Le château de Cordès passait,
à la fin du 19ème siècle, pour l'une des plus agréables
résidences du Puy-de-Dôme. Il comportait un corps de logis,
flanqué à l'ouest d'un donjon en pierres de taille, coupé
à plusieurs pans et surmonté d'un campanile portant la cloche
d'alarme. Ce donjon servait d'escalier. Il était accompagné
d'une tour circulaire à poivrières. La façade orientale,
au-dessus d'une vaste prairie, était flanquée de deux tours.
Sous la toiture couverte de lauzes, des meurtrières étaient
aménagées.
Un examen attentif du château laisse
deviner plusieurs modifications. Les fondations remontent au 13ème
siècle. A cette époque, il appartenait à la famille
de Chalus qui le vendit plus tard à celle d'Allègre. Le donjon,
ainsi que les tours circulaires, sont du 15ème siècle.
En 1695, Yves de Tourzel, marquis d'Allègre,
propriétaire du château, chargea le célèbre
Le Nôtre de réaliser un jardin, décoré de charmilles
et de parterres à la française, à l'entrée
des bâtiments; ce jardin, inspiré de Versailles, devait constituer
l'un des ornements les plus intéressants du château. A la
même époque, de grandes fenêtres furent ouvertes sur
les façades nord et ouest et les soubassements de la cour d'honneur,
les bassins et la passerelle qui relie les jardins, le bâtiment des
communs et la porte de la chapelle, percée dans la façade
sud, furent aménagés. L'intérieur du château,
entièrement restauré, s'enrichit de boiseries et de gypseries
remarquables probablement oeuvres d'artistes italiens. Tous ces travaux
d'embellissement de sa demeure n'empêchèrent nullement Yves
de Tourzel, gouverneur et lieutenant général de Metz, maréchal
de France en 1724, de poursuivre une belle carrière militaire.
Jusqu'au 18ème siècle, les tours
du château restèrent couronnées de mâchicoulis;
on voit encore très distinctement l'emplacement des corbeaux qui
les supportaient; ils subsistent sur la façade nord ainsi
qu'à l'est et à l'ouest, mais on pense que les façades
donnant sur la cour d'honneur en étaient dépourvues; au Moyen
Âge, en effet, cette cour était fermée par un mur d'enceinte
fortifié.
Lors de la succession de la duchesse d'Harcourt,
fille du maréchal d'Allègre, ses filles vendirent le château
par licitation, en 1755, à Pierre Grangier, avocat au parlement
de Riom, pour la somme de 100000 livres. En 1873, la baronne de Cordès,
qui descendait de Pierre Grangier, lequel avait été anobli,
céda la propriété à M. Martha-Becker, comte
de Mons. Le château et ses dépendances restèrent dans
cette famille jusqu'en 1928.
Les changements de propriétaires qui
suivirent ainsi que l'oeuvre du temps entraînèrent des dégradations
conséquentes et le château fut restauré vers la fin
du 20ème siècle.
Classé monument historique, Cordès,
perché à 900 m d'altitude, s'élève sur un éperon
entre deux vallées, ce qui ne le rendait accessible que d'un
seul côté. Il se trouve agréablement situé
dans l'environnement verdoyant du Massif des Dores. Le romancier Paul Bourget
y situa l'intrigue du "Démon de midi".
A l'intérieur, on peut parcourir le
salon au décor de gypserie du 18ème siècle, la salle
à manger et les salles du sous-sol, dont celle des gardes au vieux
puits avec son treuil et sa roue. La pierre tombale d'Yves II d'Allègre,
tué à la bataille de Ravenne en 1512, compagnon de Bayard,
se trouve dans la chapelle; c'est à son utilisation singulière
comme marche d'autel que son gisant fut préservé de la destruction;
dans la chapelle, on admirera également un retable en marbre de
Carrare. On signalera également la présence d'une grille
en fer forgé du 15ème siècle qui était placée
à l'origine sur la porte du donjon, à l'entrée principale
du château.
Les photographies ci-contre représentent
le château de Cordès et l'église d'Orcival au début
des années 60 du 20ème siècle pour les plus anciennes
et à 2010 pour les plus récentes.
"J'ai connu l'Auvergne absolue, dans sa
haute mélancolie".
Alexandre Vialatte
Niché entre la chaîne des Dômes
et les monts d'Or, au milieu d'un paysage verdoyant qui contraste avec
la grisaille de ses toits de lauzes, le village d'Orcival témoigne
d'un riche passé et de l'enracinement profond de la foi religieuse
au pays des volcans. Sa prospérité dépend du pèlerinage
toujours vivant qui fait converger les foules vers la Vierge tout au long
de l'année et surtout le jeudi de l'Ascension, flux alimenté
aussi par le tourisme et la curiosité.
Pour édifier la basilique romane au
creux du "vallon de la Source" (Ourcheval), les maîtres maçons
du 12ème siècle durent fouiller la montagne pour détourner
le cours de la rivière, laquelle coule maintenant sous la place
bordant le chevet, et dresser ensuite vers le ciel l'austère et
majestueux écrin de lave grise qui abrite l'une des plus belles
vierges en majesté, la seule à posséder encore sa
parure d'orfèvrerie.
A sa vocation religieuse, Orcival ajoute une
tradition marchande que perpétuent de grandes foires qui expliquent
la présence d'anciens hôtels solidement bâtis en andésite
grise, à l'image de la basilique dressée comme un berger
au milieu de son troupeau de maisons villageoises. |