'on découvre de nombreuses plantes endémiques. .
Le relief très tourmenté de la Gomera, île volcanique, est propice à la construction de barrages. Au fond de la profonde vallée d'Hermigua, on aperçoit des cultures parmi lesquelles des bananeraies. Plus loin, ce sont des palmeraies; les "Gomeriens" fabriquent une sorte de miel avec la sève du palmier qu'il concentrent par évaporation; on dit que ce miel possède des vertus aphrodisiaques; mélangé avec du vin, il donne des boissons rafraîchissantes très prisées des habitants de l'île. Plus haut, sur les pentes, on aperçoit des vignobles plantés en forme de tonnelles. Un peu partout, les figuiers de barbarie abondent, avec leur allure de personnages mal rasé et leurs fruits si bien défendus. Les champs en terrasse, appelés bancales, retenus par des murets de pierres sèches, n'étaient pas faciles à travailler; nombre d'entre eux ont été abandonnés. Par suite de l'émigration, La Gomera a perdu la moitié de sa population au cours du siècle dernier. Mais ses enfants y reviennent pour les vacances. Autrefois, les potiers étaient nombreux sur l'île; il en reste encore quelques-uns aujourd'hui; on peut admirer et acheter leur production (jarres, cruches, braseros, écuelles...) dans les boutiques, avec le miel de palme. Après avoir passé auprès de la cascade d'Agulo, on parvient à la bourgade de Las Rosas. Certains habitants de la Gomera se parlent en sifflant. C'était autrefois pour les bergers un moyen de se héler dans la montagne certainement plus poétique que les téléphones portables. Il existe des écoles où l'on enseigne ce singulier langage nommé le silbo gomero. Dans le restaurant où nous déjeunâmes, une statue en bois représentait un de ces siffleurs. Les touristes en train de se restaurer eurent droit à une démonstration. Dans un village de La Gomera vivent encore des descendants directs de l'homme de Cro-Magnon. On trouve aussi sur cette île des spécimens de la flore qui occupait le pourtour de la Méditerranée à l'époque tertiaire, en particulier des forêts de lauriers et de bruyères géantes. On passe ensuite à proximité du Roque de Agando, un doigt de pierre géant pointé vers le ciel. Christophe Colomb fit escale à La Gomera,
au port de San Sebastian, avant de traverser l'Atlantique. On peut
visiter la maison qu'il habita durant son séjour dans l'île.
Des éléments de fortifications, dont fait partie la Tore
del Conde, sont également visibles.
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La côte de Tenerife vue du traversier (1) | La côte de Tenerife vue du traversier (2) |
Un barrage dans la vallée | Les sommets qui entourent Garajonay |
La route qui serpente à travers un paysage désolé | Hermigua |
Les cultures dans la vallée | Une vigne en tonnelle |